dimanche 31 janvier 2016

Et si ...

Et si on écoutait un livre audio en lice pour le Prix Audiolib? J'ai commencé par le plus court, Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, lu par Grégory Gastebois. Cette nouvelle est racontée par Charlie Gordon, jeune homme avec un QI de 68, qui se fait remarquer par sa motivation à apprendre à lire. Lorsqu'on lui propose de participer à une expérience visant à tripler son intelligence, il accepte avec grand plaisir. C'est alors que son destin va suivre celui d'Algernon, la souris qui, avant lui, a servi de cobaye à cette expérience.

Penchons nous d'abord sur la performance du lecteur. Grégory Gastebois a joué ce rôle sur scène et c'est sans doute un avantage non négligeable. Il rend Charlie Gordon touchant et humain et module sa voix en fonction de l'intelligence de son personnage. Le propos est intéressant aussi. Au fur et à mesure des progrès de Charlie, on sent que si la bêtise fait rire, l'intelligence fait peur et isole. Et la nouvelle est un prétexte à une réflexion sur les différences de traitement des déficiences, qu'elles soient mentales ou physiques. Puisque c'est une nouvelle, il ne faut pas s'attendre à ce que le propos soit poussé, mais c'est un livre audio agréable à écouter. 

  • Date de parution : 02 Décembre 2015
  • Durée : 1h27
audiolib

jeudi 28 janvier 2016

The Danish girl de Tom Hooper/ Carol de Todd Haynes

Affiche Danish Girl - la critique du nouveau Tom HooperCes deux films me tentaient terriblement avant même leur sortie. Finalement, je leur trouve un bon nombre de points communs qui m'ont donné envie de les réunir dans un même billet. Ils sont tous deux portés par un duos d'acteurs: Eddie Redmayne et Alicia Vikander pour l'un et Cate Blanchett et Rooney Mara pour l'autre. Et dans les deux cas, j'ai préféré l'actrice sur laquelle le titre ne porte pas. Pour moi, ce sont Rooney Mara et à un niveau supérieur, Alicia Vikander  (toutes deux nominées pour l'Oscar du meilleur second rôle alors que leurs partenaires le sont dans la catégorie premier rôle) qui font le charme de ces deux films. Rooney Mara incarne une jeune femme qui tombe amoureuse d'une femme plus âgée, à laquelle je n'ai trouvé aucun attrait parce que Cate Blanchett surjoue la femme bourgeoise des années 50. Alicia Vikander est Gerda Wegener, peintre danois qui vit d'abord dans l'ombre de son mari mais dont le talent éclot au fur et à mesure que son mari découvre son désir incontrôlable de devenir ce qu'il est profondément : une femme. Les deux films visent l'esthétisme et y parviennent mais ils restent un peu froids. L'avantage est qu'aucun des deux ne tombe dans le pathos, ce qui aurait pu être un écueil dans lequel tomber quand on parle de transsexualité. Eddie Redmayne, on le sait maintenant, sait se transformer sans surjouer et il réussit à nous faire comprendre qu'on ne choisit de changer de sexe, on le subit. Mais je regrette le temps où il jouait dans Les piliers de la terre. Je le trouvais touchant, il était pour moi la lumière de cette série. C'est un excellent acteur, comme l'est sans doute Cate Blanchett (je trouve souvent qu'elle surjoue) mais il ne me fait pas plus dresser les poils quand je le vois jouer. Alicia Vikander est parfaite, on vibre avec elle et on admire l'ouverture d'esprit de la femme qu'elle incarne, qui accompagnera son mari dans sa transformation en sachant qu'elle le perd. Lily Elbe fut la première personne à changer de sexe en 1930. 
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J'ai préféré Danish girl à Carol dont j'ai en fait peu compris l'intérêt si ce n'est de rappeler la condition des femmes et notamment des femmes homosexuelles dans les années 50 mais j'aurais tendance à dire, rien de nouveau sous le soleil dans ce film. Vous pouvez y aller pour le joli minois de Rooney Mara.  Danish girl a au moins le mérite d'être servi par une excellente actrice et de nous raconter une histoire vraie et originale. Peut-être aussi que le fait que Carol soit une adaptation d'un roman de Patricia Highsmith m'a laissée sur ma faim, j'ai passé mon temps à attendre un meurtre. 

Danish Girl est sorti le 20 janvier- durée: 2 heures
Carol est sorti le 13 janvier- durée:  01h58

Dasola a aussi été déçue par Carol

A conseiller aux amateurs d'esthétisme.
Merci à celle qui m'a accompagnée et dont je me dois de préciser qu'elle a beaucoup aimé Carol, qu'elle a préféré à Danish Girl

mardi 26 janvier 2016

Passent les heures de Justin Gakuto Go

Je vais vous parler aujourd'hui de mon roman préféré parmi la première sélection reçue pour le Prix Points. Ce roman nous parle d'un amour improbable, celui qui lie Ashley et Imogen qui ne se verront en tout que quelques jours mais resteront l'un pour l'autre l'amour d'une vie. Notre narrateur Tristan Campdell, est américain et lorsqu'il reçoit la lettre d'un cabinet d'avocats londonien lui demandant s'il pourrait se rendre à Londres, il ne réfléchit pas longtemps et fonce. On lui annonce qu'il est peut-être l'héritier d'un homme mort il y a des années qui a laissé sa colossale fortune à une femme ou à défaut à son héritier; il se lance à corps perdu dans la quête de ses origines. Car c'est bien de cela dont il est question, de la quête de son identité et non d'argent. 

Ce roman nous entraîne de Los Angeles à Paris en passant par Berlin et  la Picardie. C'est à la fois un roman d'amour mais aussi et surtout un roman sur la première guerre mondiale et sur les premières expéditions pour atteindre des sommets encore vierges et sur ces deux sujets, il me parait être bien documenté. Le point fort de ce roman est pour moi le personnage féminin qui ne plie pas sous la pression de la société. Et j'ai aimé les questionnements autour de la notion de la responsabilité : doit-on risquer sa vie et donc mettre sa famille en péril pour ne pas laisser tomber les soldats qui sont sous nos ordres? Je ne dirais pas que ce roman est parfait, la fin m'a déçue parce qu'une rencontre essentielle est cachée aux lecteurs. Néanmoins, je vous en conseille la lecture. 



Pour Kathel, c'est une presque réussite.

A conseiller aux amateurs de fresques historiques. 
Merci aux éditions Points. 
Editeur : Les Escales (2014) et Points (2015)- Traduction : Isabelle Chapman

Prix du meilleur roman des lecteurs de Points

dimanche 24 janvier 2016

Et si...

Et si on se penchait sur l'excellente BO de la deuxième saison de The leftovers. Croyez-moi, il n'y a pas grand chose à jeter. J'ai un coup de coeur  pour l'adaptation improbable de You're the one that I want par Lo-Fang.


 
                                                                             

dimanche 17 janvier 2016

Et si on parlait de Charlie Chaplin?

Je ne suis pas une fan de Charlie Chaplin. Enfant, ses films en noir et blanc censés faire rire ne m'arrachaient pas un rictus. Je trouvais Charlot loin d'être toujours sympathique. Et puis les gags des films muets me faisaient rarement rire. Charlot ne me fait toujours pas rire, Charlie Chaplin non plus. Mais j'ai appris à apprécier son talent, celui d'un observateur de son époque. J'aime Charlot quand il m'émeut, j'aime Charlie Chaplin parce qu'il critique la société avec une certaine tendresse. Quand j'ai découvert que Peter Ackroyd dont j'ai adoré la biographie sur Shakespeare se penchait sur la vie et l'oeuvre de l'artiste, je n'ai pas pu résister. 

Avant de parler du sujet, parlons de l'auteur. Lire une biographie écrite par Peter Ackroyd, c'est être assuré de ne pas entrer dans le trash ou les infos people. C'est au contraire lire une analyse fouillée du travail de Chaplin, tout en suivant le parcours personnel de Chaplin qui fut d'ailleurs souvent lié aux actrices qu'il fit tourner. Cette biographie ne m'a pas déçue, j'ai peu appris sur les amours de Chaplin (Beigbeider m'avait un peu ouvert la voie à ce sujet) mais j'ai beaucoup appris sur son enfance (et honte à moi, je le croyais américain !) et surtout sur l'évolution de ses films. Je ne vous raconterai rien tant j'ai envie que vous lisiez ce livre. Vous en sortirez en saluant le talent de l'artiste à défaut de saluer le caractère de l'homme. Mais peu importe que Chaplin n'ait pas été un homme parfait, on sait bien que les génies sont des gens qui ont souffert, qui le paient et le font payer aux autres.
Sortie: le 4 février 2016 chez Philippe Rey. Traduit par Bernard Turle. 

Merci à l'agence Anne et Arnaud et aux éditions Philippe Rey.
A conseiller à ceux qui veulent s'instruire sur une époque et à ceux qui s'intéressent à l'histoire du cinéma. 

jeudi 14 janvier 2016

The leftovers

Le résumé de cette série rappellera quelque chose aux fans des 4400. 2% de la population mondiale a disparu en même temps. Ils étaient là et hop, d'un seul coup, les voilà volatilisés. Mais là où les 4400 se centrait sur le retour de ces disparus, The leftovers se centre sur ceux qui restent. Il y a ceux qui tentent de suivre le cours de leur existence tant bien que mal sans les absents, ceux qui ont eu besoin d'un gourou pour faire face et il y a "The Guilty  Remnants", littéralement Les coupables qui restent qui eux ont décidé de vivre en communauté et ne perdre aucune occasion de rappeler aux vivants qu'ils ont perdu certains des leurs. Il semble bien que leur but final soit de mourir et pour que ce moment arrive plus vite, ils fument cigarette sur cigarette.

Afficher l'image d'origineCette série, basée sur le roman de Tom Perrotta intitulé Les disparus de Mapleton, gagne en profondeur tout au long des épisodes. On commence par s'attacher à de nombreux personnages, on finit par se demander quelle nouvelle avancée le prochain épisode apportera. C'est un série violente, il faut tout de même le préciser mais il ne faut pas s'arrêter à ça. Et puis, j'ai beau ne pas être fumeuse, j'avoue que de voir des personnages qui passent leur temps à fumer dans une série américaine, cela prête à sourire tellement ça semble un pied de nez à la bienséance. Il y a aussi tous ces sentiments que ressentent ceux qui ont été "abandonnés" :  remord, douleur, envie d'avancer tout de même, sans oublier. Ca devient de plus en plus fort et c'est extrêmement addictif. Je ne connaissais pas Justin Théroux et je suis ravie que cet oubli soit réparé. 

Deux saisons de cette série ont été tournées et diffusées aux Etats-Unis. Ne vous laissez pas rebuter par l'enthousiasme de Télérama. Pour une fois, vous risquez d'être d'accord avec eux. Et cerise sur le gâteau, je suis absolument sous le charme du thème musical joué au piano. 

Merci à ce top des séries qui a eu la bonne idée de le citer dans les meilleures séries de l'année. 
A conseiller à tous ceux qui n'ont pas peur de la violence. 






mardi 12 janvier 2016

Les Innocents de Robert Pobi

Alexandra Hemingway vient d'une famille riche et pourtant, elle a décidé de s'engager dans la police, mettant d'ailleurs de la distance entre sa famille et elle. Elle découvre qu'elle est enceinte au tout début du roman, juste avant de devoir résoudre une série de meurtres d'enfants. 

Voilà un polar drôlement bien ficelé, parsemé de rebondissements qui tiennent la route et mettant en scène une enquêtrice à laquelle on a bien envie de s'attacher si l'auteur avait la bonne idée de la remettre en scène. J'ajouterai à cela que Robert Pobi a le sens de la formule, ce que le traducteur, Arnaud Baignot,  a bien su rendre. Et s'il nous surprend souvent, c'est toujours en ayant pris soin de poser des jalons. Aucun rebondissement venu de nulle part dans ce polar, tout se tient parfaitement. Avec des thèmes parfois éculés par le genre, comme les abus génétiques ou les dangers d'internet (mais pour une fois, pas à cause de Facebook), Robert Pobi réussit à faire du neuf et à maintenir l'attention du lecteur de bout en bout. Je n'ai pas réussi à le lâcher.  C'est un vrai "page turner" et n'y voyez rien de péjoratif. Je précise que je n'avais pas été enthousiasmée par son premier polar. 

Léa Touch Book a adoré. La fée lit n'a aucun bémol.
Publié en septembre 2015 chez Sonatine. 

Merci à la belle blonde qui m'a conseillé puis prêté ce roman. 
A déconseiller à ceux qui n'aiment pas ce qui est un peu trash. 

dimanche 10 janvier 2016

Et si?

Et si on découvrait les quatre premiers romans sélectionnés par les éditions Points pour le prix 2016?



J'ai lu Retour à Little Wings lors de sa sortie. Il me reste à découvrir les trois autres, comme le feront les autres membres du jury au sein duquel se cachent des blogueuses que j'ai rencontrées au salon du livre de Paris cette année.

jeudi 7 janvier 2016

Il est comment le dernier Spielberg?

A la moitié du film, j'aurais répondu "bien" à cette question mais ce "bien" s'est transformé en "très bien" pendant la seconde moitié du film. 

En pleine guerre froide, l'avocat Jason Donovan doit défendre Abel Rudolph soupçonné d'espionnage. Il ne le fait pas de bon coeur mais personne ne souhaite le faire et il faut bien que les Etats-Unis démontrent que même les traîtres ont le droit d'être défendus par les meilleurs avocats, même si Jason n'a pas plaidé au pénal depuis longtemps, étant désormais spécialisé dans les assurances. Pour sauver la tête de son client, Jason Donovan va avoir une idée de génie. Et des idées de génie, il en aura aussi dans la deuxième partie qui se déroule à Berlin et qui concerne les tractations  pour échanger  prisonnier américain contre prisonniers communistes.

Bridge of Spies poster.jpgJ'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver Tom Hanks qui restera pour moi Forrest Gump. Je sais qu'il agace aussi beaucoup, ce n'est pas l'effet qu' il me fait. C'est un Spielberg très classique, peut-être un peu trop dans la première partie qui ne recèle pas de surprises, si ce n'est le jeu de Mark Rylance qui joue Abel Rudolf. La seconde moitié qui se passe à Berlin (mais qui fut tournée en Pologne) m'a scotchée sur mon fauteuil, tant parce que j'ai appris des faits historiques que je ne connaissais que parce que l'intrigue devient palpitante. L'histoire vraie de cet avocat qui n'avait rien demandé à personne mais qui devînt un si bon négociateur qu'il permit la libération de plus de 9000 américains m'a tellement emballée que j'ai bien l'intention de creuser ça pour mes cours. 

Sortie: le 2 décembre 2015- 2h10

Merci à ma fille qui, en me rappelant que je n'avais pas le sens de l'humour nécessaire pour aimer Babysitting 2, m'a décidée à choisir une autre séance que la sienne.
A conseiller à ceux qui pensent que ni Tom Hanks, ni Steven Spielberg ne sont ringards. 


mardi 5 janvier 2016

Papillon de nuit de R.J Ellory

Daniel Ford a six ans quand il rencontre Nathan Verney. L'un est blanc, l'autre noir mais pendant longtemps, ça n'a fait finalement pas tant de différence que ça pour eux. Ils deviennent les meilleurs amis du monde. Qu'est-ce qui a bien pu mener Daniel Ford dans le couloir de la mort, condamné pour le meurtre de Nathan? C'est grâce aux conversations qui se déroulent dans ce couloir de la mort entre le prêtre et Daniel que l'apprendrons.  

Papillon de nuit - R.J. ElloryLes éditions Sonatine ont sorti cet été le premier roman de R.J Ellory qui était encore inédit en France. La grande force de ce roman réside dans son évocation des années 60. Moi qui travaille à la fois sur le Vietnam, plus précisément sur la question : "Le héros était-il celui qui partait pour la guerre ou celui qui fuyait?" et sur les droits civiques, j'ai trouvé dans ce roman une mine pour mes cours. Nul doute que j'étudierai certaines pages de ce roman en cours. Car si Daniel et Nathan vont s'engager dans le mouvement des droits civiques, ils vont aussi devoir se poser cette question du devoir quand Nathan reçoit son ordre de mission. Les personnages de Nathan, Daniel et du confesseur sont particulièrement réussis, je n'en dirais peut-être pas tout à fait autant du personnage féminin central mais c'est sans doute plus une question de ressenti qu'un réel reproche. C'est donc un roman que je vous recommande même si en ce qui concerne l'intrigue, tout est presque prévisible. 

Publié chez Sonatine en juin 2015- 512 pages (mon édition anglaise n'en comporte que 375, je ne sais pas d'où vient la différence).


Merci à celui ou celle qui avait déposé ce roman dans la bibliothèque de troc en Bulgarie.
A conseiller à ceux qui aiment l'Amérique des années 60. 


Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...