dimanche 16 octobre 2016

Comment tu parles de ton père de Joann Sfar


Au CM2, j'ai souhaité faire plaisir à mon père en tombant amoureux d'une Juive. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts. Il n'y en avait qu'une dans l'école  et Dieu, pour m'éprouver, l'avait affublée d'un nez rébarbatif. 

Au moment où Joann Sfar commence son récit, son père vient de mourir. L'auteur mêle les souvenirs du passé avec les moments plus récents, ceux qui suivront la mort du père, un père qui ne fut pas un port d'attache puisqu'il dit qu'il se sentait mieux dans la famille de sa femme que dans la sienne, mais dont la disparition lui rappelle tout de même qu'après la mort de sa mère quand il avait trois ans, ce fut lui qui l'éleva. Dans cette première partie, écrite un an avant la deuxième, Joan Sfar est tendre et drôle. Tendre envers son père mais pas au point de gommer les défauts de cet homme qui n'accepta jamais totalement la mère -non juive- de ses petits-enfants. Tendre aussi envers cette femme qui justement lui donna ses enfants et dont il est pourtant séparé.  Drôle quand il parle de religion et dans un monde où l'athéisme me semble parfois en voie de disparition, moi qui ai connu des adultes de la génération de mes parents pour qui être athée était un acte de rébellion, presque un acte militant, ça m'a fait du bien cet athéisme ou plutôt cette distance irrévérencieuse mais tendre qui n'est ni rejet, ni critique. Certaines phrases choqueront sans doute et ce sont sans doute celles que j'ai le plus aimées. Et puis, il y a aussi ce Joann Sfar qui devient presbyte  et qui associe cette infirmité au début du déclin, comme il le fut pour son père. J'ai donc adoré les 100 premières pages de ce livre. Puis, Johann Sfar raconte qu'un an après avoir posé son stylo, ou plus vraisemblablement d'avoir abandonné son clavier, son éditrice lui suggère de reprendre ce qu'il a laissé inachevé. Dommage parce que ce qui suit n'est pour moi qu'aigreur et règlements de compte: envers son ex-fiancée, celle qui l'était encore dans la première partie ou envers l'un de ses producteurs. Ce n'est plus drôle, plus tendre, c'est pathétique. Eva et Moka n'ont pas aimé.

Publié le 17 août 2016 chez Albin Michel. 160 p.

Merci au magazine Elle.
A conseiller à ceux qui aiment l'humour un peu grinçant. 








19 commentaires:

  1. Ouais ben... plus je lis d'avis et moins j'ai envie de le lire.

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    1. Pourtant le mien est plus positif que bien d'autres. ;-)

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  2. Je n'ai plus franchement envie de le lire après ce que tu en dis. Je l'avais repéré dans les sorties de la rentrée sans en faire une priorité

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    1. Ah zut, pourtant, j'ne ai beaucoup aimé les trois quarts.

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  3. Tu connais déjà mon avis sur le livre...c'est dommage, car comme tu le soulignes, il y a de très belles phrases, et des réflexions percutantes..mais, à mes yeux, tout est noyé dans cet humour un peu forcé, et effectivement la fin du livre avec l'épisode du producteur (qui tombe comme un cheveu sur la soupe) m'a vraiment gonflée...Dommage, car Joann Sfar est un artiste talentueux, et j'en attendais plus de sa part.

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    1. Pour une fois que je suis dans le camp minoritaire de celles qui aiment plutôt, ça me change.

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  4. J'ai juste envie de retenir le mot "pathétique"...

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    1. C'est dommage parce que ça réduit mon billet à ce qu'il n'est pas.

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  5. Pas très intéressée, mais j'admire ton effort pour en parler objectivement.

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    1. Je ne suis pas sûre d'être objective mais je suis sans a priori sur l'auteur.

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  6. Bonsoir,
    Excuse moi de te déranger encore, as-tu vu mon message au sujet d'audiolib ? Peux-tu me répondre ? Cordialement,maggie ( 1001classiques.canalblog.com)

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  7. Excuse-moi du dérangement ! Mon pb est régé ! Désolée encore.
    bonne soirée,
    Maggie

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  8. Je ne l'ai encore jamais lu cet homme là, j'aime l'humour grinçant mais je ne suis pas plus tenté que ça pour le moment.

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    1. Je trouve qu'un peu d'humour grinçant fait du bien parfois.

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  9. J'ai aimé son Chat du rabbin, et c'est à peu près tout. Il m'agace lorsqu'il parle, dessine et écrit...

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    1. Je crois qu'il peut donner l'impression qu'il a la grosse tête. ;-)

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