vendredi 27 avril 2018

Dans les angles morts d'Elizabeth Brundage

Elle avait croisé des gens comme lui toute sa vie. Le genre de type sorti indemne de l'adolescence, sans trace ou cicatrice visible, sans histoire apparente. 

George Clare rentre de son travail et retrouve sa femme assassinée et sa fille endormie. Il prétend évidemment qu'elle était bien vivante à son départ le matin même. Pour la police, le mari est souvent le premier suspect. La maison dans laquelle la famille Clare vivait avait déjà abrité un drame puisque les précédents propriétaires s'y étaient suicidés, laissant trois garçons à la charge d'un oncle.
J'aime souvent les histoires qui font la part belle aux maisons et ce roman ne fut pas une exception. Elle relie les Clare et les trois garçons et le destin de ces deux familles maudites. Ce qui les rassemble tous, surtout, c'est un mariage mal assorti parce qu'on le sent très vite, George Clare et sa femme ne s'aimaient plus. Ce roman qui pourrait être classé dans les romans noirs est un roman d'ambiance. On y avance petit à petit, on s'immisce dans ces vies, découvrant les failles des uns et des autres. Soyons honnête, on sent le patte féminine, les failles sont toutes masculines mais ce sont les trois garçons (un enfant et deux adolescents) qui réhabilitent la gente masculine. On sent l'ambiance s'alourdir dans les deux intrigues et la pression que subissent les femmes. Je ne m'attendais pas à une telle fin dans ce roman et j'ai été agréablement surprise. C'est un roman que je recommande, quand on a le temps, car on y entre lentement mais sûrement. C'est l'histoire d'une époque, celle au cours de laquelle les femmes restaient encore souvent à la maison, et celle d'un lieu, l'Amérique rurale. C'est l'histoire de ce qui peut se passer quand il est difficile de quitter une relation néfaste dans laquelle aucune des deux parties ne trouve plus son compte, et du poids qu'on fait porter aux enfants. 
Tous les parents sont coupables de quelque chose. On fait ce qu'on peut pour réparer. Parfois, ça marche. D'autres fois, hélas, on est obligé de lâcher. 

Publié en janvier 2018 à La Table Ronde. Traduit par Cécile Arnaud. 528 pages. 

Merci au Prix Elle des lycéennes. 
A conseiller aux amateurs de maisons "hantées". Celle-ci m'a rappelé une maison devant laquelle je passe en courant et que je ne peux revoir sans penser au drame qui s'y est un jour produit. Je me demande toujours comment on peut vivre dans un lieu autant chargé de violence. 

21 commentaires:

  1. Je vais suivre ta recommandation et le noter pour quand j'aurais un peu de temps!

    Je ne le pensais pas aussi volumineux...

    Tu m'intrigues avec cette histoire de maison hantée...

    RépondreSupprimer
  2. C'est vrai qu'on y entre lentement dans ce roman... Je suis ravie qu'il t'ait plu, je l'ai aimé même si ce n'est pas mon favori...

    RépondreSupprimer
  3. Brrrrrr, ça fait froid dans le dos. Ce n'est pas pour moi, je suis bien trop chochotte! :-P

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ah, je crois que la personne avec qui j'ai passé le week-end n'aimerait pas non plus, pour la même raison.

      Supprimer
  4. Il est noté depuis un petit moment celui-ci !

    RépondreSupprimer
  5. Hum j'hésite, si j'ai bien compris pas de 'fantômes' mais des événements passés qui pourraient...? Une des maisons de ma rue a connu un suicide, mais je n'y pense guère...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La maison dont je parle a été le témoin d'un double drame qui impliquait un enfant qui avait été dans la classe de mon fils. Ce n'est pas facile à oublier.

      Supprimer
  6. J'aime aussi quand les maisons sont importantes dans une histoire.

    RépondreSupprimer
  7. L'ambiance a l'air réussie. Un livre à lire quand il fait très chaud et que l'orage va éclater.

    RépondreSupprimer
  8. Ce n'est pas tellement le genre de lecture que j'aime mais tu m'intrigues avec cette histoire d'ambiance et de maison.

    RépondreSupprimer
  9. Un gros coup de cœur pour moi ce roman, je n'ai eu pour ma part aucun mal à y entrer, ça a tout de suite fonctionné ^_^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On ne l'a pas beaucoup vu sur les blogs, il me semble.

      Supprimer
    2. Non, tu as tout à fait raison et c'est vraiment dommage, il me semble avoir lue un autre billet, oui mais où ?!! ^_~

      Supprimer
    3. J'ne ai lu chez Les livres de Joelle.

      Supprimer
  10. Bonjour Valérie, je viens de le terminer ce matin: j'ai adoré. J'écris un billet à venir. Plus que la maison hantée, j'ai été touchée par le destin de tous les personnages, George, un pauvre type, médiocre et raté et dangereux qui aura réussi une seule chose dans sa vie: sa fille Franny Sinon Krol en dit aussi beaucoup de bien. Bonne après-midi.

    RépondreSupprimer

Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...