jeudi 1 mars 2018

Carnets I d'Albert Camus

Aujourd'hui n'est pas comme une halte entre oui et non. Mais il est oui et il est non. Non et révolte devant tout ce qui n'est pas larmes et le soleil. Oui à ma vie dont je sens pour la première fois la promesse à venir [...]; l'incertain de l'avenir, mais la liberté absolue à l'égard de mon passé et de moi-même. Là est ma pauvreté et ma richesse unique. C'est comme si je recommençais la partie; ni plus heureux, ni plus malheureux. Mais avec la conscience de mes forces, le mépris de mes vanités, et cette fièvre lucide, qui me presse en face de mon destin. 

Je continue mon exploration de l'oeuvre de Camus par ses carnets publiés après sa mort. Le premier volume concerne les années 1935 à 1942, avant qu'il n'atteigne donc l'âge de trente ans. Pendant ce temps, il écrit Noces, L'Etranger et Le Mythe de Sisyphe. Des trois, je n'ai lu que L'Etranger. Ces carnets sont composés de notes souvent brèves, de citations d'autres auteurs, de réflexions sur d'autres auteurs (il y a quelques passages sur Shakespeare, auteur que je ne m'attendais pas à retrouver ici). J'ai été étonnée d'y découvrir dans les premières entrées beaucoup de questionnement autour du bonheur. J'avais l'impression qu'on ne s'interrogeait pas si jeune sur le bonheur, que cela venait avec l'âge. Je suppose que cela varie d'un individu à l'autre. Il y a peu de passages réellement littéraires, plutôt des ébauches de ce que deviendra Meursault ou L'Etranger par exemple, mais tout de même parfois, des phrases subliment tout, comme celle qui ouvre ce billet. On apprend forcément à mieux le connaître au détour de certaines phrases, avec parfois l'arrogance de sa jeunesse:
Je finis toujours par avoir fait le tour d'un être. Il suffit d'y mettre le temps. Il vient toujours un moment où je sens la cassure. Ce qui est intéressant, c'est que c'est toujours au moment où devant une chose, je le sens "non-curieux". 
Je retiens aussi ce joli voeu pieux, transposable au masculin: 
Renoncer à cette servitude qu'est l'attirance féminine. 

Publié pour la première fois en 1962 chez Gallimard. 

Merci à C. pour le prêt.  
A conseiller à ceux qui veulent butiner un peu l'homme et l'auteur (c'est l'impression que ça m'a donné, de le butiner). 


20 commentaires:

  1. C'est un auteur que je dois lire absolument !

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  2. Je n'ai lu que l'Etranger commme toi. J'en ai 5 ou 6 de romans et d'essais de camus dans ma PAL ( comme le premier hommme etc...) mais je n'ai aps encore eu le temps de me pencher dessus... J'ai l'impression que tu as un rythme de lecture mille fois plus élevé que le mien

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    1. J'ne ai lu d'autres que L'Etranger mais seulement celui-ci dans la période qui correspond à l'écriture de ce roman. J'ai très envie de découvrir sa correspondance avec Casares.

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  3. L'Étranger reste un grand souvenir.
    Comme toi, j'ai l'intention de lire sa correspondance avec Maria Casares.

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    1. Moi, c'est La peste qui reste ma claque.
      Une amie le lit. Elle me dit qu'il est plein de réponses sur sa manière de travailler. J'aime bien découvrir ce livre à travers son enthousiasme. Après, je pourrai le découvrir vraiment.

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  4. Tu butines Camus, toi maintenant ? ;-)

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  5. J'aime bien butiner. Et comme butiner inclut la notion de se nourrir, oui j'ai butiné Camus ;-).

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  6. j'ai acheté ces carnets comme toi et je puise dedans au gré de mon humeur ou d'un sujet de lecture

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  7. Pourquoi pas si je tombe dessus. J'aime bien Camus, l'auteur, l'homme.

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    1. Difficile de résister à l'homme et à ses convictions.

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  8. Sur ma liste, j'ai noté la correspondance de Camus et Casarès.J'ai comme l'impression que cet amour-là, il n'a pas eu le temps d'en faire le tour.

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    1. Je l'ai offert, cette correspondance. La lectrice qualifie ce livre de "puissant".

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  9. L'attirance certes, mais disons plus génralement la dépendance sentimentale...
    Bon toujours pas lu l' Etranger , mais je le ferai un jour !

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    1. Lu...je ne sais plus quand, il y a très longtemps, pas le moindre souvenir !

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    2. Ah c'est fou, ça ! Parce que le thème est quand-même très particulier (bon, moi, je l'ai lu trois fois).

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  10. L'étranger, la peste, la chute, j'ai eu la chance d'étudier ces textes à la fac, cela m'a offert un regard très profond sur l'homme et sur son oeuvre.

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    1. La peste, je l'ai étudié au lycée avec une prof géniale. J'aurais aimé en étudier d'autres.

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