On ne connaît pas les autres. Ils sont une énigme. On ne les connaît pas, surtout ceux avec qui nous sommes les plus intimes, parce que l'habitude nous trouble et l'espoir nous aveugle sur la vérité.
Fidelma est mariée à un homme bien plus vieux qu'elle, qui l'a sortie de la pauvreté dans laquelle elle était née en tombant amoureux d'elle et en l'épousant. Quand un guérisseur nommé Vladimir Dragan, originaire du Monténégro, s'installe dans son hameau irlandais, elle tombe immédiatement sous son charme. Débute alors une liaison qui finira en tragédie puisque Vlad est vite arrêté pour les monstruosités commises à Sarajevo (je ne dévoile pas la fin en l'écrivant, le lecteur l'apprend très vite). Ce sont les conséquences de cet amour qu'Edna O'Brien dissèque.
Fidelma est mariée à un homme bien plus vieux qu'elle, qui l'a sortie de la pauvreté dans laquelle elle était née en tombant amoureux d'elle et en l'épousant. Quand un guérisseur nommé Vladimir Dragan, originaire du Monténégro, s'installe dans son hameau irlandais, elle tombe immédiatement sous son charme. Débute alors une liaison qui finira en tragédie puisque Vlad est vite arrêté pour les monstruosités commises à Sarajevo (je ne dévoile pas la fin en l'écrivant, le lecteur l'apprend très vite). Ce sont les conséquences de cet amour qu'Edna O'Brien dissèque.
Ouvrir un livre d'Edna O'Brien, c'est retrouver un univers dans lequel il faut accepter d'entrer par immersions successives. Celle qui m'a prêté ce roman, avec qui j'en ai ensuite longuement discuté, utilise un adjectif que je lui emprunte de plus en plus souvent: "clivant". On peut dire qu'Edna O'Brien est une auteure clivante, comme l'ont prouvé les avis divergents du jury du Prix des lectrices de Elle qui m'avait permis de la découvrir. Elle procède par circonvolutions pour construire son récit, tournant autour du point où elle souhaite nous mener, nous perdant parfois en route. Mais j'aime me perdre entre ses lignes. Lors de notre debriefing, nous avons remarqué que chacune de nous avait oublié des passages du livre, tant il est difficile de se concentrer sur tout. Et peu importe. Ce roman traite du sentiment de culpabilité lié au fait d'aimer un monstre, d'avoir manqué de lucidité dans le choix amoureux et sur la difficulté de s'en remettre. Certaines scènes sont très fortes, comme si elles étaient les points vers lesquels tous ces détours devaient nous mener. Et puis, lire Edna O'Brien, c'est n'avoir aucun doute quant au fait que nous lisons bien un objet littéraire. A 85 ans, l'auteure n'a rien perdu de son talent.
Merci à Celle qui m'a prêté ce roman (je sens que ce billet marque le début d'une belle histoire d'échanges littéraires) et qui m'a donné envie de ressortir ma machine à coudre qui n'avait pas encore servi en 2017. Merci aussi pour les échanges qui ont suivi la lecture et pour m'avoir signalé que ce roman s'inspirait de Radovan Karadzic, le "monstre" de Sarajevo.
A déconseiller aux femmes enceintes, à cause de la scène qui est pour moi la plus marquante du roman.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, éd. Sabine Wespieser, 376 p. Publié en septembre 2016.
Merci à Celle qui m'a prêté ce roman (je sens que ce billet marque le début d'une belle histoire d'échanges littéraires) et qui m'a donné envie de ressortir ma machine à coudre qui n'avait pas encore servi en 2017. Merci aussi pour les échanges qui ont suivi la lecture et pour m'avoir signalé que ce roman s'inspirait de Radovan Karadzic, le "monstre" de Sarajevo.
A déconseiller aux femmes enceintes, à cause de la scène qui est pour moi la plus marquante du roman.