jeudi 7 décembre 2017

Le cœur battant de nos mères de Britt Bennett

Tous les grands secrets ont un goût particulier avant d'être révélés, et si nous avions pris la peine de faire tourner celui-ci dans notre bouche, nous aurions peut-être perçu l'aigreur d'un secret pas assez mûr, cueilli trop tôt, chapardé et transmis précocement. 

Nadia est une ado dont la mère s'est suicidée en se tirant une balle, sans laisser d'explication. Ses relations avec son père sont très distantes, peut-être ressemble-t'elle trop à sa mère pour qu'il puisse vraiment la regarder sans souffrir. Elle aime se perdre dans les bras des garçons mais elle se verrait bien rester un peu plus longtemps dans ceux de Luke, le fils du pasteur. Quand elle tombe enceinte, elle décide de ne pas garder cet enfant.

Ce roman nous entraîne dans une petite communauté noire-américaine dans laquelle tout le monde se connaît et sait tout sur les autres. De nombreux chapitres débutent d'ailleurs par un chœur féminin, celui de ces femmes d'expérience de la communauté qui observent et connaissent les mécanismes du cœur, qui connaissent aussi les hommes. Rien d'original dans le traitement de l'intrigue qui se lira et se laissera certainement oublier assez rapidement. Brit Bennet y traite de nombreux sujets qui ont, à mon avis, pour point commun les conséquences des choix sur la vie, celui de l'avortement bien sûr, mais aussi du suicide de la mère ou du manque d'amour maternel. Elle semble vouloir nous montrer qu'aucun choix n'est ni bon, ni mauvais et que tout le monde doit vivre avec ses blessures. En le lisant, je me suis dit que ça ferait un bon téléfilm, ça en dit long sur le manque de style du roman, même si certaines phrases  m'ont paru belles:
Elle refusait de le laisser enterrer son sentiment de culpabilité en elle. Elle ne servirait plus jamais de lieu de sépulture à un homme. 
Peut-être que l'aspect qui m'a le plus intéressée, c'est la façon dont l'homme vit cet avortement et cette bague de virginité, que je trouve fascinante et effrayante. J'ai par contre, comme toujours, eu du mal avec les phrasess clichés comme: 
En vieillissant, une fille se rapproche de sa mère, jusqu'à ce qu'elle se fonde peu à peu en elle, comme un patron de couture. Mais un fils devient irrémédiablement autre chose. 


L'avis d'Hélène, qui l'a lu dans le cadre du Prix Elle,  rejoint le mien. 
Publié chez Autrement le 30 août 2017- 368 pages. Traduit de l'anglais par Jean Esch. 

Merci au prix Elle des lycéennes. 


19 commentaires:

  1. Mouais je sens que ma LAL s'en sort...

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  2. Il a l'air bien ce livre là. il me rappelle un peu Marie Laberge !

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  3. Je suis nettement moins critique que toi. J'ai trouvé cette jeune femme touchante et sa trajectoire de vie intéressante.

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    1. Je crois que je l'oublierai vraiment très vite, c'est sans doute ce qui me gêne le plus.

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  4. Tiens, je n'ai jamais rencontré ce bouquin et je ne connais pas l'auteur...
    Bonne fin de semaine.

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  5. Je pense l'emprunter à la bibliothèque, "pour voir". ;-)

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  6. Pas tentée non plus, les phrases clichées me font fuir.

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  7. J'y ai cru à ce livre à l'annonce de sa parution mais très vite, j'ai entendu et lu des avis qui m'ont calmée. Rien du style lynchage mais oui, plutôt le genre intéressant pas le livre du siècle. Téléfilm ça en donne bien l'idée.^^ Bon, ma PAL en est ravie quelque part.^^

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    1. C'est sûr que ce n'est pas bon signe quand on se dit qu'on préférerais le voir à l'écran.

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  8. Je crois que tu as trouvé la bonne formule en évoquant le téléfilm qui pourrait être tiré de ce roman. Comme quoi, malgré le filtre de la traduction, les premiers romans étrangers ne sont pas forcément plus enthousiasmants que les premiers romans français.

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