mercredi 7 novembre 2018

Oui, oui, oui !

C'est mon chouchou (le livre ou l'auteur, je ne sais pas dire) et il vient de remporter le Goncourt 2018. Un grand bravo à Nicolas Mathieu et bon courage pour la suite car obtenir le Goncourt pour un premier roman, ce n'est pas un cadeau(merci Ingannmic pour la rectification, j'oublie à chaque fois qu'il y a eu un titre avant). Mes élèves ont fait leur choix pour le Prix Goncourt des Lycéens et j'accompagnerai la déléguée à Rennes lundi prochain pour qu'elle le défende. 


jeudi 4 octobre 2018

L'ère des suspects de Gilles Martin-Chauffier

Vous aurez mille fois le temps de faire plus ample connaissance pendant vos maraudes dans la Cité noire où je ne vous demande qu'une chose : pas de vagues. Les journaux geignards qui expliquent que tout va bien par ici endimanchent la réalité. Mais ceux qui annoncent chaque matin l'apocalypse la noircissent tout autant. Dans la maison du bonheur, on n'a laissé que le hall à Versières. Quand ils ne sont pas au chômage, ils vivotent de petits boulots. Mais depuis trois ans, miracle, ils sont au point mort, ne se battent pas, ne hurlent pas, ne protestent pas. Donc pas de zèle. Les gamins peuvent bien tenir les murs des entrées des HLM, ce n'est pas votre problème. Et si vous croyez voir un début de trafic de shit, passez votre chemin. Les surhommes de la BAC et autres services dopés au pot belge s'en chargeront tôt ou tard. Tard, j'espère. Le mot d'ordre est clair : quand tu ne peux pas éteindre le feu, ferme les yeux. 

Dans la cité de Versières, un jeune beur est retrouvé mort après avoir été pourchassé par Cosme, un jeune gendarme. Ce roman va donner la parole à tous les protagonistes, proches ou lointains, de cette affaire, de Cosme aux avocats en passant par la mère de la victime et le caïd de la cité pour ne nommer qu'eux.
C'est très probablement le roman le plus social et politique de notre sélection du Prix Goncourt des Lycéens. L'auteur y égratigne les avocats à la recherche de notoriété qui confient d'ailleurs souvent l'affaire à un bras droit plus ou moins expérimenté, les politiciens qui sont bien contents de laisser les cités aux caïds puisqu'au final, il y instaurent une économie (presque) comme les autres. On voit aussi comment Uber permet de mettre une façade propre sur des activités illégales. Comme souvent avec ce genre de romans, où toutes les paroles sont notées noir sur blanc, j'ai eu du mal à démêler les opinions de l'auteur et sur un sujet aussi brûlent, ça me dérange toujours un peu. Je suppose qu'un certain nombre de lecteurs trouveront qu'il n'y a pas grand chose de nouveau dans ce roman, ce ne fut pas mon cas parce que je ne m'étais sans doute jamais penchée sur l'économie des cités et le lien entre les différents acteurs de cette cité et le monde extérieur. C'est vraiment ce que j'ai le plus apprécié et je pense que ça devrait beaucoup intéresser mes élèves et sans doute soulever des débats. Dans ce roman, certains sont aussi prétentieux qu'ils le paraissent mais personne n'est aussi naïf qu'on pourrait le croire et personne n'est pur comme un agneau. J'ai souvent souri et ai apprécié la plume de l'auteur. Mon seul bémol est peut-être qu'à un moment, j'ai trouvé qu'on tournait un peu en rond. L'autre, c'est que tous les jeunes hommes sont présentés comme des gourmandises sur lesquelles les femmes ont soit envie de sauter, soit sur lesquels elle veulent asseoir leur pouvoir mais pourquoi pas, ça change des mâles qui ne savent pas se tenir et pour être franche, les hommes ne sont pas plus épargnés que les femmes dans ce roman. 
Il fait tout de même partie des romans que j'aurais lus en moins de vingt-quatre heures, ce qui est bon signe. 

Publié en septembre 2018 chez Grasset. 285 pages. 

mardi 2 octobre 2018

Quand Dieu boxait en amateur de Guy Bolet

Il faut admettre, dût-on passer pour un fils idolâtre, que mon père est d'une beauté sauvage, James Dean local, il possède les yeux et le voix tendre d'un Jean Marais d'un Dean Martin, d'un Jean Sablon, d'un Luis Mariano et la prestance d'un Cary Grant ou d'un Gary Cooper [...].Cupidon et Eros seraient spontanément descendus parmi nous qu'on l'eût spontanément baptisé des deux noms à la fois. C'est du moins ce qu'en pensent les femmes sitôt qu'il apparaît, un frisson animal parcourant leur échine et venant se répandre dans des endroits auxquels Dieu interdit que l'on puisse seulement songer. 

Le narrateur de ce roman raconte son père, ce héros qui ressemble pourtant plutôt à un homme étant passé à côté de ses rêves qu'à ce qu'on imagine d'un héros. Boxeur amateur adorant jouer des scènes d'opérettes dans sa cuisine, cet homme avait aussi de nombreuses fois personnifié Jésus dans la pièce écrite par son meilleur ami devenu abbé. Pourtant, ce Jésus d'opérette n'avait pas les épaules assez larges pour porter sa croix, celle du décès de son deuxième fils, mort dans sa petite enfance. 
Vous imaginez bien que moi qui ai passé l'année dernière à dire à ma fille, surtout, le jour de l'oral d'anglais, à la question "Qui est ton héros ?", tu ne réponds pas "Ma mère" parce que je ne supporte plus cette réponse idiote et souvent non étayée par des arguments convaincants, je n'étais pas la lectrice idéale pour ce roman. Je n'aime pas les romans, fictifs ou pas parce qu'au final, peu m'a importé que le narrateur soit l'auteur ou pas, qui parlent des mères ou des pères, que ce soit pour les porter aux nues ou pour les vilipender. Je n'ai rien contre le fait d'être en adoration devant ses parents, dans la vie, ça me touche même qu'on me démontre que ça arrive, mais je trouve que ça fait globalement de la mauvaise littérature. 
Je sais que Guy Boley a gagné le cœur de nombreuses blogueuses littéraires avec son précédent roman, Fils de Feu et je suis la première à reconnaître la qualité de sa plume. J'ai aimé quelques passages mais j'ai trouvé l'ensemble bien creux. 

Publié en août 2018 chez Grasset. 175 pages. 

Merci à la FNAC.
A conseiller à celles qui n'ont pas une pierre à la place du cœur. 

jeudi 27 septembre 2018

Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu

L'éducation est un grand mot, on peut le mettre dans des livres et des circulaires. En réalité, tout le monde fait ce qu'il peut. Qu'on se saigne ou qu'on s'en foute, le résultat recèle toujours sa part de mystère.

Ils s'appellent Anthony, Hacine, Steph et Clémence, tous adolescents au début des années quatre-vingt dix en Lorraine, dans ces villages qui se finissent presque tous en -ange, ceux qui ont décliné avec la fermeture des hauts-fourneaux. Les filles viennent de milieux plus aisés que les garçons et elles ne rêvent pourtant que d'une chose, quitter la petite vie minable de leurs parents. Pendant quatre étés, les pas des uns et des autres vont se croiser.
Je crois que c'est la première fois que je lis un roman sur le thème de l'adolescence dans cette région française, d'ailleurs sans doute transposable à d'autres. On y sent la désillusion des immigrants venus d'Afrique du Nord et de leur descendance et la vacuité des journées dans ces endroits où il  n'y a pas grand chose à faire pour un ado, surtout s'il n'a pas d'argent. On comprend comment on se fourre vite dans le pétrin à vouloir jouer les kékés pour épater les filles parce que finalement, tout commence toujours un peu comme ça. Entre les garçons, tout n'est qu'une éternelle histoire de rivalité qui ne s'efface jamais vraiment. Les filles, elles, rêvent de trouver le grand amour mais elles ne tombent évidemment sous le charme que de ceux qui ne les aimeront jamais, l'inverse est d'ailleurs vrai aussi. Mais contrairement aux garçons, peut-être grâce à leurs origines sociales plus favorisées, elles ont compris l'essentiel : pour se faire une vraie place au soleil et pour quitter ce trou, il faudra étudier, réviser pendant des heures, écourter les nuits. Je me suis incroyablement attachée à ces quatre ados, sans doute plus aux deux garçons qu'aux filles même si un personnage féminin secondaire, Vanessa,  m'a beaucoup plu. Il y a de la tendresse dans la manière de décrire ces familles, ces parents paumés qui tentent de faire de leur mieux. Et puis, il y a ces dizaines de phrases qui m'ont saisie par leur justesse et leur force. 
L'alcool, à force, devient un organe parmi d'autres, pas moins indispensable. Il est là au-dedans, très profond, intime, utile à la marche des affaires, comme le cœur, un rein, vos intestins. En finir, c'est s'amputer. 
D'autres m'ont fait éclater de rire. J'aurais envie de vous en citer davantage mais je préfère que vous les découvriez vous-même. 
Je ne manquerai pas de relire l'auteur et je souhaite bonne chance à ce roman dans la course aux prix. Encore une fois, j'ai hâte de voir ce que m'en diront les élèves. Il est sexuellement très explicite ; je trouve qu'il est assez difficile de réussir des scènes sexuelles, or Nicolas Mathieu y parvient très bien. Il montre aussi comment, dans ce genre de relations où tout le monde semble d'accord, l'un des deux  ne peut s'empêcher de s'attacher, comme s'il n'y avait d'autres solutions que de vivre en déséquilibre permanent. Si ce roman met en scène des ados, l'adulte que je suis s'est souvent reconnue dans des passages et c'est à mon avis l'une des forces de ce roman. Et puis, si je puis me permettre d'émettre ce genre d'avis, il faut que Nicolas Mathieu garde sa conseillère en sexualité féminine ; pour un homme, il se met très bien dans la tête des femmes, allant parfois contre certaines idées reçues. 

Publié en août 2018 chez Actes Sud - 426 pages. 

A conseiller aux ados et aux parents.
Merci au jury du Prix Goncourt d'avoir eu le bon goût de le sélectionner. 

                                                               

mardi 25 septembre 2018

Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard

La narratrice est une jeune prof, mère de famille, qui vit, dit-elle, une période de latence avec un compagnon qu'elle n'aime pas tout en s'ennuyant profondément. Lors d'une soirée, elle rencontre Sarah, jeune violoniste qui passe son temps à voyager, le genre de femme agaçante qui prend toute la place dans une pièce. Elle parle fort, elle est mal habillée. Pourtant, les deux femmes, qui n'ont jamais été amoureuses d'une autre femme,  vont se revoir et ne plus vouloir vivre que les moments qui les réunissent. 
Je ne connaissais pas du tout le thème de ce roman avant de l'ouvrir et les cinquante premières pages m'ont remuée. Elles sont fortes, écrites sur un rythme haletant et saccadé, comme les débuts d'une passion. J'ai reposé le roman à contre-cœur. Peut-être n'aurais-je pas dû le poser car la magie n'a plus opéré quand je l'ai ouvert à nouveau. J'ai trouvé que ça tournait en rond, comme une passion me direz-vous, qu'on ne cessait d'aller dans les hauteurs pour mieux retomber au plus bas et que finalement, vu de l'extérieur, c'était pathétique, une passion. J'ai malgré tout aimé les leitmotivs, cette répétition de "Ça raconte Sarah" et les différentes définitions du mot latence. Mais je n'ai plus du tout adhéré dans la partie italienne, que j'ai trouvée floue, folle. 
J'ai vraiment hâte d'avoir l'avis de mes élèves. Seront-ils choqués par les scènes de sexe ou par le langage cru? Je sais ce que vous vous dites, ils en voient d'autres. Certes, mais ils ont tendance à se faire une idée de la littérature "sérieuse" qui ne va pas coller avec ce roman. Ce sera pour moi le grand intérêt de cette lecture dans le cadre du Prix. 
C'est un coup de cœur pour Joëlle. Je ne peux m'empêcher de vous donner le lien de l'article de Télérama qui relie tout de même ce roman à une chanson kitsch présente dans mon ipod  et que j'avais mentionnée cet été. 

Publié en août 2018 aux Editions de Minuit- 192 pages

A conseiller à ceux qui aiment les passions destructrices. 
Merci à la FNAC. 


dimanche 23 septembre 2018

La remise des romans


La semaine dernière, c'était le grand jour, nous remettions les romans aux élèves ! Nous avions prévu deux heures pour leur lire des extraits de chaque roman et comme nous étions cinq lecteurs, mon collègue de lettres, les deux documentalistes, la bibliothécaire et moi-même, ça a probablement permis aux élèves de ne pas se lasser. En tout cas, ils ont été suffisamment polis pour ne pas le montrer. Eux-mêmes avaient préparé des petites fiches sur chaque auteur, même ceux de premiers romans et c'est donc une présentation qui a fait participer les adultes comme les ados. Comme nous n'avions qu'un livre par personne (le premier jeu de quinze romans offerts par la FNAC ainsi que ceux prêtés par la médiathèque), nous ne leur avons que partiellement permis de choisir leurs lectures. Cette année, nous avons décidé de les faire lire par groupe de trois. Chaque groupe devra avoir tout lu mais ils savent que s'ils veulent avoir une chance d'être élus par la classe pour les représenter en novembre à Rennes, il leur faudra avoir lu la totalité des romans, au moins partiellement. Nous leur avons rappelé le droit du lecteur à stopper sa lecture, en espérant qu'ils l'utilisent tout de même avec parcimonie. Nous avons bien senti que lors de la lecture, certains passages avaient déjà attiré leur attention et cela s'est vérifié. Quand nous avons distribué les trois romans, à charge pour eux de se les répartir à l'intérieur du groupe, certains se sont jetés sur quelques titres. Ils étaient aussi très contents des marque-pages conçus par ma collègue documentaliste, leur rappelant sur quoi porter leur attention  (j'ai pensé que les photocopier sur du Canson couleur serait une bonne idée). 
Pendant l'heure qui a suivi, j'avais demandé à ma collègue d'histoire-géo si elle pouvait leur accorder leur première demi-heure de lecture, ce qu'elle a fait bien volontiers. Ils étaient tellement concentrés au bout de la demi-heure qu'elle leur a laissé l'heure entière. 
J'ai hâte maintenant hâte d'avoir leurs premières impressions, que je ne pourrai partager avec vous qu'à la fin du prix. Mais je peux déjà vous dire que certaines ont versé des larmes et que l'une de nos lectrices en est à son cinquième roman. 

A conseiller à tous les enseignants qui veulent partager une belle aventure.
Merci à mes collègues, il est indéniable que vivre ces moments rapproche considérablement. 

jeudi 20 septembre 2018

L'après-midi de Monsieur Andemas de Marguerite Duras

Très court roman ou longue nouvelle, cette histoire raconte l'après-midi que M. Andesmas passe à attendre Michel Arc, avec qui il doit traiter affaire à propos d'un terrain que M. Andesmas a acheté pour sa fille Valérie, qui ne doit guère avoir plus de dix-huit ans. Pendant son attente, il va d'abord rencontrer la fille peu ordinaire de Michel Arc, puis sa femme.
Ce roman est une longue dérive, mélange de réflexions sur la paternité et sur la vieillesse qui est elle-même présentée comme une attente sans fin. On peut penser que c'est plat, le temps tire en longueur et cela se sent mais j'ai beaucoup aimé la chute qui découle de la conversation entre le vieil homme (il a eu sa fille tardivement) et la femme de Michel Arc. Il y a un jeu réel sur les deux endroits, celui de l'attente et celui du bal où se trouve Michel et deux regards posés sur Valérie ; le regard que pose la femme sur cette nouvelle arrivée au village ne peut coïncider avec celle du père. Et pourtant, ces deux êtres, la femme de Michel Arc (n'ayant d'autre fonction que d'être la femme de ..., elle n'aura pas de prénom) et le père sont tous les deux sur le point de subir une perte irréparable, liée au destin. Rien ne peut être fait pour l'éviter. 
J'ai regardé quelques interprétations du livre sur internet (de non spécialistes comme moi) et je suis très étonnée par ce qu'ils ont parfois compris. Quant aux interprétations qui relient cette oeuvre aux travaux de Lacan, je les ai trouvées intéressantes mais je ne suis pas suffisamment spécialiste de Lacan pour juger de leur bien-fondé.  
Le sens me paraissait clair et c'est ce qui fait que finalement, je trouve ce roman réussi. J'ai été dubitative pendant une bonne partie de ma lecture, c'est vraiment la fin et les journées qui ont suivi la lecture qui en ont fait une lecture que je n'ai pas regrettée. Je découvre en écrivant ce billet que le livre a été adapté au cinéma avec Michel Aumont et Miou-Miou dans les rôles principaux. 

Publié en 1963 chez Gallimard. 128 pages.

Merci à mon CDI.
A conseiller aux amateurs de lectures lentes au soleil. 

mardi 18 septembre 2018

L'hiver du mécontentement de Thomas B. Reverdy

Elle n'a que vingt ans, Candice, alors le couple pour elle, enfin l'expérience qu'elle en a, c'est surtout celle de ses parents mais elle s'en fait une théorie, une religion. A vingt ans, on n'a pas assez d'expérience, alors on se fait des certitudes. 

Candice est une jeune londonienne dans les années 70, ces instants qui précédèrent l'arrivée de Thatcher au pouvoir. Tout en étant coursière pour une petite entreprise, elle rêve de devenir comédienne et avec les Shakesperettes, a pour objectif de jouer un Richard III féminin, campé par des femmes et dans lequel on redonne aux personnages secondaires féminins, souvent évincées parce qu'on coupe souvent des passages de cette pièce, la place qu'elles méritent. Evidemment, à l'aune de l'avènement de Margaret Thatcher, tout ça prend du sens.
L'Angleterre des années 70 est loin de m'être étranger, je l'ai étudié en long, en large et en travers il y a deux ans. Et j'ai adoré cette période (à défaut du cours qui m'était donné). J'ai souvent eu l'impression que c'est justement ce que faisait Thomas B. Reverdy, qu'il me recrachait un cours tout en tentant de bâtir une histoire dessus. Et ça ne fonctionne pas. J'avais très envie de découvrir ce roman parce qu'on m'avait dit que l'écriture de Reverdy était poétique (vraiment ?). Ça me faisait peur et ça m'attirait aussi. Mais les thèmes qu'il avait abordés jusqu'à présent ne m'avaient pas tentée. Avec cet hiver du mécontentement, celui qui a mis la Grande-Bretagne au bord du chaos, j'étais persuadée que c'était le roman qui pouvait me faire entrer dans son univers. A tort. J'ai hâte de savoir ce qu'en penseront des gens qui connaissent moins le sujet (j'ai vu que Delphine n'était pas emballée mais je ne sais pas ce qu'elle connaissait du sujet) parce qu'il peut être néanmoins intéressant de voir comment Thatcher a su s'entourer pour gommer tout ce qui pouvait la desservir. C'est un roman qui n'explique à mon avis pas assez le titre, le pouvoir des syndicats et des représentants syndicalistes qui regardaient parfois davantage leurs intérêts que ceux de la base, c'est d'ailleurs une époque qui a vu un véritable changement s'opérer entre l'ancienne vague de syndicalistes et les nouveaux. Et c'est en partie ce qui a aidé Thatcher à accéder aux pouvoir. La Grande-Bretagne de cet hiver 78-79, c'est un désordre inconcevable et au vu du titre, c'est là-dessus que j'attendais Reverdy. J'ai trouvé que comparer Thatcher à Richard III, c'était quand-même facile, tout comme j'ai trouvé non littéraire et cédant à la facilité cet abécédaire final du libéralisme (et puis franchement, résumer Reagan à un vieil acteur et à un prénom de clown, c'est limité). Inutile de poursuivre, vous devez sentir poindre mon agacement dû au fait qu'à mon avis, cette période était une matière de choix pour un roman passionnant. Le gros avantage de ce roman dans le cadre du Prix Goncourt des Lycéens, c'est qu'on pourra parler de la Grande-Bretagne des années 70 et des nombreuses références à l'oeuvre de Shakespeare (Roméo est-il un imbécile?). J'allais oublier le personnage de Jones, le jeune musicien qui ne parvient pas à vivre son rêve, lui je l'ai adoré mais il doit apparaître dans dix pages. 

Publié en août 2018. 210 pages. 

Merci à la FNAC, fournisseur de nos romans du PGL.
A conseiller peut-être à ceux qui ne connaissent pas grand chose à la période qui a précédé l'arrivée de Thatcher au pouvoir. 

dimanche 16 septembre 2018

Mon week-end en photos et en mots

Sans doute surtout pour en garder une trace, j'avais envie de mettre ici mes photos de ce week-end un peu particulier, ne serait-ce que parce qu'il a commencé jeudi soir. Et parce que j'avais très envie qu'il ait un air de fête. J'espère que votre week-end fut aussi beau que le mien.



 Parmi ceux qui ont partagé ces moments, il y avait (dans l'ordre d'entrée sur scène) :
- mon éternel Interdit.
- celle qui m'apporte un cadeau sans sonner pour ne pas me déranger.
- celle qui a tant de choses à me raconter le vendredi soir.
- la seule  à qui j'envoie un message à chaque fois qu'une soirée inattendue se profile et qui m'offre le cadeau idéal pour que j'en profite.
- celui qui m'a fait découvrir Eminem (cette voix que j'ai eu plaisir à réécouter).
- l'amoureuse de celui qui m'a fait découvrir Eminem, à qui j'ai fait découvrir la Birchbox, qu'elle a adoptée.
- celle qui reste à ce jour mon seul coup de foudre amical (chez moi, l'amitié se construit plutôt au fil du temps).
- celui avec qui je suis sûre de me perdre dans une ville (ce que nous avons déjà fait).
- celui qui m'offrit un cœur pour que je sois "amoureux de quelqu'un" (mais serait-ce bien raisonnable ?).
- le seul blond (d'un an et demi ) qui me fasse fondre.

jeudi 13 septembre 2018

Les huit montagnes de Paolo Cognetti

Il m'avait fallu du temps pour m'habituer à la solitude, en faire un lieu où je pouvais me laisser aller et me sentir bien, mais je sentais que notre rapport était toujours aussi compliqué. 

Pietro vit à Milan, Bruno à Grana, dans les montagnes. Un été, leurs chemins se croisent et ces deux enfants solitaires vont devenir amis pour la vie. Des amis, oui, mais des amis du silence. Entre eux ne naîtront que peu de confidences. Bruno sera aussi "adopté" par les parents de Pietro lorsque leur fils ne voudra plus partager les promenades avec son père et c'est à la mort du père que Pietro découvrira l'importance que Bruno a pris dans la vie de ses parents. 
J'aime tellement les lectures faites par Emmanuel Dekoninck, qui fut le premier lecteur à vraiment m'emballer quand j'ai commencé les lectures audio, que j'ai envie d'écouter tout ce qu'il lit, même si a priori, le thème n'est pas pour moi. Je ne suis pas très adepte de nature writing (Gallmeister n'est pas une maison d'édition que j'aime, par exemple) et je n'aurais pas lu ce roman en version papier. Je me suis pourtant laissée porter par la version audio, qui a bercé mes premiers allers-retours vers le Havre. Et je me suis prise à ces promenades en pleine montagnes, à cette vie dure mais choisie par Bruno. Je n'ai pas été touchée par le narrateur mais je ne suis pas sûre que c'est à lui que l'auteur souhaite qu'on s'attache. Bruno, lui, ce montagnard pur et dur, m'a séduite. Et je crois qu'il peut suffire d'une phrase dans un livre pour qu'il m'emporte définitivement et cette phrase a surgi.  D'autres ont suivi. Si je me suis senti proche de la solitude, choisie mais qui reste, toujours à apprivoiser, de Pietro, j'ai beaucoup aimé et fait mienne la leçon de vie et d'humilité que Bruno partage avec son ami à la fin du roman. Je vous laisse la découvrir. 

Publié le 16 août 2018 (éditeur d'origine : Stock) chez Audiolib. Prix Médicis étranger 2017. 
6h50- Lu par Emmanuel Dekoninck.

Merci à Audiolib.
A conseiller à ceux qui aiment les hommes solitaires. Mais c'est un roman qui ne peut pas plaire à tout le monde. 

mardi 11 septembre 2018

Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal


Les parents sont troublés, ils observent la peinture, placés pour la première fois devant la part inconnue de leur fille, sidérés de ce qu'elle a produit. 
Paula a la vingtaine. Elle n'a longtemps pas su quoi faire de sa vie, me rappelant ainsi tant de jeunes de mon entourage qui finiront pourtant par trouver un jour leur(s) voie(s). J'ai tendance à penser que plus la route est sinueuse, plus elle enrichit celui qui l'emprunte mais je m'égare. Elle décide un beau jour d'entrer dans une école bruxelloise et d'étudier le trompe-l’œil. Mais quelle idée saugrenue que de vouloir passer son temps à copier quand on peut créer. Pourtant, Paula, élève appliquée et tenace, y trouve son plaisir. 
Quand on a fait abstinence pendant longtemps, on n'a pas envie de laisser le hasard choisir entre quelles mains on va y mettre un terme. En tous cas, moi non. J'ai envie d'être prise en main par un auteur qui m'a déjà enthousiasmée au delà de mes espérances. C'est donc avec Maylis de Kerangal que j'ai repris la lecture, après presque un mois et demi sans avoir aucun roman, ni essai ou BD. J'ai retrouvé dans le début du roman les phrases que j'aime chez cette auteure, les longues phrases, puis les changements de rythme et il m'a semblé que ça allait très bien avec le thème de la peinture, avec les mouvements que cela implique. Il faut dire que peindre, même si ce n'est pas sous une forme artistique, ça fait des mois que je sais parfaitement ce que cela peut apporter. J'aime quand l'auteure compare ça à un marathon, qu'elle insiste sur les souffrances du corps. Après la période bruxelloise, j'ai eu l'impression que la plume que j'aimais avait disparu et c'est dommage car le thème qu'explore Maylis de Kerangal est fascinant et les angles qu'elle choisit le sont aussi : entrer dans un Cinecittà moribond qui semble pourtant bien vivant vu à travers les yeux de Paula, puis réfléchir à cette société en trompe l’œil qui  nous offre des copies pour protéger les vraies œuvres d'art (qui d'ailleurs, n'étaient sans doute pas perçues comme telles par leurs concepteurs), il y avait de quoi m'enchanter. Ce n'est pas une déception totale car j'ai tout de même retrouvé, parfois, cette plume que j'aimais, je me suis attachée à Paula, à son apprentissage de la vie (Elle apprend à mesurer ses distances, à ne pas s'emballer, à toujours repartir) et à ses parents, à leur relation et j'ai aimé la déclinaison du thème du trompe-l’œil.  J'ai néanmoins fini par ressentir une lassitude. Joëlle est beaucoup plus enthousiaste que moi. 

Publié chez Verticales en août 2018. 285 p.

Merci à la médiathèque de Louviers.
A recommander à ce qui aiment peindre, quelque soit la manière de peindre puisque peindre engendre toujours une création. 

dimanche 9 septembre 2018

Lancement du Prix Goncourt des Lycéens

Tiphanie étant venue me réveiller, me revoilà donc et ça tombe bien parce cette semaine fut non seulement la semaine de la rentrée mais celle de mon réveil littéraire. En fin d'année scolaire dernière, nous avons été sélectionnés pour participer au Prix Goncourt des Lycéens, une première pour mon collègue de lettres (l'aventure devait se faire avec une collègue, mais le destin n'en a fait qu'à sa tête) et mes collègues documentalistes, mais pas pour moi qui ai déjà vécu cette aventure en 2012. 
En juin, nous avons eu une réunion dans un beau lycée parisien pour les premières explications. Lundi, nous avons rencontré la classe : 27 élèves de 1ère L dont un jeune vénézulien, un vrai rayon de soleil,  qui ... ne parle pas français (pour les sept heures et demi de cours d'anglais que nous partageons, c'est génial; pour la participation au prix Goncourt des Lycéens, ça va nous demander de la créativité). A l'annonce de leur sélection, ils ont montré de l'enthousiasme. En lisant le questionnaire sur leurs pratiques de lecture, je me suis rendue compte, sans surprise, que nous avions des élèves qui ne lisent que quand c'est imposé, une majorité qui lit tout de même aussi pour le plaisir et peu d'élèves inscrits dans une médiathèque (nous tenterons d'y remédier avec un partenariat avec la médiathèque qui est vraiment un lieu agréable). Certains d'entre eux disent se constituer leur propre bibliothèque.
Lundi, les élèves ont travaillé sur différents prix et se sont rendus compte que le Prix Goncourt des Lycéens faisait vendre plus que les autres prix.  Vendredi, la liste, composée de quatre premiers romans, a été publiée. J'avais misé sur le De Kerangal pour prendre un peu d'avance. J'ai perdu. Le soir même, j'étais de retour chez moi avec les quinze romans (se faire raccompagner à la sortie de la FNAC avec quinze romans sans débourser un sou a quelque chose de réjouissant), rassurée de voir que la plupart faisaient moins de 300 pages et qu'il y en aurait donc pour tout le monde, petits et grands lecteurs. Et puis, ça peut paraître anodin mais ça ne l'est pas, je suis certaine que quelques couvertures vont les attirer.
L'après-midi, les élèves ont constitué une petite fiche par auteur qu'ils nous présenteront mardi, jour où nous leur remettrons les romans. Quant à moi, je n'ai lu qu'un seul auteur sur les quinze, François Vallejo, mais j'avais très envie de lire Leurs enfants après eux et Ça raconte Sarah (en cours de lecture, je ne sais pas résister aux Editions de Minuitet le Reverdy dont je vous parle bientôt puisque je l'ai fini hier. 
La semaine s'annonce chargée. Je vous retrouve dans deux semaines pour vous parler de la manière dont nous avons envisagé le moment de la distribution des romans.

Merci à la FNAC de Rouen de nous avoir fourni si rapidement le premier jeu de romans (d'autres suivront) et à Isabelle de nous permettre, en nous prêtant les exemplaires de la médiathèque de Louviers, de pouvoir faire lire tous nos élèves dès le début. 

mercredi 1 août 2018

Vacances !

Mon blog n'a pas pris de vacances depuis son ouverture. Alors que je rentre tout juste et que j'ai encore un peu la tête en Asie, c'est donc le moment pour lui de se reposer. N'ayant pas lu depuis 15 jours et ne me sentant pas du tout prête à ouvrir un roman pour le moment, je n'ai plus de quoi l'alimenter. La rentrée m'obligera quoiqu'il en soit à m'y remettre, puisque je partagerai le Prix Goncourt des lycéens avec ma 1ère L.
Je pourrais écrire des billets entiers sur le sourire des balinais, sur les rires partagés malgré la barrière de la langue, sur les coutumes tellement étonnantes pour les occidentaux, sur la beauté des rizières mais je vous laisse plutôt avec quelques photos de Bali. Inutile de préciser que je retournerai en Asie, que je découvrais pour la première fois. Bonnes vacances à vous tous ! 

Moment magique : lever de soleil en mer (au moment précis du tremblement de terre en Indonésie)


Futurs mariés balinais se prêtant avec gentillesse au rituel des photos. Ils posaient pour leurs propres photos de mariés lors de ma visite du temple. 

La préparation des photos de mariés est un rituel en soi. 

Fleurs de lotus.

Rien de plus exotique pour moi que de trouver des noix de coco sur la plage. 

Paysages de rizières. 

Récolte du sel. 

Séchage du sel (rien à voir avec la récolte de sel en Camargue). 


Baignade dans les eaux sacrées du temple.
Etre au bon endroit au bon moment : samedi, 10h du matin, les élèves sont en week-end et courent  dans tous les sens, un homme (garde, instituteur ?) accepte avec le sourire de nous laisser entrer dans l'école.

Vendeuses de sarongs (le sarong est obligatoire pour accéder au troisième niveau des temples).



dimanche 29 juillet 2018

My playlist

 C'est encore chez Mind the Gap que j'ai emprunté ce questionnaire. C'est en préparant ce billet que je me rends compte que dans ma playlist, il y a un tiers de chansons que je ne change jamais et le reste qui évolue. C'est aussi en préparant ce billet que je perçois que la musique est sans doute ce qui touche le plus à l'intime, chez moi. C'est le premier billet parenthèse de l'été que j'ai écrit et je l'ai remanié de nombreuses fois avant de me sentir prête à le publier (d'ailleurs, je profite d'être loin de l'Europe pour le publier, c'est un signe). 
Quel morceau écoutez-vous en boucle en ce moment ?  J'écoute peu de chansons en boucle, sauf dans des moments où j'ai probablement besoin d’exorciser des émotions violentes. Dans ces moments-là, je peux écouter dix fois la même chanson dans la journée. La dernière chanson que j'ai écoutée en boucle, c'était celle ci. J'ai même ressorti mon vieux CD. Et puis, un jour, je me rends compte que le problème doit être réglé puisque je ne ressens plus le besoin obsessionnel d'écouter la chanson.
                           
                                        
Quelle est pour vous, la plus grande chanson de tous les temps ? Depuis des années, c'est celle-ci. Elle renvoie pour moi à ces histoires qu'on attend longtemps. 

Quel est le meilleur morceau pour s’éclater ? En ce moment, je commence souvent mon footing avec cette chanson, que je chante partiellement en courant (je vous rassure, je ne croise personne sur mon parcours, sauf un lièvre ou au loin une carriole tirée par un cheval, j'ai l'impression d'être dans La petite maison dans la prairie parfois). Mais dans ma playlist, je bouge aussi sur Ricky Martin, K-maro ou I will survive. D'ailleurs, les chansons au rythme enjoué sont une nouveauté de l'année dans ma playlist. 
                                          
Quel morceau feriez-vous entendre en boucle pendant 3 heures  à votre pire ennemi(e)? Ça existe, les ennemis, dans la vie ? Aucune idée. Si c'est un homme qui a une sœur, sans doute celle-ci, qu'il a peut-être déjà écouté en boucle à son insu (oui, je sais, j'ai déjà mis cette chanson l'été dernier mais le clip me fait rêver pour plusieurs raisons). C'est le premier film que j'ai regardé en boucle dans ma vie (et à ce niveau-là, peut-être le seul, je n'en suis pas fière mais c'est comme ça) :


                                     

Quelle chanson ringarde aimez-vous écouter et réécouter ? La question est inappropriée, je suis la ringardise même en matière de musique et je l'ai toujours été. Pour moi, il n'y a pas de chanson ringarde, il suffit d'écouter ma playlist, on y trouve du Richi e Poveri dont la plupart d'entre vous n'a peut-être jamais entendu parler, j'adore chanter cette chanson en ce moment ( je crois que c'est ma fille qui l'a rapportée de son voyage en Italie, merci les collègues !). Si je prends un chanteur un peu "vieillot", je choisirais de "danser" à nouveau un boogie woogie en talons aiguille bleus, après avoir bu du champagne. Cette chanson aura toujours le pouvoir de me redonner le sourire. Et preuve que la ringardise est subjective, lorsque ma fille a entendu que j'avais ajouté ce titre à ma playlist, elle m'a supplié d'y ajouter aussi Couleur menthe à l'eau

         
                                          

                                          

Quel artiste ou quel style de musique pour partir sur une île déserte qui vous offrirait la possibilité d’écouter à volonté un seul artiste ou un seul style de musique? Je crois que je me lasserais assez vite d'un même style de musique ou  d'un seul artiste. Mais il m'est arrivé d'écouter un album en boucle, Løve de Julien Doré ou celui de Benjamin Siksou pour des raisons très différentes, l'un pour l'émotion qu'il me procurait, l'autre parce qu'il me permet de relativiser quand je suis ma tendance naturelle à prendre les choses trop au sérieux. 
                                                       
Je vais ajouter deux questions au questionnaire de Mind The Gap:
Quelle est la dernière chanson à vous avoir fait pleurer ? J'ai été très émotive mais je me soigne. Si des chansons me touchent, il est rare qu'elles aient le pouvoir de me faire pleurer, contrairement aux films. Ce fut le cas de la chanson de Barbara mentionnée plus haut, je me revois accrochant du linge et pleurant (oui, je sais, c'est très glamour) il y a quatre ou cinq ans.
La dernière chanson à m'avoir fait pleurer comme une madeleine est celle-ci sans doute parce que dans la bande annonce du film dont elle est extraite, Les choses de la vie, il y a des scènes d'une délicatesse infinie qui me chavirent. Le film, revu dernièrement, m'a paru très lent mais m'a donné une impulsion inattendue et salutaire. 

                                         
   
Quelle est la chanson de ta playlist à laquelle tu accordes une valeur sentimentale particulière ? J'ai depuis peu dans ma playlist des chansons qui me rappellent des moments précis de ma vie. Ce ne fut pas vraiment le cas avant, je ne crois pas que des moments clés de ma vie aient été rythmés par des morceaux musicaux, ou pas par des morceaux que j'avais envie de garder en tête.  J'ai parfois écouté des morceaux après un moment, mais pas pendant que je vivais un moment important. Même mon premier baiser, je ne me souviens pas sur quelle chanson je l'ai échangé. Et puis, je ne suis pas une nostalgique par nature, j'oublie assez vite ce qui, sentimentalement, me ramène à un passé révolu. Mais deux morceaux sont pour moi des souvenirs auxquels je tiens beaucoup, le premier parce qu'il a fait partie d'une mise en scène écrite uniquement pour moi et le second, parce qu'on m'en a chanté un passage, les yeux dans les yeux  : 



                                          

                                    


jeudi 26 juillet 2018

La serpe de Philippe Jaenada

On attend les crimes, les coups de serpe, la barbarie et le mystère, j'en ai bien conscience, pardon, mais ça ne va plus tarder - dans Jacques le Fataliste, on poireaute, gaiement mais tout de même jusqu'aux dernières pages pour que Jacques raconte à son maître comment il a relevé le jupon de la belle Denise sur ses cuisses pour lui enfiler une jarretière, rien de plus, on acclame Diderot à juste titre, j'estime qu'on ne peut pas m'en vouloir. 

On connait le type de livres qu'écrit Philippe Jaenada depuis Sulak. Sa spécialité, c'est le fait divers. Jaenada prend un sujet, enquête et nous livre à la fois les résultats de son enquête mais surtout, tous les détails de son enquête, en passant par la marque de whisky qu'il boit au café du coin et les enseignes de magasin qu'il voit en roulant. Donc, avant de commencer un Jaenada, il faut être prévenu, ça va digresser sévère et si vous êtes allergiques aux parenthèses, voire aux doubles parenthèses, passez votre chemin. Cette fois, grâce à son voisin Manu, petit-fils d'Henri Girard, auteur du roman qui deviendra à l'écran Le Salaire de la Peur, il revient sur le triple crime qui se déroula en octobre 1941 dans un château du Périgord et dont fut accusé et acquitté (on le sait dès le début) le fameux Henri Girard. En trois cent pages, Philippe Janenada nous donne toute la biographie du suspect (et il faut l'avouer, il a eu une vie bien remplie ou plutôt de nombreuses vies), puis toutes les pièces à charge et là, on se dit, il a beau digresser Jaenada, qu'est-ce qu'il a bien pu mettre dans les trois cent pages qui restent ? Eh bien, à vous de le découvrir, mais on ne s'ennuie pas. En lisant Jaenada, je ne peux pas dire que j'ai l'impression de lire de la littérature, j'ai l'impression de passer trois jours avec un copain qui va me raconter une histoire et ne pas pouvoir s'empêcher de commenter tout ce que les autres ont dit, en plus de faire un peu de sentiments en parlant de sa famille, le tout avec un second degré que j'adore (et qu'on ne perçoit pas forcément quand on le rencontre, j'avoue que ça m'avait fortement troublée : comment ça, il n'y aurait pas de second degré dans Sulak ? Impossible). Donc, j'ai lu ce livre en ayant l'impression de m'asseoir à côté de Jaenada, pendant qu'il buvait son Oban. Ça a l'air de rien mais quand on est en train de passer trois jours presque toute seule, il accompagne très bien, Jaenada. Bref, je pourrais moi aussi aligner les parenthèses, digresser sans fin mais le résultat serait le même, j'ai beaucoup aimé ce livre même si bien sûr, je me suis dit parfois, non, là, il exagère et surtout, je me demande qui à part lui est capable de me faire éclater de rire plusieurs fois par jour (impayable histoire du thermomètre, c'est là qu'on est content de ne pas être enfant d'écrivain). J'ai refermé le livre en me disant que l'histoire sur Pauline Dubuisson, c'est celle racontée par Jaenada que j'aurais dû lire et non celle de Jean-Luc Seigle que je n'ai pas aimée mais comme il ne peut s'empêcher de tant aimer ses précédents personnages qu'il y revient sans cesse (on retrouve un peu Sulak aussi), je ne m'en suis pas trop mal sortie. J'ai mis un peu de temps à lire celui-ci mais c'est promis, Philippe Jaenada, le prochain, je l'ouvre sans réfléchir.
Et ce n'est pas anecdotique, j'aime beaucoup cet extrait de l'avertissement: 
Mais j'ai changé le nom de certaines personnes, quatre ou cinq. D'abord parce qu'un nom, dans l'absolu n'a pas d'importance, ne change rien [ bon là, moi j'aurais mentionné Roméo et Juliette mais c'est vrai que si déjà Jaenada commence les parenthèse dans l'avertissement, on n'est pas sorti de l'auberge ]- ce qui tombe bien; ensuite non pas par respect posthumes pour lesdites personnes (ce serait hypocrite, car j'irais de bon cœur pique-niquer sur leurs tombes) [ Ah tiens, si, il utilise les parenthèse dès l'avertissement ], mais parce que leurs éventuels enfants et petits-enfants n'ont rien à voir avec tout ça. Il faut laisser les petits-enfants tranquilles. 
Et puis, Jaenada et moi, on a des points communs concernant Le club des Cinq, nos enfants aussi d'ailleurs (ils n'ont pas aimé) et j'avais oublié à quel point cette série, que j'ai dévorée,  était rétrograde (Annie fait le ménage dans la chambre des garçons). Et puis, moi qui ai toujours été un peu fascinée par le passé mystérieux de l'avocat Jacques Vergès, j'ai aimé le croiser (un beau sujet pour un roman, non, M. Jaenada ?). Et on a beau rire avec Jaenada, il nous raconte aussi très bien le côté glauque de la vie, et notamment de certains couples, légitimes ou pas. 

Publié en août 2017 chez Juillard. 634 pages. 

A conseiller à ceux qui aiment une longue conversation entre copains.
Merci à mes documentalistes pour ce cadeau. 


mardi 24 juillet 2018

Elephant de Martin Suter

Schoch vit dans une grotte près de Zurich. Il est SDF et les places sont chères, dans les grottes suisses. Un jour, il découvre un tout petit éléphant rose luminescent (alors moi, je dis phosphorescent mais l'auteur utilise toujours le mot luminescent, moi jamais, excusez cette parenthèse mais je suis en pleine lecture d'un Jaenada, ceci explique cela). Tout au long du roman, nous allons découvrir comment cet éléphant a été créé et est arrivé dans la grotte de Schoch, tout en suivant l'attachement progressif de Schoch pour l'animal. 
Quand j'ai commencé ce roman, je me suis demandée pourquoi diantre j'avais eu envie de l'écouter. Cette histoire d'éléphant rose qui sentait la morale à plein nez sous couvert d'une manipulation génétique se déroulant en plus dans le milieu des SDF avait tout pour me déplaire. D'ailleurs, je l'ai commencé comme je le fais souvent, par petits bouts, et je l'ai mis de côté. Puis, à l'occasion trajet d'une heure et demie vers ma famille (avoir une famille qui n'habite pas tout près a donc des avantages), j'ai réussi à entrer vraiment dans cette histoire et à me laisser toucher par Schoch, la vétérinaire Valérie, et par ce petit éléphant rose. Si morale il y a, ce qui est évident d'après le thème, elle reste absolument supportable pour la lectrice que je suis, qui déteste qu'on la culpabilise. Et j'ai aimé que Valérie se pose des questions sur sa propre attitude face aux SDF alors qu'elle est a priori assez irréprochable. C'est très picaresque, frais malgré les thèmes assez lourds et j'ai pris un réel plaisir à entrer dans le cirque où tout commence. Je me rends compte d'ailleurs que le monde du cirque en littérature et dans les films est un monde qui ne m'attire pas au premier abord mais qui me plait souvent. Voilà donc un auteur que j'aurai sans doute plaisir à retrouver, plutôt en format audio. Samuel Labarthe (la voix française de George Clooney, mais je m'en veux de le réduire à ça) est excellent. 

Date de parution : 
06 Juin 2018
 chez Audiolib. 8h07

Merci à Audiolib.
A conseiller à tous ceux qui ont déjà vu des éléphants là où il n'y en avait visiblement pas ( je n'ai pas honte de dire que c'est mon cas, ça reste une légende dans la famille et ce roman prouve que j'avais peut-être raison ) et aux autres. 

dimanche 22 juillet 2018

My book list

Je continue d'emprunter les idées des autres et c'est encore à Mind The Gap que je dois l'idée de ce billet. 
Quel est le dernier livre que vous vous êtes offert ? Je l'avais offert à mon amie Catherine, elle me l'a prêté mais comme je le soupçonnais, il a fallu que je file me l'acheter après l'avoir fini, au grand plaisir de mon libraire qui l'a donc vendu deux fois à la même personne. Et ce n'est qu'un début (il va finir par me trouver obsessionnelle).  

Et le dernier livre que vous avez offert ? Fichtre, je ne sais plus, j'en offre souvent. Je sais que j'ai failli offrir Correspondance et que je me suis ravisée, ce n'était pas vraiment un cadeau approprié pour celui à qui je souhaitais l'offrir. Il m'est déjà arrivé d'offrir des livres à un homme pour son anniversaire et que celui-ci trouve l'acte inapproprié (pas le choix des livres mais l'acte lui-même), alors je suis devenue méfiante. Le dernier livre offert, ce fut sans doute le Tesson, à Florence, pour son anniversaire:

L’île déserte est de retour, vous pouvez embarquer l’intégrale d’un auteur classique et d’un auteur actuel , qui choisissez-vous? Je ne suis pas une fidèle en littérature, je n'aime aucun auteur sans bémol et je suis certaine de me lasser si je n'ai pas le choix. Disons que pour l'auteur classique, je prendrais celui qui m'agace et m'enchante, m'enchante d'ailleurs particulièrement quand il est lu par André Dussolier. 

Concernant l'auteur contemporain et pour varier les genres, j'emporterais celui que je considère comme le maître actuel du roman populaire à rebondissements mais je vais attendre qu'il ait fini sa trilogie pour aller sur une île déserte, où je suis certaine de mourir de dépression (je suis l'inverse absolu de Sartre et de son "L'enfer, c'est les autres"). J'espère que l'île sera assez grande pour que je puisse courir en écoutant mes livres. Ou alors, je prendrais tous les Jaenada, il a le mérite de me faire rire et comme je n'en ai lu que deux pour l'instant et que ses livres sont des pavés, ça devrait me distraire un moment. 


Quel livre offrir à une personne que vous n’aimez pas ? Comment puis-je avoir envie d'offrir un livre à quelqu'un que je n'aime pas alors qu'il y en a tant que j'ai envie d'offrir à ceux que j'aime ? Mais je viens bien lui offrir mon exemplaire de ce roman que j'ai trouvé indigeste, avec un personnage masculin insupportable. 

Enfin, le livre qui est pour vous l’histoire d’amour la plus forte ? Evidemment, puisque c'est mon dernier coup de cœur, je dirais la correspondance entre Camus et Casares parce qu'un amour de roman ne peut pas être plus fort qu'un amour vécu. Je vais tout de même en choisir un autre, qui est un amour venimeux qu'une mère porte à son fils, ce qu'on ne comprend que très tard. J'ai un rapport très particulier à ce livre qui m'a profondément dérangée, que j'ai donné pour finalement me rendre compte que je ne pouvais pas ne pas l'avoir dans ma bibliothèque et je l'ai donc racheté. Un jour, je le relirai. Il était de toutes façons impossible de ne pas citer ici John Irving. J'ai très envie d'aller à sa rencontre au festival America et c'est ce roman, qui n'est pourtant pas mon préféré, que j'aimerais lui faire dédicacer. Le petit hic, c'est qu'il fait 800 pages en grand format, je regretterais sans doute de devoir le transporter toute la journée.




jeudi 19 juillet 2018

Sucre noir de Miguel Bonnefoy

Le capitaine Henry Morgan aurait caché le butin de son navire échoué dans un village des Caraïbes. 300 ans plus tard, deux explorateurs vont séjourner chez la famille Otero, persuadés que ce trésor ne se trouve pas loin de leur maison. 
Il y a un moment que je voulais découvrir la plume du séduisant Miguel Bonnefroy mais les thèmes qu'il choisit ne m'attirent jamais. Quand on m'a proposé de me donner ce roman, je me suis dit que c'était le moment. Ce roman aurait pu me plaire s'il avait pris la forme d'une vraie saga familiale mais l'auteur a choisi d'en faire un roman court, ce qui le rend frustrant et inabouti, à mes yeux au moins. Son atout principal est de nous dépayser mais Miguel, vraiment, on ne peut pas écrire des phrases clichés comme : 
A cet instant, Severo Bracamonte, nu dans le moulin, au milieu du parfum étourdissant des vieux tonneaux, eut l'impression que cette femme avait inventé l'amour. 
Je n'ai donc pas été séduite par ce roman mais il avait été remarqué par la presse lors de sa sortie. 

Publié chez Rivages en septembre 2017. 209 pages. 

Merci à mes documentalistes qui m'ont offert ce roman.
A conseiller à ceux qui veulent s'échapper un peu. 

lundi 16 juillet 2018

La disparition de Stéphanie Mailer de Joël Dicker

En 1994, le maire d'Orphea, petite ville américaine tranquille, est assassinée avec sa famille. Le meurtrier est arrêté par les deux enquêteurs de l'époque, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Vingt ans plus tard, une journaliste nommée Stéphanie Mailer décide d'enquêter dans son coin et affirme que la police a fait une erreur. Peu après, elle disparaît.
On retrouve dans ce roman les caractéristiques du premier roman de Joël Dicker, la vie dans une petite ville américaine qui se trouve bouleversée par un meurtre. Le point commun s'arrête là. Si j'avais des bémols sur la version papier (aucune sur la version audio) de La vérité sur l'affaire Harry Québert, là, ce ne sont pas des bémols que j'ai, c'est tout simplement que j'ai été submergée par l'ennui. J'ai aimé le début, puis il m'a semblé que l'ensemble tournait vite en rond, sans compter que l'auteur me semblait parfois régler ses comptes avec la critique littéraire. En soi, ça ne me pose pas problème, sauf qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Quand il a fallu charger le deuxième CD sur mon ipod, j'ai manqué de courage et j'ai laissé là la fine équipe d'enquêteurs, sans apprendre l'identité du meurtrier. Ce qui est embêtant, c'est que j'avais déjà abandonné le roman précédent de Joël Dicker. Il faut tout de même savoir que j'ai naturellement de la bienveillance pour cet auteur, qui a enthousiasmé mes élèves participant au Prix Goncourt des lycéens quand il l'a obtenu. Je ne sais pas si notre participation à ce jury aurait eu la même saveur sans lui. Mais là, j'aimerais bien qu'il passe à autre chose, peut-être a-t'il besoin d'explorer d'autre lieux et d'autre thèmes. 
Date de parution : 
06 Juin 2018
- Éditeur d’origine : 
Editions de Fallois
Durée : 
18h21



Merci à Audiolib
Je ne peux vraiment pas le conseiller à qui que ce soit. 

                                              

dimanche 15 juillet 2018

Ma go-list

Là tout de suite, vous pouvez vous télé-transporter quelque part, pour une semaine de vacances sans personne et sans aucune contrainte, vous allez où ? Là, tout de suite, je ne pars pas une semaine seule en vacances. Il faut s'aimer beaucoup pour savoir vivre sans les autres ou alors il faut avoir besoin de méditer sur soi-même. Aucune de ces deux options ne s'applique à moi pour le moment (mais j'ai songé un moment à randonner seule, peu importait où). 
Un endroit pour résider une fois que vous aurez arrêté toute activité professionnelle ? C'est une question que je me suis déjà posée. Impossible d'y répondre puisque la réponse est liée à des contingences que je ne connais pas : où seront mes enfants ? Mes amis resteront-ils en Normandie ? Où vivra celui qui, alors, ensoleillera peut-être mes journées ?  Dans l'absolu, j'aimerais sans doute davantage de chaleur (quoique cet été, je suis comblée) mais je ne suis pas certaine d'avoir un jour envie de quitter ma belle Normandie. 
Cabourg

Le Bec-Hellouin

Etretat


Yport
Le pays qui fait rêver tout le monde mais pas vous ? Le Canada. Le froid ne m'attire pas et ce que m'en disent ce qui y sont allés me fait trop penser aux Etats-Unis pour me donner envie. 
Un voyage à offrir à quelqu’un que vous n’aimez pas? Evidemment non. Mais pour répondre à l'esprit de la question, je dirais un pays asiatique, la Corée du Nord peut-être. Et comme je suis, comme toujours, paradoxale, c'est évidemment en Asie que je poserai mes valises cet été. 
L’endroit pour aller roucouler quand  on tombe amoureux ?  La prochaine fois que je tomberai amoureuse, j'aimerais découvrir un endroit que je ne connais pas. Et comme nous serons deux à choisir, je ne peux pas savoir où nos envies nous mèneront. Je me rends compte que spontanément, j'ai de moins en moins d'envies irrésistibles de destinations, celle de cet été étant l'une des dernières. Il reste peut-être Malte et Yellowstone. Mais les envies s'inventent.
Binic
Un coup de coeur en France? Ils sont nombreux. Ma région bien sûr mais aussi Paris, les côtes bretonnes et je sens que Lille va grimper dans le haut de ma liste. 
Côte bretonne (GR 34)
Montmartre
Côte bretonne (GR 34)
       
Montmartre
Lille
 
Enfin une capitale européenne  qui vous a déçue ou disons pas emballé plus que ça ? J'ai détesté Amsterdam. Les gens qui cuvent leur nuit arrosée le matin quand je prends mon petit-déjeuner, très peu pour moi. Les champignons et autre hallucinogènes partout dans les vitrines, très peu pour moi. Tout comme d'autres "produits" exposés en vitrines. 
Merci à Mind the Gap pour l'idée. 

Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...