mardi 28 février 2017

Chez nous de Lucas Belvaux

Pauline est infirmière à domicile à Henard, dans le nord de la France. Séparée de son mari qui ne s'occupe guère des enfants, elle porte tout à bout de bras, y compris son père communiste qui souffre d'hypertension et refuse de manger sainement. Deux événements importants viennent bousculer sa vie au même moment: elle retrouve son amour de jeunesse et le médecin de famille lui propose de se présenter en tête de liste des municipales. Oui mais, ce sera pour le parti du Rassemblement Populaire. Quant à son petit ami, elle ne sait pas (contrairement au spectateur), qu'il est très proche d'un mouvement néo-nazi.
Le problème de ce type de films, c'est que ceux qui vont le voir ont peu de risques d'être séduits un jour par le FN mais il me semble qu'y aller avec des ados peut avoir un impact. Il n'est pas manichéen; Pauline, la candidate du Rassemblement Populaire ne suscite que notre sympathie. On sent qu'elle est manipulée mais on comprend aussi comment elle se fait avoir. Son groupe d'amis est lui franchement antipathique et la conversation autour d'un barbecue qui vire au racisme primaire est malheureusement très réaliste. Même Stanko, qu'on voit pourtant dans une scène de ratonnade inoubliable, peut être adorable, notamment avec les enfants, même si sa vision d'un après-midi de détente avec un enfant n'est pas du tout conforme à la mienne. Le film montre bien que le FN manipule aussi les candidats qu'il présente dans les petites villes et surtout, il dénonce les liens du parti avec les groupuscules extrémistes. 
On en sort groggy, même si on sourit parfois et qu'on apprécie les clins d'oeil (à Patrick Cohen notamment). Mais en cette période pré-électorale, on a bien du mal à sourire. J'ai aimé la scène finale qui montre que d'autres formes de communion existent, dans le sport notamment. Les acteurs sont excellents, notamment André Dussolier qui décidément vieillit très bien et Guillaume Gouix que j'avais découvert dans la série Les Revenants. C'est aussi un coup de cœur pour Canel. Mon seul bémol est pour Catherine Jacob mais c'est une actrice qui ne m'a jamais convaincue. 

Sortie: 22 février 2017


Merci à B, P, H, N et F pour ces discussions démoralisantes mais enrichissantes sur le meilleur candidat pour battre le FN (ça fait tellement du bien de voir qu'on peut encore ne pas être en accord sur un candidat et écouter avec intérêt les arguments des unes et des autres).
A conseiller à tous; malheureusement, les spectateurs présents sont déjà des convaincus. 

                                                               
  

dimanche 26 février 2017

Voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue

Jende Jonga a quitté sa ville natale de Limbé au Cameroun pour réaliser son rêve: émigrer à New-York. A force de travail et d'abnégation, mais aussi grâce à l'aide financière de son cousin, il est parvenu à faire venir sa mère et son fils. Jende fait le taxi pendant que sa femme, très motivée, poursuit des études pour devenir pharmacienne. Et puis, en 2007, la chance leur sourit puisque Jende est embauché en tant que chauffeur par un riche homme affaire qui travaille pour Lehman Brothers. Il ne compte pas ses heures, obéit aussi bien au patron qu'à ses fils mais en échange, il gagne suffisamment pour mettre de l'argent de côté. Et de l'argent, il va lui en falloir parce qu'il a besoin d'un avocat pour rester sur le territoire américain. 
Vous allez dire, oui, c'est une énième version du rêve américain. Certes, mais en plus de nous présenter une galerie de personnages vraiment attachants et pourtant capables d'actions moralement répréhensibles, autant du côté des immigrés que dans la famille riche de l'employeur, Imbolo Mbue parvient à faire un tableau tout en nuances dont le dénouement est n'est pas totalement un constat d'échec. Parmi les portraits qui m'ont particulièrement marqués, il y a celui de
la femme de Jende qui travaille dur pour réussir et doit affronter les remarques acerbes d'un doyen lui disant que vu sa situation d'immigrante sans le sou, elle devrait revoir son ambition à la baisse. Et il y a Vince aussi, le fils aîné né du bon côté qui refuse de se laisser enfermé dans le moule américain. Il y a bien sûr une dénonciation pas toujours originale (mais sans doute fondée) sur le manque de culture des américains qui leur fait prendre l'Afrique pour un seul pays et penser que tous les pays africains sont proches et interchangeable. Ce roman fut pour moi une agréable surprise quand je l'ai lu et le plaisir fut décuplé par la lecture qu'en fait Julien Chatelet. C'est un lecteur qui ne m'a jamais déçue (en plus, il est charmant, j'ai eu la chance d'échanger quelques mots avec lui lors d'un précédent prix Audiolib). Lu dans le cadre du Prix Audiolib 2017. Sandrine partage mon enthousiasme. 

Un livre audio lu par Julien Chatelet- Vous pouvez en écouter un extrait ici
Traduit par Sarah Tardy
Date de parution : 
15 Février 2017

Durée : 
11h57

jeudi 23 février 2017

Le séducteur de Jan Kjærstad

Et pour s'assurer de ne rien perdre de ce surplus d'énergie, il intensifia les mouvements de sa langue, Nina H. s'agrippa alors aux patères au dessus de sa tête et se suspendit pratiquement en l'air tandis que le plaisir montait et que son corps athlétique se tordait, comme pour sauter en ciseau, et pendant tout ce temps, elle souriait les yeux fermés, si bien que ce jour-là, en la regardant, Jonas la vit pour la première fois telle qu'il la reverrait si souvent par la suite à la télé, les bras levés et la tension de son visage dissoute dans un sourire éclatant alors qu'elle franchissait la ligne d'arrivée, en première position généralement. 

Jonas Wegerland rentre de voyage lorsqu'il découvre le corps de sa femme dans son appartement. Elle fut la femme de sa vie, même si sexuellement parlant, il en connut d'autres. Les chapitres nous ramènent régulièrement à ce moment où Jonas comprend qu'il ne partagera plus ses jours avec celle qu'il aime, tout en faisant des allées et venues dans le temps, balayant le parcours de celui qui fut une véritable tornade, assoiffé d'aventures de toutes sortes. Le fait qu'il ait été, parmi bien d'autres choses, un documentariste de renom nous permet de plonger dans l'histoire de son pays, la Norvège dont le narrateur nous dit et tente de prouver que la chance est tout bonnement le facteur le plus important de l'histoire norvégienne contemporaine. 

Il faut être prévenu, pour faire ce voyage littéraire, il faut du temps et une envie de se concentrer sur sa lecture. C'était exactement ce qu'il me fallait et je ne regrette pas ce très beau voyage en Norvège. Ce roman mélange les petites histoires, celles de Jonas, et notamment ses prouesses sexuelles, et la grande et je dois avouer que je ne connaissais rien à l'histoire de ce pays. Jan Kjærstad réussit  à nous faire sourire des actes sexuels qui jalonneront la vie de Jonas, en en faisant des tonnes dans certaines phrases, tout en les rendant beaux. C'est du moins mon avis. Jonas a une particularité: il n'est attiré que par des femmes exceptionnelles avec qui il ne fera souvent l'amour qu'une seule fois, mais quelle fois! Si Jonas est extraordinaire, il aussi entouré de personnages hauts en couleur comme sa grand-mère qui se prend pour Winston Churchill et d'une tante qui se passionne pour les pénis. On ne s'étonnera pas de voir mentionner Charles Bukowski dans ce roman foisonnant.

En écrivant ce billet, je découvre que ce roman de 1993 est le premier d'une trilogie qui montrera Joans sous divers aspects, et donc pas seulement comme cet être presque inhumain tant tout lui réussit.

Publié en France le 17 février 2017 chez Monsieur Toussaint Louverture.

Merci à l'agence Anne et Arnaud et à Monsieur Toussaint Louverture, notamment pour le marque-page très réussi qui accompagnait le roman. 
A conseiller à ceux qui ont du temps et qui veulent faire un beau voyage en Norvège.  

mardi 21 février 2017

La peur de Stefan Zweig, mise en scène d'Elodie Menant

Fritz et Irène sont mariés depuis plusieurs années et ont deux enfants. Le quotidien s'est peu à peu installé dans leur couple: il est très occupé par son cabinet d'avocats ouvert un an auparavant et Irène ne se sent ni valorisée, ni écoutée. Elle commence une aventure avec un musicien prénommé Edouard et un soir, une jeune femme se présentant comme la petite amie d'Edouard l'aborde, lui extorquant de l'argent en lui intimidant l'ordre de ne plus revoir Edouard si elle ne veut pas que son mari soit mis au courant de son infidélité. 
J'avais écouté cette nouvelle et je l'avais trouvée bien ficelée mais pas non plus inoubliable, preuve en est que j'avais oublié la chute et c'était très bien comme ça pour mieux apprécier cette pièce. Les acteurs savent faire monter la pression, Hélène Degy qui est Irène, joue parfaitement cette femme au bord de la folie, prise entre son désir de se libérer de son secret et donc de son maître chanteur et celui de ne pas mettre en son couple en danger en avouant sa faute. Les deux autres acteurs sont aussi très bons et le jeu de mise en scène avec les murs amovibles rend l'ensemble vivant. Nous avons vraiment passé un bon moment, assises au quatrième rang de l'orchestre. Pas de temps de s'ennuyer, d'autant que la pièce ne dure que 1h10, et comme elle commence à 19h, c'est parfait pour que la provinciale que je suis puisse reprendre son train du vendredi soir. Je dois aussi admettre que j'ai été fascinée par les vêtements d'Irène et encore plus par sa coiffure. L'avis d'Eva
Au théâtre Michel. 
Mise en scène, scénographie et adaptation : Elodie MENANT
Décor: Olivier DEFROCOURT 
Costumes:Cécile CHOUMILOFF et Sylvie LEFRAY
Lumières: Marc AUGUSTIN 
Graphistes: Mathieu STORTOZ et Salima GLAMINE
Distribution:
Dans le rôle d’Irène:Hélène DEGY
Dans le rôle de Fritz: Aliocha ITOVICH
dans le rôle de la femme mystérieuse:Ophélie MARSAUD



Merci à  Marjorie  d'avoir accepté de m'accompagner sans réfléchir et de m'avoir fait découvrir, juste avant,  le salon de thé du WH Smith qui fait de très bons scones. 
A conseiller à ceux qui pensent que Zweig est ennuyeux. 

dimanche 19 février 2017

Sans feu ni lieu de Fred Vargas

Et voici le retour les Évangélistes en livre audio! Louis Kehlweiler est sollicité par Marthe, une ancienne prostituée à qui il a fourni un emploi pour ses vieux jours, pour innocenter son petit protégé devenu grand, Clément Vauquer. Clément est ce qu'on appellerait méchamment l'idiot du village et quand il a été engagé pour monter la garde devant la porte de deux jeunes femmes, à qui il a ensuite dû apporter un pot de fleurs (et donc laisser ses empreintes), il a fait ce qu'on lui demandait sans réfléchir. Quand les deux femmes sont retrouvées assassinées, Clément est bien sûr le premier suspect mais Marthe ne compte pas laisser Clément entre les mains de la police. 

Quel immense plaisir de retrouver les Évangélistes dans un opus que je n'avais pas encore découvert, n'ayant pas remarqué que ce titre les mettait en scène. J'adore ce groupe d'hommes célibataires bougons, ainsi que Louis et Buffon, son crapaud. Dans ce tome, on s'attache beaucoup à Clément, un homme simplet qui, ayant suivi des cours dans l'école privée où il était jardinier, a un langage très particulier, à la fois touchant et drôle. Comme cela m'arrive fréquemment avec les livres audio de Fred Vargas, il m'est arrivé plusieurs fois d'éclater de rire. Et je tiens à souligner la performance exceptionnelle du lecteur, Philippe Allard, qui sait jouer tous les personnages sans en rendre aucun ridicule, même la femme et c'est un exploit! Le livre audio peut mettre en évidence des dialogues ratés; le dialogue étant un exercice particulier qui n'est vraiment pas à la portée de tous, il suffit d'avoir déjà tenté d'en écrire un pour s'en rendre compte. Mais il peut aussi donner vie à des romans dont la colonne vertébrale repose sur des dialogues qui sont des bijoux, et c'est bien le cas ici. Il ne me viendrait jamais à l'esprit de lire un Fred Vargas, je les écoute toujours. C'est le cas ici. Si Fred Vargas pouvait redonner vie à mes Évangélistes, ce serait franchement sympa de sa part. Vous pouvez en écouter un extrait ici.

Merci à Audiolib.
A conseiller aux amoureux des dialogues percutants. 

Date de parution : 
15 Février 2017
Durée : 
7h46






jeudi 16 février 2017

Américaines de Patrick Sabatier (non, pas le présentateur)

Ce livre est un catalogue de femmes qui ont compté aux Etats-Unis. Difficile donc d'en parler sans prendre quelques exemples choisis évidemment en toute subjectivité. 
Harriet Becher Stowe qui écrivit La Case de l'oncle Tom hébergea un fuyard qui suivait le chemin de fer souterrain (underground railroad) qui reliait le sud au nord et permettait aux esclaves d'accéder à la liberté. Si sa rencontre avec Abraham Lincoln est attestée, on ne sait pas s'il lui a vraiment dit: "C'est donc vous la petite dame qui a écrit le livre qui a déclenché la grande guerre". Quant à Sojourner Truth dont on peut voir la statue (que j'adore) à Harlem, je connaissais son combat pour libérer les esclaves mais je ne savais pas qu'elle fut la première femme noire à avoir porté plainte contre un blanc. Elle poussa aussi les noirs à sortir de l'assistanat et, comme Marcus Garvey, pensait que les noirs ne pouvaient vivre en harmonie avec les blancs et souhaitait la création d'un état noir. Une petite page est consacrée au procès Roe vs Wade qui légalisa l'avortement; je ne savais pas que Jane Roe était en effet le pseudonyme de la plaignante qui d'ailleurs milita plus tard contre l'avortement. Ce que je savais en revanche, c'est que c'est le conservateur Ronald Reagan qui nomma la première juge suprême, Sandra O'Connor, celle donc qui valida l'élection de Bush fils contre Al Gore.  Quant à Hillary Clinton à qui sont consacrées plusieurs pages intéressantes, j'ai été très étonnée d'apprendre qu'elle suivit d'abord le giron républicain familial, soutenant même l'ultra-conservateur, Barry Goldwater.
Ce livre dresse un portrait intéressant de l'évolution de la  société américaine à travers des destins de femmes qu'on connait peu, voire pas du tout. J'ai cependant eu du mal avec le côté catalogue qui m'a laissée sur ma faim. 

A conseiller à ceux qui aiment les visions globales. 
Merci au Grand Prix des lectrices de Elle. 




mardi 14 février 2017

Loving de Jeff Nichols

Demain sortira sur les écrans ce film qui retrace le parcours des Loving, couple mixte dans l'Amérique des années 60 qui fut à l'origine de la bataille juridique Loving vs Virginie à la Cour Suprême. Pour illustrer l'amour en ce jour de Saint-Valentin, ce film est parfait. Richard Loving vit dans un quartier où blancs et noirs se mélangent. Ses amis sont noirs, tout comme la femme qu'il aime. Lorsqu'elle tombe enceinte, rien n'est plus naturel pour lui que de l'épouser et de construire une maison dans laquelle vivre à deux. Ils se marient donc à Washington. Une nuit, la police les réveille et les emmène en prison. On leur laisse le choix entre passer un an en prison ou quitter l'état. Ils partent. Mais Mildred a le mal de sa famille et du pays et lorsque l'un de ses fils se fait renverser par une voiture, elle décide de retourner vivre cachée près des siens. Entre temps, elle est entrée en contact avec l'ACLU qui lutte pour les droits civiques et qui va sentir que cette affaire pourrait faire jurisprudence. Tout va donc être tenté pour cette affaire aille jusqu'à la Cour Suprême. 
J'avais peur que ce film ne joue la corde du mélo, ce qui m'aurait été insupportable. Ce n'est pas du tout le cas. Jeff Nichols se centre sur les scènes du quotidien pour mieux nous faire ressentir la peur et l'amour. Et c'est justement parce qu'il n'y a pas de pathos que Richard Loving, superbement joué par Joel Edgerton est bouleversant et qu'on finit par verser sa larme. Face à son ami noir qui ne comprend pas comment il peut choisir délibérément de se mettre dans le pétrin réservé aux noirs de l'époque, on sent que Richard Loving n'a pas le choix: il aime cette femme plus que tout. Il n'a pas plus choisi cet amour que son ami n'a choisi sa couleur. Le film aurait sans doute gagné à être un peu plus court. Nous sommes allées voir ce film à huit, entre adultes et ados, et les avis sont partagés entre un immense enthousiasme et des réserves sur la lenteur, avec des ados et des adultes dans les deux camps.

Sortie le 15 février 2017. 2h 03.


Un grand merci à Mars Productions pour cette invitation spéciale enseignants. 
A conseiller à ceux qui pensent que l'amour vaut bien un combat.   

dimanche 12 février 2017

Le dernier des nôtres d'Adélaïde de Clermont- Tonnerre

Si vous avez l'impression d'avoir déjà lu une chronique de ce roman sur ce blog, c'est normal: il fait partie des deux prix littéraires auxquels je participe mais cette fois, c'est en version audio que je l'ai redécouvert et il me semble que c'est un format qui convient davantage à ce roman.
A Manhattan en 1969, Werner Zilch, grand coureur de jupons, croise Rebecca dans un bar. Il en est immédiatement convaincu, il vient de rencontrer la femme de sa vie. Il n'a pas le sou mais une fortune qui devrait lui tomber bientôt dans le creux de la main grâce aux projets immobiliers sur lesquels il travaille avec son ami Marcus. Rebecca, elle, est une jeune fille fille de bonne famille. Le deuxième chapitre nous mène en Allemagne où Luisa décède, juste après avoir donné la vie à un petit garçon, Werner Zilch. Il est recueilli d'abord par des inconnus, puis par sa tante qui a quitté l'homme brutal qu'était son oncle.
L’enchâssement des deux récits fait qu'on ne s'ennuie pas en écoutant ce roman, ce n'est pas pour autant que je vais vous dire qu'il est indispensable. Si j'ai d'abord trouvé amusante la fougue de Werner, ce couple glamour a fini par m'agacer, jusqu'à ce que le personnage féminin gagne un peu en profondeur quand on découvre le parcours secret qui est le sien. On y croise un certain nombre de clichés de la romance: les obstacles pécuniaires (temporaires tout de même, il ne faut pas exagérer) et familiaux à l'histoire d'amour, les secrets de famille (un caché sciemment, l'autre perdu dans la doublure d'un manteau) et le coup de foudre bien sûr. J'ai apprécié les réflexions sur le thème de la vengeance et notamment cette idée assez originale, me semble-t'il, que faire justice soi-même,  c'est priver d'autres de justice.
Rémi Bichet rend le personnage légèrement agaçant, ce qui correspond à l'impression qu'il m'avait donnée en version papier. Sa lecture est réussie. Vous pouvez en écoutez un extrait ici. Lu dans le cadre du prix Audiolib 2017
Date de parution : 
18 Janvier 2017



Durée : 
11h44



 

jeudi 9 février 2017

Article 353 du code pénal de Tanguy Viel

Martial Kermeur est entendu chez le juge après avoir poussé à l'eau le promoteur immobilier qui lui a vendu un rêve, celui d'un appartement dans la station balnéaire qui devait voir le jour. Martial y a investi toute sa prime de licenciement, là où d'autres ont préféré s'offrir un bateau. Il n'est pas le seul à avoir commencé une descente aux enfers en suivant cet homme trop charismatique pour être honnête; c'est toute une communauté qui vacille quand le rêve s'écroule. 

Il est difficile de rester insensible à la fois à l'écriture de Tanguy Viel, que je découvrais avec ce roman, et au personnage de Martial Kermeur, qui ne commet qu'une seule faute, celle de faire confiance et sans doute d'oublier ses valeurs socialistes et qui le paie au prix fort. Non seulement son rêve matériel ne se concrétisera pas mais il lui fait perdre un ami et mène son fils derrière les barreaux. Le roman consiste en un long dialogue entre le juge et Martial Kermeur qui explique son geste et se clôt sur la décision du juge. On entre réellement dans la vie de ce village qui peine à trouver un équilibre après la fermeture des chantiers, qui aimerait ne pas avoir avoir à se résoudre à accueillir des promoteurs immobiliers mais qui ne trouve pas d'autre échappatoire pour faire vivre le village. Malgré tout, j'ai ressenti un peu d'ennui alors que le roman ne fait as 200 pages parce qu'il m'a semblé qu'à un moment, le roman tournait en rond. Je n'ai donc pas ressenti le même enthousiasme que Laure qui a été attrapée dans les filets du roman- C'est un coup de cœur pour Electra. Tiben l'a lu pour le Prix L'Express/ BFM TV. 
Publié en janvier 2017 aux éditions de Minuit- 175 pages. 


mardi 7 février 2017

Lalaland de Damien Chazelle

Mia est serveuse dans un café du type Starbucks. Sebastian travaille comme pianiste là où on veut bien de lui, c'est à dire là où on tolère encore son refus de jouer ce qu'on lui demande de jouer. Tous les deux ont un rêve bien précis: pour elle, être reconnue dans le milieu du cinéma ou du théâtre, pour lui, ouvrir un club de jazz dans un endroit où actuellement, on vend des tapas et danse la samba. Le destin les fait se croiser plusieurs fois avant qu'enfin ne démarre leur histoire d'amour. 

A moins de débarquer de la planète Mars, vous avez forcément entendu parler de ce film et forcément, ce fut en des termes dithyrambiques. Je vais, comme Dasola, faire la fine bouche parce que ce réalisateur nous avait habitué à bien mieux avec Whiplash (croiser J.K Simmons fait d'ailleurs partie des plaisirs de ce film). Alors, oui, la première scène annonce le meilleur, sauf que justement, c'est le meilleur. Ce film n'a pour moi de comédie musicale que le nom: où sont les danses qui nous emportent, les chorégraphies de groupe à couper le souffle, les chansons qui nous hantent? Et je dirais même: où est l'originalité du scénario? Car je veux bien que Les Parapluies de Cherbourg serve de modèle à ce film et que nous soyons donc loin des comédies musicales pétulantes américaines mais le scénario ne sauve même pas le reste. Heureusement, les acteurs sont bons; je me suis réconciliée avec Ryan Gosling que je trouve souvent fade et comme toujours, j'ai trouvé Emma Stone belle comme un cœur et juste. Je ne peux pas dire que j'ai passé un mauvais moment mais je me suis ennuyée après la première moitié du film pour ne retrouver un regain d'intérêt que dans la scène finale. Malgré tout, je garderai un souvenir positif de ce film car, malgré l'extrême mélancolie qui y règne, ce film remonte étrangement le moral. 

Sorti le 25 janvier 2017. 2h 08 mn. 

Merci à la partenaire de mes séances de cinéma du dimanche, pas plus enthousiaste que moi.
A conseiller aux romantiques, peut-être. 





dimanche 5 février 2017

Trois jours et une vie de Pierre Lemaître (lu par Philippe Torreton)

En 1999, juste avant Noël, Antoine est un jeune adolescent soucieux. Il vit seul avec sa mère et ne voit que très peu son père qui a refait sa vie en Allemagne; il est amoureux d'Emilie qui semble hésiter entre lui et Théo, son rival. Lorsqu'il voit le voisin tuer son propre chien dont il se sent proche, la colère le submerge et lui fait commettre l'irréparable. Il s'en prend alors à Rémi, son voisin de six ans. Celui-ci meurt sur le coup. Antoine va tenter de passer entre les mailles du filet judiciaire.

Je ne sais si ce livre m'aurait autant plu en format papier, ni même s'il m'aurait plu tout court et pourtant, je frise le coup de cœur avec cette écoute et la lecture de Philippe Torreton n'y est pas pour rien. Il a su mettre une touche de gravité sans virer à la voix mélodramatique et lit vraiment ce texte à la perfection. Je n'avais pas envie d'un livre trop pesant, c'est plutôt ce que je fuis en ce moment mais ce roman bel et bien pesant a su me toucher. Antoine a beau avoir commis un meurtre, même si c'est un homicide involontaire, le lecteur souhaite qu'il s'en sorte. Tout me semble réussi dans ce court roman: l'étau qui se resserre, la description du village de campagne et des liens qui unissent les adultes comme les enfants et cette peur d'être découvert qui ronge tout. Les personnages secondaires ne sont pas négligés et le rebondissement final qui se centre sur un personnage qui nous semblait antipathique est à la fois réussi et touchant. Je ne suis pas certaine que l'entretien du lecteur conduit par l'auteur soit une excellente idée car cela n'apporte pas grand chose. 

Date de parution : 
08 Juin 2016
Durée : 
6h21- Vous pouvez en écouter un extrait ici



A conseiller aux amateurs de romans noirs. 
Merci à Audiolib. Lu dans le cadre du Prix Audiolib 2017. 




jeudi 2 février 2017

Dans l'ombre d'Arnaldur Indridason

C'est l'été 1941 à Reykjavik. Un représentant de commerce est retrouvé assassiné dans un appartement On se rend très vite compte que le mort n'est pas le propriétaire de l'appartement. Il faut donc partir à la recherche de l'identité de cet homme. Deux très jeunes enquêteurs sont chargés de l'enquête: Flovent pour le police criminelle d'Islande qui a fait son stage à Scotland Yard et Thorson qui fait partie de ces islandais nés au Canada et qui travaille pour les militaires américains. Ce dernier est mis sur l'enquête car l'arme du crime est américaine.

Cela fait maintenant quelques années qu'Indridason écrit sur la période qui entoure le seconde guerre mondiale et sur "l'occupation" américaine de l'Islande, ce qu'on appelle la "Situation", en se concentrant cette fois sur les conséquences de l'arrivée des soldats étrangers sur les jeunes islandaises qui, pour certaines, rêvent alors de partir ou juste d'une vie meilleure. Indridason en profite aussi pour aborder le terme de l'idéologie nazie sur le territoire islandais et de l'espionnage. D'un point de vue historique, c'est instructif. J'avoue que depuis Etranges Rivages, je ne retrouve pas la poésie qui faisait pour moi de cet auteur de polars un auteur bien à part. Certains titres m'ont intéressée, d'autres vraiment déçue. Je pense qu'il est temps pour moi d'arrêter de persister. Dommage car Dans l'ombre est le premier tome d'une trilogie (mais ce livre peut parfaitement se livre indépendamment des autres puisque l'enquête se conclut). 

Publié le 2 février 2017 chez Métailié- 352 pages. Traduction d'Eric Boury.

A conseiller aux amateurs de polars historiques.
Merci à Métailié. 


Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...