mardi 30 août 2016

Ce qu'il nous faut c'est un mort d'Hervé Commère

Au fond de lui, William vit à nouveau sa couleur comme un défi quotidien. Au fond d'elle, parfois jusqu'en surface, Françoise la vit comme une croix qu'on l'oblige à porter. 

12 juillet 1998, la France est en liesse, la France est championne du monde (non, ce ne sont pas seulement les sportifs qui deviennent champions dans ces cas-là, mais une nation entière même ceux qui n'ont pas sué une goutte depuis trop longtemps- seuls quelques grincheux font la fine bouche). Cette nuit-là va pourtant marquer la fin de l'innocence pour cinq personnages de ce roman: Marie qui se fait violer par un garçon qui semblait pourtant charmant et lui avait tapé dans l'oeil, Vincent, Patrick et Maxime qui à la suite d'une soirée arrosée, vont percuter une jeune fille. 

Ce livre est un polar sans aucun doute, puisqu'il y va y avoir un meurtre, un enquêteur et des suspects. Pourtant, on en arrive presque à l'oublier pendant la moitié de la lecture parce qu'il est aussi et peut-être surtout l'histoire d'un village normand (qui pourrait être de toutes autres région sans que cela ne change grand chose à la crédibilité) dont la prospérité va aller grandissant après le développement d'une entreprise de sous-vêtements (l'auteur précise que son inspiration vient des usines Lejaby). Après l'âge d'or que vivent les ouvrières sous la direction d'un patron qui profite de ses gains pour mettre à leur disposition des logements gratuits vient forcément un moment où les héritiers n'adhèrent plus aux valeurs de celui qui fut à l'origine de leur fortune. En faisant fortune, Gaston Lecourt change à jamais la vie des habitants mais aussi celle de ses descendants qui ne seront pas éduqués dans le même contexte et les mêmes valeurs qu'il ne le fut. J'ai trouvé cette partie, qui est très développée, passionnante. J'ai même, pendant les 3/4 du roman pensé que c'était un très bon roman. Malheureusement pour moi, le dernier quart a gâché mon impression pour des raisons que je peux difficilement développer parce qu'elles ont trait à l'une des "victimes". J'ai beau être normande, j'ai beaucoup apprécié sa comparaison de ce village à Marseille, cette démonstration qu'il est bien plus facile de s'intégrer dans une ville métissée que dans un petit village. Ce thème de l'intégration est à mon avis très bien traité, et notamment quand William se rend compte que lorsque d'autres personnes se souviennent de lui enfant dans ce village, il se sent appartenir au village. En fait, j'ai beaucoup aimé tout ce qui a trait à la chronique du village mais pas l'intrigue policière qui est pourtant bien ficelée, rien à redire là dessus mais pour moi, les personnages sont trop lisses (alors même que l'auteur me pointerait sans doute du doigt leurs aspérités, leurs faiblesses, mais ça ne leur donne pas, à mes yeux, de relief, si j'excepte William qui est le seul à avoir pris vie sous mes yeux). Il n'en reste pas moins que je suis sûre que ce polar plaira beaucoup et que mon manque d'enthousiasme pour la fin ne gâche pas totalement la qualité de la chronique villageoise et de l'écriture d'Hervé Commère dont j'avais lu Des ronds dans l'eau. A mon avis, ce livre-ci est plus abouti. Et malgré mon bémol, j'ai dévoré ses 500 pages en deux jours. 
C'est un très bon roman pour Hélène

Publié en mars 2016 chez Fleuve Noir. 

Merci au jury de septembre du Prix des lectrices de Elle. Cela reste pour moi un bon choix d'avoir sélectionné ce roman. 
A conseiller à ceux qui aiment les polars qui ne se concentrent pas seulement sur l'intrigue policière. 


9 commentaires:

  1. Pourquoi pas ? Je suis certaine qu'il va y avoir de très bons choix dans cette nouvelle édition du Prix Elle ! :-)

    RépondreSupprimer
  2. Malgré tes bémols, ça reste tentant :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ecoute, j'en suis contente car j'ai été conquise par une bonne partie du livre.

      Supprimer
  3. Réponses
    1. Tant mieux, mon but n'est pas de décourager car j'ai aimé ce roman.

      Supprimer
  4. J'adore le titre ! Ce que tu dis de ce roman me tente.

    RépondreSupprimer
  5. Remarqué aussi dans la sélection de ELLE je l'ai acheté aujourd'hui sur tes conseils

    RépondreSupprimer

Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...