mardi 30 août 2016

Ce qu'il nous faut c'est un mort d'Hervé Commère

Au fond de lui, William vit à nouveau sa couleur comme un défi quotidien. Au fond d'elle, parfois jusqu'en surface, Françoise la vit comme une croix qu'on l'oblige à porter. 

12 juillet 1998, la France est en liesse, la France est championne du monde (non, ce ne sont pas seulement les sportifs qui deviennent champions dans ces cas-là, mais une nation entière même ceux qui n'ont pas sué une goutte depuis trop longtemps- seuls quelques grincheux font la fine bouche). Cette nuit-là va pourtant marquer la fin de l'innocence pour cinq personnages de ce roman: Marie qui se fait violer par un garçon qui semblait pourtant charmant et lui avait tapé dans l'oeil, Vincent, Patrick et Maxime qui à la suite d'une soirée arrosée, vont percuter une jeune fille. 

Ce livre est un polar sans aucun doute, puisqu'il y va y avoir un meurtre, un enquêteur et des suspects. Pourtant, on en arrive presque à l'oublier pendant la moitié de la lecture parce qu'il est aussi et peut-être surtout l'histoire d'un village normand (qui pourrait être de toutes autres région sans que cela ne change grand chose à la crédibilité) dont la prospérité va aller grandissant après le développement d'une entreprise de sous-vêtements (l'auteur précise que son inspiration vient des usines Lejaby). Après l'âge d'or que vivent les ouvrières sous la direction d'un patron qui profite de ses gains pour mettre à leur disposition des logements gratuits vient forcément un moment où les héritiers n'adhèrent plus aux valeurs de celui qui fut à l'origine de leur fortune. En faisant fortune, Gaston Lecourt change à jamais la vie des habitants mais aussi celle de ses descendants qui ne seront pas éduqués dans le même contexte et les mêmes valeurs qu'il ne le fut. J'ai trouvé cette partie, qui est très développée, passionnante. J'ai même, pendant les 3/4 du roman pensé que c'était un très bon roman. Malheureusement pour moi, le dernier quart a gâché mon impression pour des raisons que je peux difficilement développer parce qu'elles ont trait à l'une des "victimes". J'ai beau être normande, j'ai beaucoup apprécié sa comparaison de ce village à Marseille, cette démonstration qu'il est bien plus facile de s'intégrer dans une ville métissée que dans un petit village. Ce thème de l'intégration est à mon avis très bien traité, et notamment quand William se rend compte que lorsque d'autres personnes se souviennent de lui enfant dans ce village, il se sent appartenir au village. En fait, j'ai beaucoup aimé tout ce qui a trait à la chronique du village mais pas l'intrigue policière qui est pourtant bien ficelée, rien à redire là dessus mais pour moi, les personnages sont trop lisses (alors même que l'auteur me pointerait sans doute du doigt leurs aspérités, leurs faiblesses, mais ça ne leur donne pas, à mes yeux, de relief, si j'excepte William qui est le seul à avoir pris vie sous mes yeux). Il n'en reste pas moins que je suis sûre que ce polar plaira beaucoup et que mon manque d'enthousiasme pour la fin ne gâche pas totalement la qualité de la chronique villageoise et de l'écriture d'Hervé Commère dont j'avais lu Des ronds dans l'eau. A mon avis, ce livre-ci est plus abouti. Et malgré mon bémol, j'ai dévoré ses 500 pages en deux jours. 
C'est un très bon roman pour Hélène

Publié en mars 2016 chez Fleuve Noir. 

Merci au jury de septembre du Prix des lectrices de Elle. Cela reste pour moi un bon choix d'avoir sélectionné ce roman. 
A conseiller à ceux qui aiment les polars qui ne se concentrent pas seulement sur l'intrigue policière. 


dimanche 28 août 2016

Abraham et fils de Martin Winckler (POL)

Abraham et son fils Franz emménagent dans une petite bourgade après avoir vécu au Maroc. Il n'y a plus de mère dans cette famille. Un jour, Franz s'est réveillé, il a découvert un homme rassurant devant lui, c'était son père Abraham. Mais de ce qui précède son séjour à l'hôpital, il ne se rappelle rien. Il sait bien que comme tout le monde, il doit avoir une mère mais il sent la peine de son père et n'ose lui poser des questions. Sa nouvelle vie lui convient; son père s'investit beaucoup dans son travail de médecin mais il reste néanmoins présent pour son fils et les deux hommes se créent une extension de famille grâce à celle chargée de s'occuper de Franz, veuve qui doit aussi s'occuper de sa propre fille. 

J'ai passé un très agréable moment en compagnie d'Abraham et de son fils. Je n'ai vraiment pas vu les plus de 570 pages passer.  Mais une fois refermé, je me suis rendu compte qu'il ne m'en restait pas grand chose. Contrairement au Choeur des femmes, ce roman n'interroge pas, ne porte pas vraiment un regard sur le monde mais il raconte des histoires autour de l'Histoire, notamment ce qui s'est passé en Algérie et le génocide contre les juifs, nous rappelant qu'Anne Frank ne fut pas la seule à se cacher, et qu'en France aussi, des familles ont dû faire oublier qu'ils vivaient tout près. Martin Winckler sait parfaitement raconter des histoires, et il nous le prouve. Il n'est pas seulement un défenseur des causes féminines (ce dont je lui sait gré, malgré tout). En imbriquant une seconde intrigue dans la première, il permet à son récit de ne pas s'essouffler. La difficulté sera donc pour moi de le noter puisque j'ai peur à la fois de tomber ensuite sur un roman qui me plait encore davantage et de le surnoter par rapport à celui-là mais aussi au contraire, de finir par trouver que celui-ci est mon préféré et que j'aurais dû lui mettre plus. C'est toujours le problème quand on tombe trop vite sur un roman qu'on aime. Il est très rare que je prête un roman à ma mère parce que nos goûts sont très différents mais je pense que ce roman, parce qu'il est, il faut tout de même l'avouer, plein bons sentiments lui plaira. A moi aussi, pour une fois, ça m'a fait du bien. Et le personnage du fils m'a beaucoup plu. 
Eva est plus mitigée. 

Publié en février 2016.

Merci au jury de septembre du prix Elle qui, vous le verrez, a eu bon goût sur toute la ligne.
A conseiller à ceux qui ont envie d'un peu de douceur dans un monde de brutes. 




jeudi 25 août 2016

The Girls d'Emma Cline

La mort accordait une importance exagérée aux choses les plus insignifiantes, sa lumière trouble transformait tout en indices. 

Evie Boyd, quatorze ans, s'ennuie ferme pendant ses vacances. Sa relation amicale avec une autre jeune ado ne la satisfait plus et elle a envie qu'un événement vienne enfin bouleverser sa vie. C'est alors qu'elle croise une jeune fille qui attire son regard, Suzanne. Evie comprend très vite que Suzanne, qui est plus âgée qu'elle, vit en marge de la société, dans un groupe qui ressemble à un groupe hippy. Nous sommes à la fin des années 60, ils ne sont pas les seuls. La différence ici, c'est sans doute la fascination que semblent éprouver toutes ces filles pour l'homme qui les tient sous sa coupe, Russell. Ce n'est pas sous la coupe de Russell que tombe Evie mais sous celle de Suzanne. Plus le temps passe, plus elle sent qu'elle se brûle les ailes mais elle vit enfin.

On a beaucoup parlé de ce roman avant sa sortie parce qu'Emma Cline, qui signe ici son premier roman, a touché un à-valoir très important chez son éditeur américain et les droits de ce roman ont déjà été achetés par un producteur. L'éditrice des éditions Quai Voltaire avoue que sa première offre ayant été jugée insuffisante, elle a dû enchérir pour obtenir Emma Cline chez elle. Mais me direz-vous, ce roman vaut-il tout cet argent? Ce n'est certainement pas à moi de le dire mais c'est un premier roman réussi, à n'en pas douter, dont l'intérêt est de rendre clairement compte du processus qui mène une jeune fille ordinaire à passer dans le camp d'assassins (je ne dévoile pas grand chose, à moins que vous ne connaissiez pas l'histoire de Charles Manson et de Sharon Tate, ce dont je doute tout de même). Ce n'est pas l'acte final qui importe ici, c'est tout ce qui précède et on comprend très bien comment tout ce petit monde en arrive là. Le roman est tout de même assez différent de ce que je connais de l'histoire des meurtres de Charles Manson, qui fut condamné pour des meurtres qu'il avait commandités mais pas perpétués, car Emma Cline a le bon goût d'éviter toute référence au satanisme. 

Sortie le 25 août au Quai Voltaire. Traduit par l'excellent Jean Esch. 330 p. 

Merci à l'agence Anne et Arnaud.
A conseiller à tous ceux qui aiment les romans d'apprentissage pas gnangnans du tout. 

mardi 23 août 2016

Quelques jours à Stockholm

Partir en Suède en plein mois d'août peut paraître une idée encore plus saugrenue que de parcourir 90 kilomètres à pied en Bretagne mais cette idée-ci ne fut pas la mienne, même si j'y ai tout de suite adhéré. Voici quelques photos de ce très beau voyage. Je n'ai pas osé prendre les gens en photos mais je décerne à ses habitants la palme du chic, et si les femmes semblent parfois un peu être des clones les unes des autres (même longue chevelure blonde et lisse), on peut noter que les hommes ont souvent de la classe. Côté température, il faisait plus de 20° pendant trois jours, puis nous sommes tombés à 15° avec beaucoup de vent le jour de notre départ).
l'île de Vaxholm, à une heure de route en ferry (tarif aller: 7,50 €)

l'île de Vaxholm
A proximité de la vieille ville

le musée Vasa sur l'île de Djurgarden : détail du détail du Vasa qui coula dès sa sortie du port en 1628. Il fut sorti des eaux en 1961.


Le musée Skansen qui présente des maisons authentiques de plusieurs coins de Suède datant de différentes époques. 


Vu dans une vitrine dans le quartier branché de l'île de Södermalm. 

Toujours le quartier  de Södermalm

Dans ce parc de  Södermalm, les femmes font bronzette en maillot de bain. Etonnant dans une capitale (d'autres le font dans leur cour) 




Södermalm, toujours (c'est bon, vous avez compris que ce fut mon île coup de coeur?)

Cette visite m'a donné très envie de continuer à découvrir les pays nordiques. Copenhague pourrait donc être une prochaine destination. Un petit conseil restaurant non pas suédois mais indien (je n'aime aucune autre cuisine autant que les spécialités indiennes): le restaurant Tre Indier sur Södermalm, vraiment copieux et très bon. A noter que tout le monde parle un très bel anglais et que côté shopping, Södermalm réserve de belles surprises. 

Tiphanie  nous en parlait ici et

Merci à celle qui a eu l'idée de ce voyage (oserais-je dire qu'Abba ne devait pas y être pour rien?)
A conseiller à tous ceux qui aiment que les jours dans une même ville ne se ressemblent pas. 



dimanche 21 août 2016

L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante

Le roman s'ouvre par l'appel d'un jeune homme à Elena. Elle est âgée et amie de la grand-mère de cet homme. Lui ne sait pas où trouver sa grand-mère qui semble avoir disparu et pense qu'Elena sait où elle se cache. Elena lui dit qu'elle n'en sait rien, et le maltraite un peu, lui conseillant de grandir enfin. Cet entretien téléphonique ouvre la vanne des souvenirs. Le lecteur se retrouve dans le Naples des années cinquante où vivent Elena et Lila qui vont faire connaissance et devenir à la fois amies et rivales sur les bancs de l'école. Alors que Lila est visiblement la plus douée des deux, mais de manière non conventionnelle, c'est elle qui arrête l'école la première, ses parents n'accordant aucun intérêt aux études. Notre narratrice, elle, quittera les bancs de l'école le plus tard possible. 

Ce roman, le premier d'une trilogie tétralogie (merci Eva) , est une saga qui se déroule sur plusieurs années. Si vous aimez les sagas, il a de fortes chances de vous plaire. On y croise de multiples personnages, les petits copains, les garçons dont on rêve, l'adulte qu'on aurait préféré ne pas croiser, celle qui a cru en vous. Et je suppose qu'on finit par s'attacher aux deux jeunes filles. Il me semble que pour aimer ce genre de romans, il faut un minimum d'empathie avec la narratrice; or je n'en ai pas eu. J'ai fini ce roman en n'ayant pas envie d'ouvrir le tome suivant. 

C'est un coup de coeur pour Eva et pour Laure

Publié chez Folio en janvier 2016. L'identité de l'auteure reste à ce jour très mystérieuse. 

Merci à Florence qui m'a prêté ce roman (que je n'arrivais pas à avoir envie de lire tout en me disant que je ratais sans doute quelque chose , comme quoi, il faut suivre son instinct). 
A conseiller aux amateurs de sagas et peut-être aux amoureux de Naples. 

jeudi 18 août 2016

le GR34 de Saint Brieuc à la pointe de l'Arcouest

Une idée nous était venue à la fin de l'été dernier, celle de parcourir une partie du GR 34, en plusieurs étapes. Pas facile de trouver des étapes correspondant à une distance que nous nous sentions capables de faire en quatre jours, c'est pourquoi je vous propose notre parcours qui donnera peut-être des idées à ceux qui ont envie de découvrir une partie de la côte bretonne à pied. L'ensemble fait environ 90 kilomètres et il a parfois fallu s'éloigner un peu du GR pour atteindre notre logement réservé à l'avance. 

Jour 1 : Saint Brieuc- Binic
Nous sommes arrivées la veille et avons dormi dans une grande maison bretonne, la maison de Bénédicte, tenue par une dame charmante qui a accepté que nous laissions la voiture chez elle le temps de notre randonnée. Nous avons parcouru les vingt-cinq premiers kilomètres avec un grand plaisir, profitant de la vue, sans râler au détour des côtes qui nous ont permis de bien faire travailler nos fessiers dès le début (mais on les avait conditionnés avant). Par mégarde, nous avions choisi un hôtel excentré de Binic et pour cette raison, nous vous déconseillons de faire le même choix. Pensez à bien vérifier où se trouvent exactement vos points de chute, trois kilomètres en fin de journée peuvent durer une éternité. Le midi, un arrêt à la crêperie Mamm Gozh à Plérin ne devrait pas vous décevoir: le cidre et les galettes sont excellents et l'accueil vraiment sympa. 

Jour 2: Binic- Plouha
Le départ de Binic est un très beau moment. C'est sans doute l'étape qui monte et donc redescend le plus, mais marcher le long des falaises de Plouha est un pur bonheur. C'est mon étape préférée même si c'est aussi celle où j'ai commencé à souffrir d'ampoules aux pieds (la solution serait-elle de prendre des chaussures plus grandes que ma pointure? Je suis prête à avoir l'avis de randonneurs sur la question). C'est le seul jour où nous nous sommes un peu perdues sur le GR 34 mais nous avons finalement retrouvé la côte qui n'est jamais bien loin du GR. Je précise que nous n'avons ni profité de la plage nudiste et libertine, ni vu quoique ce soit de louche en la longeant du haut de la falaise (donc si vous y allez juste pour l'inscription sur le panneau, attention à la déception). Nous avons vu de magnifiques plages presque désertes (et se tremper les pieds dans l'eau fraîche est bien utile pour les faire dégonfler). Le midi, le repas fut pris aux Cochons flingeurs, à Saint Quay Portrieux, un lieu très coloré qui possède un vrai charme et pour couronner cette journée, nous avions réservé une chambre d'hôte appartenant aux gîtes de Keregal, spacieuse et très belle, tenue par une bretonne d'adoption charmante qui apporte le copieux et délicieux petit-déjeuner dans un panier; la chambre est idéalement située pour les randonneurs. Soyons clairs, la découverte des chambres d'hôtes et des hôtels choisis a fait partie intégrante du plaisir de cette rando. 
la sortie de Binic
parfois les indications officielles ne disent pas l'essentiel
                                                     

Les plages bretonnes semblent plus désertes que libertines. 


                                                            
                les gîtes de Keregal, notre coup de coeur


Jour 3: Plouha- Paimpol
Rien de spécial à signaler si ce n'est que les décors sont toujours magnifiques mais que mes pieds me font souffrir. Nous mangeons à Plouezec dans un resto ouvert toute la journée; c'est son point fort. Le reste ne mérite pas que je le nomme. Nous dormons dans la chambre d'hôte la moins chère de ce parcours, chez l'habitant mais les personnes qui nous reçoivent à la Villa des Hortensias sont à la fois chaleureux et discrets et la chambre est toute mignonne. Attention, si la chambre d'hôte se situe à Paimpol sur le papier, elle en est en fait éloignée mais accessible en faisant un détour qui ne nous a pas paru difficile et nous a permis de découvrir les terres bretonnes. 

Jour 4: Paimpol- La pointe de l'Ascouet
Le matin, nous marchons dans les terres, découvrons un château. Puis nous reprenons le GR 34 qui longe la mer. Nous mangeons à Paimpol, petite ville séduisante. Vous n'aurez que l'embarras du choix pour trouver un restaurant. 

Cette dernière journée n'est pas la plus longue et l'arrivée à notre hôtel où nous avons décidé de nous faire plaisir pour nous récompenser de nos efforts vaut bien tous les kilomètres parcourus (que nous ne regretterons jamais, ni pendant l'effort, ni après). Nous voici aux Terrasses de Bréhat, face à l'île de Bréhat, dans un décor magnifique. Le petit-déjeuner face à la mer fut un régal, autant pour les yeux que pour les papilles. Le cinquième jour, nous avons pris le Tibus pour rejoindre Saint-Brieuc. 
                                                                             
                                                                      

Cette randonnée itinérante fut une première pour moi qui n'avait jamais marché plus de trois ou quatre heures et jamais parcouru autant de kilomètres en quelques jours. Heureusement, j'ai bénéficié de l'expérience de ma compagne de randonnée qui avait elle longé les côtes du Nord de la France et le temps, souvent couvert mais pas pluvieux était parfait. Pour partir dans de bonnes conditions, il faut bien sûr des cartes IGN, un sac avec le minimum vital (dont des pansements, une épingle pour crever les ampoules et une pince à épiler  à cause des tiques; nous n'avions pas pensé à ça mais nous avons trouvé de l'aide là où nous logions) et bien sûr, de l'eau. Il faut aussi penser à prendre une deuxième paire de chaussures car à l'arrivée, on ne pense qu'à quitter les baskets. D'autre part, il faut bien se préparer physiquement (marche ou course mais aussi des exercices de renforcement musculaire mettant à contribution les fessiers et les cuisses et sur ce plan là, nous étions sans doute très bien préparées car si la fatigue s'est parfois fait sentir en fin de parcours, si mes pieds ont beaucoup souffert, nous n'avons jamais eu mal aux jambes). Et puis, et c'est peut-être la partie de la plus agréable de la préparation, il faut parcourir les étapes sur la carte, pour s'assurer des distances et si comme nous, vous aimez souffrir mais être récompensés par un bon repas ou une bonne nuit, prévoir les arrêts pour ne pas vous retrouver au milieu de nulle part en fin de parcours ou le midi. 
Nous n'avons qu'une envie, reprendre ce GR 34. 

Merci à ma compagne de randonnée pour les kilomètres parcourus, les bavardages qui font défiler les kilomètres tellement plus vite et les indispensables massages de pieds le soir. 
A conseiller à tous ceux qui pensent encore que les bretons en font trop quand ils nous déclament leur amour pour leur pays. Quelle région magnifique! 





mardi 16 août 2016

Un peu plus sur la droite de Fred Vargas (Audiolib)

Je n'ai lu aucun Fred Vargas mais j'en ai écouté un certain nombre. Et mes préférés sont ceux qui mettent en scène la fine équipe des Evangélistes rencontrés dans Debout les Morts. Même si j'aime bien Adamsberg, son autre personnage récurrent, ce sont eux que je préfère retrouver. Dommage donc pour moi que Fred Vargas les aient abandonnés à la fin des années 1990. Dans ce roman-ci, Kehlweiler trouve un fragment d'os humain près d'un arbre. Cette découverte l'obsède et le voilà parti en Bretagne, dans un petit village nommé Port-Nicolas, avec son assistant spécialiste de l'époque médiévale, Marc Vandoosler. 

J'aime écouter ce qu'écrit Fred Vargas parce que ses personnages ont une répartie qui va très bien avec le format audio. Je souris régulièrement en présence de l'équipe des Evangélistes, soit grâce à leurs dialogues (et elle est douée, Vargas, pour construire des dialogues dont on n'a justement pas l'impression qu'ils sont construits), soit grâce aux commentaires du narrateur sur les situations ou les personnages. On n'explique pas une intrigue de Vargas, parce que l'intrigue n'est pas l'essentiel. Mais on s'attache aux personnages (et je peux vous dire qu'on finit par désespérer quand on se rend compte qu'on ne les verra plus apparaître tous ensemble dans un roman). Ce roman est le deuxième que je préfère de Vargas, juste après Debout les morts. Si vous ne l'avez pas lu ou écouté (je l'avais découvert dans une édition audio concurrente mais qui ne sera bientôt plus disponible), il vient de sortir chez Audiolib, lu par Philippe Allard.  Un gros vent de nostalgie me souffle au visage (il faut dire que j'ai découvert Fred Vargas avec la voix de Paul Barge qui joua dans l'une de mes séries TV préférées d'ado, L'esprit de famille. Et comme bien sûr, je m'identifiais à Pauline, cette voix m'est restée chère).



Publié en juin 2016 chez Audiolib Durée: 07h32. 

Merci à Audrey.
A conseiller à tous ceux qui aiment sourire en écoutant un polar bien écrit sans que ce soit loufoque.  

Vous pouvez toujours voter pour le Prix Audiolib (mon chouchou, Boussole, n'y est plus mais il en reste d'autres). 





dimanche 14 août 2016

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Celeste Ng

Lydia Lee disparaît une nuit de sa chambre sans que ses parents aient la moindre idée de l'endroit où elle a pu aller. A-t-elle été kidnappée comme semble le penser sa mère ou est-elle partie de son plein gré, comme le pense la police? C'est ce que le lecteur va découvrir au cours de cette lecture. Il va surtout découvrir comment cette famille, dont le père d'origine chinoise est devenu prof de fac mais a dû laisser quelques ambitions en route et dont la mère américaine en a, elle, laissé beaucoup, a pu en arriver là. 
Les romans de chez Sonatine ne sont pas des polars classiques, on le sait maintenant. Celui-ci est un polar parce qu'il traite d'une disparition mais les thèmes principaux sont le poids des ambitions parentales sur les enfants et la difficulté d'assimilation pour les asiatiques et leurs descendants. Le père a souhaité de tout son coeur se fondre dans la masse et n'y est pas parvenu. Comme tout parent, il a donc voulu que ses enfants réussissent là où il n'avait pas totalement réussi et son but sera plus que tout de faire de ses enfants des personnes qui savent se faire apprécier des autres. Pour la mère qui a dû tirer un trait sur ses ambitions scientifiques, c'est de pousser sa fille vers le haut qui va compter plus que tout, quitte à laisser sur la touche les autres enfants. Car ce qui compte et ce qui m'a touchée dans ce roman, ce n'est pas tant le sort de Lydia que celui des deux autres membres de la fratrie, le frère qui rêve d'aller dans l'espace, qui met les moyens à la hauteur de ses ambitions mais qu'on ne félicite jamais et la petite dernière qui quémande l'attention et les gestes comme un petit chien. J'ai pris plaisir à lire ce roman, mais j'ai été un peu déçue parce que j'en attendais beaucoup. C'est le jeu avec ces romans que nous ne sommes pas les premiers à découvrir et dont la ferveur de la première vague de lecteurs ne nous atteint pas totalement et je l'accepte volontiers. C'est surtout la fin dont je ne révélerait rien bien sûr qui n'est pour moi, pas à la hauteur du reste. Mais pour un premier roman, c'est une réussite. 

Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau. Publié en mars 2016 chez Sonatine.

Merci à celles qui m'ont donné envie de lire ce roman (elles sont citées ci-dessous).
A conseiller à celles qui aiment les romans sur l'intégration mais qui souhaitent un autre contexte que celui des afro-américains. 

Sylire et Eva ont adoré. C'est un très belle découverte pour Laure, c'est superbe pour Clara, Kathel n'est pas d'accord avec moi sur la fin. Sandrine est moins enthousiaste. 

mardi 9 août 2016

La chanson de l'éléphant de Charles Binamé

C'est la veille de Noël et le docteur Lawrence a disparu. Après sa consultation avec le jeune Mickael dans l'hôpital psychiatrique où celui-ci est enfermé, personne ne l'a revu et sa voiture n'est plus sur la parking. Le directeur de l'hôpital, le docteur Green, vient interroger en personne le jeune patient. Et peu importe si sa femme l'attend pour Noël parce qu'il n'a pas vraiment envie de rentrer: depuis le décès de sa fille Rachel, il a du mal à trouver un sens à sa vie. Avec Michael, il va croire qu'il en a trouvé un mais au jeu du chat et de la souris, il n'est pas sûr qu'il ait endossé le rôle du chat. 
Ce film est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Nicolas Billon. C'est presque un huis-clos entre le docteur et Michaël, avec quelques petites apparitions féminines qui ont une grande importance. On sent dès le début que Michael tire les ficelles mais on ne comprend pas de quelle façon et la fin surprend. C'est d'ailleurs cette fin qui fait de cette histoire une réussite car comme après le visionnage de la plupart des bons films, on y repense ensuite et on dissèque (à deux si possible) les passages clés qu'on ne comprend qu'après. Le bémol, c'est sans doute que le film n'est pas totalement parvenu à s'affranchir de la pièce et reste un peu trop statique. Je ne dirais pas qu'on s'y ennuie mais j'ai parfois eu l'impression qu'on tournait un peu en rond, comme le lion dans sa cage. Les points forts sont les acteurs, Xavier Dolan et Catherine Keener (adorée dans Into the Wild)  en tête et cette fin qui nous fait rembobiner tout le film. C'est un film que je vous recommande donc. 

Sortie française: le 4 août 2016.
Merci à ma compagne de debriefing.
A conseiller pour se souvenir que Dolan n'est pas seulement un bon réalisateur. 


Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...