mardi 6 mars 2018

En camping-car d'Ivan Jablonka (RL janvier 2018 n°5)

La première fois que j'ai entendu parlé de ce livre, c'était lors de la nuit de la lecture à la médiathèque. Je n'ai jamais voyagé en camping-car, ça ne m'a jamais tentée mais je suis d'un milieu social dans lequel c'est le mode idéal pour partir en vacances chaque année. J'ai donc un oncle et deux cousines qui en posséd(ai)ent un. Ivan Jablonka a lui aussi voyagé pendant une dizaine d'années dans un camping-car et pourtant, il n'est pas du tout issu du même milieu social que le mien. Sa mère était prof de français, latin, grec et son père, orphelin, avait réussi à se hisser sur l'échelle sociale. Mais nous sommes dans les années 80 et sans doute, ce ne sont pas les mêmes personnes qui utilisent ce moyen de locomotion. Et puis, là où ma famille se contente de sillonner la France, ce sont les Etats-Unis, la Grèce ou le Maroc que traversent la famille Jablonka. Ce livre est à la fois une chronique de voyages et une étude sociologique d'un mode de vie, car la famille Jablonka ne part pas seule. C'est une expérience de vie semi-communautaire. Je n'ai pas été franchement emballée par ce récit et pourtant, Jablonbla ayant à peu près mon âge je suppose, il décrit une époque qui m'est familière. Ce que j'ai préféré, c'est la sensation de totale liberté qui s'oppose à ces études faites avec un profond sérieux, et aussi, dans ses lectures, son opposition entre ses lectures plaisir (Jules Verne) et celles imposées par sa prépa (Proust). Et puis, il y a un passage qui m'a grandement touchée parce qu'il y parle de lui mais en fait aussi de moi, parce le silence lui a autant pesé qu'à moi, parce que les parents, souvent, n'aiment pas revenir sur ce qui fait de leurs enfants des êtres éminemment imparfaits. 
Un bloc de pierre s'est détaché au-dessus de moi, mais cet écrasement ne suffit pas, ma faute est inexpiable. 
Nous n'en avons jamais reparlé. [...]
Je suis un petit garçon sage et obéissant. J'écoute ce qu'on me dit. Je suis content de contenter les autres. Je ne fais pas de vagues. Mon père a assez souffert comme ça. Ma mère attend de moi la perfection. Je suis en proie à la quête de la perfection, la maladie des aînés. [...] J'étais l'incarnation du bon fils et je le suis resté pendant des décennies. 

Publié en janvier 2018 aux éditions Actes Sud. 180 pages. Cathulu est aussi mitigée. 

A conseiller à ceux qui veulent prendre l'air.
Merci Nathalie (qui l'a beaucoup aimé). 

27 commentaires:

  1. J'avais très envie de le lire et puis au fil des billets mitigés, je ne sais plus ..

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    1. La personne quo me l'a prêté l'a beaucoup aimé. Mais il me semble que c'est un livre assez générationnel.

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  2. J'espère le lire, il sera à la bibli (même si je n'ai pas voyagé ainsi quand j'étais enfant (en fait, je ne voyageais pas)

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  3. Je ne l'avais pas retenu suite à l'avis de Cathulu, tu confirmes que je ne le lirai pas !
    Beaucoup de bleu ici aussi...

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    1. Je viens de comprendre que tu fais référence à ta photo. Oui, le bleu est ma couleur.

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  4. je n'ai pas été non plus très enthousiaste...

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  5. J'ai beaucoup aimé Laëtitia, de cet auteur, mais ce titre ne me tente pas, je suis plutôt toile de tente !

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  6. Il est vrai que le camping car renvoie aujourd'hui une image de "bof attitude". Je ne suis donc pas très attirée par ce livre même si, comme tu le soulignes ce mode de vacances était choisi par une population et des motivations différentes "autrefois".

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    1. Oui, sans doute. Ça reste surtout une manière, pour certains, de pouvoir partir.

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  7. Il a l'air plus psychologique qu'il n'y parait.

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    1. C'est peut-être surtout que c'est ce que j'ai voulu en retenir, les non-dits (ou ce qui est dit), les failles derrière le bonheur.

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  8. En fait, j'ai beaucoup lu de critiques mitigée. PAs tentée...

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  9. C'est dommage, le sujet aurait pu donner quelque chose de très bien (j'ai des envies de voyages en ce moment). L'auteur est passé à la grande librairie, c'était plutôt intéressant.

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    1. Peut-être qu'il est très bien mais pas pour moi (et puis, les années 80, je crois que je sature).

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  10. Pas du tout mon truc non plus le camping car. Et pas du tout tenté par ce roman qui ne m'attire pas une seconde.

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  11. Le camping car est je crois le dernier truc au monde que j'aimerais avoir ou faire...rien de plus contraignant dans la réalité...
    Ceci dit, ce livre est original , tu varies les styles, c'est pas mal !

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    1. Oh tu sais, je varie dans plein de domaines, c'est un peu ma spécialité!

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    2. Faudrais développer ça dans un article...ça varierait un peu :D :D

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    3. Merci, dis qu'on s'ennuie.
      Je l'intitulerais: "Pourquoi je préfère les romans aux essais mais ne sait pas choisir entre les hommes et les femmes". Ça attirerait sans doute quelques lecteurs. ;-)

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  12. Gamin, je rêvais de vacances en camping-car ! Maintenant, beaucoup moins bizarrement...

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    1. Alors moi jamais ! Etre confinés avec mes parents et ma soeur pendant des semaines m'aurait semblé insupportable!

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