Annie est intouchable car elle va être mère. Son ventre est un permission de repli supplémentaire, contre laquelle tout reproche se fracasse. La grossesse est une île.
Paul et Odile tiennent un café dans un village de bord de Seine. Ce café sont un peu le coeur du village, là où on trouve la vie, les chants, la musique, là à où viennent les villageois pour passer un bon moment de détente. Paul est toujours disponible pour les autres, Odile le sait quand elle l'épouse, il lui faudra partager Paul; elle l'accepte. Ils ont trois enfants: Annie, celle que Paul choisit pour danser, Mathilde, le garçon manqué qui préfère prendre les gifles que lui donnent son père comme des preuves d'amour puisqu'il peine à lui en donner d'autres et Jacques, le petit dernier. Quand Paul est emmené au sanatorium pour y soigner ses bacilles et sa tuberculose, c'est le début de la dégringolade pour la petite famille prospère: finis les pains au chocolat, finies aussi les réunions entre amis: la famille est ostracisée. N'étant pas employés, Odile et Paul ne bénéficient pas de la sécurité sociale et quand ils entrent tous les deux au sauna, les deux enfants encore mineurs sont placés.
Je l'attendais ce roman, c'était même celui que j'attendais le plus en cette rentrée littéraire tant Kinderzimmer m'avait emportée par sa langue ciselée comme je les aime. Je n'ai pas retrouvé cette langue ici. Un paquebot dans les arbres est bien écrit, c'est évident mais ces phrases que j'avais envie de lire et relire m'ont manqué. Ca reste néanmoins une histoire dont on a envie de connaître le dénouement, surtout parce que Valentine Goby a fait de Mathilde un personnage attachant. Ai-je été émue? Non, mais je n'avais pas été émue par Kinderzimmer non plus, j'avais été étourdie. Et puis, j'ai un vrai bémol qui sera bien sûr personnel, je trouve que le parallèle qui se met en place dans le dernier quart du roman entre la situation de la famille de Mathilde et la guerre d'Algérie, même si je comprends ce que Valentine Goby essaie de nous dire concernant l'attitude paternaliste du gouvernement et des services sociaux, ne fonctionne pas. Par contre, je trouve que ce roman est une jolie façon de nous rappeler la chance que nous avons de pouvoir bénéficier de la sécurité sociale.
Publié en août 2016 chez Actes Sud. C'est un coup de coeur pour tous les blogueurs que je connais: Noukette, A l'ombre du noyer, Jérôme, Les mots de la fin, Clara , Eva.
Publié chez Actes Sud en Août 2016
Publié chez Actes Sud en Août 2016
Merci à Marjorie pour ce cadeau d'anniversaire que je désirais tant.
A conseiller à ceux qui aiment les personnages d'ados qui portent leurs famille à bout de bras.