mardi 26 juin 2018

Comme des rats morts de Benedek Totth

Bien sûr, je pourrais le dénoncer et le faire exclure, il le mériterait bien. Il a du pot qu'il y ait pas de contrôle antidopage aux compètes juniors. Ils disent que ça coûte trop cher, mais c'est surtout que personne a le temps ni l'envie de s'amuser avec des gosses. On les laisse se gaver de toutes sortes de saloperies, et quand ils seront grands, ils se feront choper par l'AMA.[...] Tant que t'es junior, tu prends ce que tu veux ou ce que tu peux te payer, ou encore ce que ton entraîneur te procure. Personne se demande comment on devient champion national à seize ans. 

Une bande de garçons fréquente le même lycée, le même club de natation et partagent les mêmes filles. Leurs seuls centres d'attractions sont la compétition, le sexe (de manière très ciblée et répétitive), les jeux vidéo et la défonce au sens large. Au tout début du roman, ils percutent un cycliste et le laissent sur le bord de la route. 
J'ai tourné plusieurs fois autour de ce roman noir avant de le prendre. Si le thème des compétitions de natation pleine de testostérone m'attirait irrésistiblement, je n'étais pas certaine d'aimer le style, ni cette génération biberonnée aux films porno et à la drogue.
Greg cogne le volant du poing et se met à gueuler comme un putois, putain d’enculé de merde, où est-ce qu’on est, bordel ?
- Branche le GPS ! Suggère Dany.
Greg l’envoie chier mais il sort le truc de la boîte à gants. La Bouée l’aide à le brancher. C'est réglé sur une voix de pute qui gémit : « Mets la marche arrière et recule de cent mètres. » Il devait quand même y avoir quelque chose dans le shit, parce que ça suffit à me faire bander.
 Il m'a effectivement fallu quelques pages pour m'adapter au style, à cette langue parlée (les négations ne comportent pas de "ne" par exemple), puis je me suis laissée portée par ces grands ados qui, à l'instar de leur meneur de jeu Greg, ne semblent pas connaître la définition de mots "amitié", "solidarité" et j'en passe.  Ados à la dérive, on ne parvient pas à les qualifier de jeunes hommes en devenir tant on ne leur voit aucun avenir, si ce n'est, pour Greg, ce fils à papa qui se prélasse dans l'argent parental. Les parents, d'ailleurs, sont aussi égratignés que les ados, totalement dépassés par leurs progénitures dont ils ne se soucient guère ou qui leur échappe parce qu'ils ont déjà bien du mal à s'occuper d'eux-mêmes. Ce n'est pas un roman que je recommanderais à la majeure partie des lecteurs de mon entourage mais moi, je l'ai beaucoup aimé. Ça sent souvent l'urine (les garçons marquent leur territoire, dans l'eau aussi, donc à éviter peut-être juste avant d'aller à la piscine), les filles ne sont que des objets (de désir, un peu, de satisfaction de pulsions, souvent), c'est noir, glauque, trash mais pas totalement désenchanté ou amoral et ça fonctionne parfaitement. Voilà un auteur que je ne manquerai pas de suivre. Benedek Totth a traduit Bret Easton Ellis en Hongrois, la parenté est évidente. 

Publié en octobre 2017 chez Actes Noirs, que je suis heureuse de retrouver après les avoir délaissés pendant quelques années. 255 p. 

Merci au club des explorateurs du polar de Lecteurs.com
A conseiller à ceux qui aiment parfois nager en eaux troubles. 


19 commentaires:

  1. C'est vrai qu'en lisant ton billet, j'ai vite songé à Bret Easton Ellis... À voir.

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  2. Ce style n'est pas pour moi, je passe sans regrets...

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    1. Je peux comprendre qu'il rebute. Ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains.

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  3. Pas sûre d'être attirée par ce livre surtout à cause de l'extrait... PS : J'espère que 13 reasons why est mieux au niveau des ados...

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    1. IL y a un rapport avec 13 reasons why ? Parce que ça n'a vraiment rien à voir.

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  4. Bonjour Valérie, après les polars polonais et autre, c'est bien de découvrir un polar hongrois. Il m'attend. J'ai réussi à l'acheter d'occasion car 20 euros pour 255 pages, ce n'est pas donnée. Je trouve qu'Actes sud abuse un peur parfois. Pareil pour le dernier Higashino, les doigts rouges: 21,80 même pas 300 pages. Cela fait cher de la page. Bonne après-midi.

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    1. J'ai l'impression que c'est le prix dans d'autres maisons d'édition aussi. Et je trouve leurs livres assez esthétiques.

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  5. Pas tentée par ce polar, comme Kathel je passe sans regrets :0)

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  6. Tu vois, je trouve dommage que ce ne sois pas totalement désenchanté ou amoral. Sans ce bémol (qui n'en est pas un pour toi^^) j'aurais foncé les yeux fermés.

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    1. Ça ne l'est pas totalement mais c'est très noir. J'ai pensé à toi en le lisant.

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  7. Je ne pense pas que ce soit pour moi. Je passe aussi !

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    1. Ce n'est sans doute pas pour toi. C'est vraiment un livre que j'ai du mal à conseiller.

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  8. Je suis à peu près certaine que ce livre ne me plairait pas, c'est dommage parce que comme un rat mort est une expression que j'emploie très souvent ;)

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  9. J'en avais beaucoup entendu parler, je m'y suis plongé, mais j'ai arrêté (peut-être un peu trop vite). Un peu vide pour le fond pour moi...

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  10. Celui-ci m'était tombé des mains : trop d'insultes à la piscine ont eu raison de moi.

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  11. Pas trop pour moi, pourtant c'est mon expression ça, s'ennuyer comme un rat mort :p

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