Marianne Dashwood was born to an extraordinary fate. She was born to discover the falsehood of her own opinions and to counteract, by her conduct, her most favourite maxims.
J'ai mis beaucoup de temps à apprécier les romans de Jane Austen. Pendant très longtemps, je les associais à des romans à l'eau de rose, sans doute à cause des adaptations et des fans qui se pâmaient pour Colin Firth dans le rôle de Darcy. J'ai vu l'adaptation de la BBC avant de lire Orgueil et Préjugés, puis je suis tombée en admiration pour l'incipit, que j'étudie encore très régulièrement avec mes élèves. Je me suis alors mise à la lire et comme vous le voyez, à écouter ses oeuvres.
Il y a bien sûr de nombreux points communs entre Raison et Sentiments et Orgueil et Préjugés (je ne le dirais qu'entre parenthèse et pourtant, pour moi, c'est loin d'en être une, j'aime tellement les titres anglais que leurs traductions françaises me semblent terriblement fades) puisque le thème central de tous les romans de Jane, c'est la place des femmes dans la société à la fin du XIIXe siècle. Elinor, Marianne et Margaret sont trois soeurs qui sont chassées de Norland, la maison de leur enfance, par le frère aîné qui hérite, comme c'était le cas à l'époque. Mère et filles s'éloignent donc, ne pouvant compter sur la générosité du frère. Ce sont de lointaines connaissances qui leur viendront en aide. Marianne est une jeune femme romantique, pleine d'idées toutes faites. Pour elle on ne peut aimer deux fois, ce qui est d'autant plus stupide qu'elle est le fruit d'un second mariage heureux. Quand elle tombe amoureuse de Willoughby, chasseur hors-pair, de gibier mais aussi, comme elle ne le sait pas, de jupons, elle se donne à corps perdu à son amour. Elinor est la voix de la raison, ce qui ne l'empêche de tomber amoureuse d'Edward, héritier potentiel puisque premier fils d'une fratrie.
Si j'aime Orgueil et Préjugés pour l'humour que Jane Austen sait manier, j'aime ce roman-ci pour sa construction et pour son jeu des doubles. Les soeurs qui s'opposent mais font face aux mêmes difficultés, les fratries qui sont traitées par paires. Si Darcy et M.Bennet rendraient les hommes plus sympathiques (même si, en y réfléchissant bien, M. Bennet est un personnage qui se moque de sa femme mais qui est très passif), ce premier roman de Jane Austen ne les épargne pas. Le seul personnage masculin qui trouve grâce à mes yeux par sa flamboyance est Willoughby, le coureur de jupon et de dot, pour qui Elinor ressent malgré tout une certaine affection. Les autres sont plutôt fades. Et j'aime le traitement assez original du droit à une seconde chance, ce qui un sujet assez rare dans la littérature supposée romantique. Jane Austen est pour moi une vraie auteure féministe, comme le sera un peu plus tard de l'autre côté de la Manche, Edith Wharton, c'est à dire une femme qui dénonce l'inégalité sociale entre les sexes. A noter que ce roman fut publié sous le pseudonyme de "A lady".
J'ai complété la lecture papier par la lecture audio, dans une très bonne version anglaise.
Merci à mes enfants qui m'ont offert la version audio.
A conseiller à tous ceux qui aiment lire ou écouter du bel anglais, un brin désuet comme on l'aime parfois.