jeudi 28 avril 2016

Quelques heures au Mémorial de Caen


Habitant en Normandie depuis presque trente ans, je n'étais toujours pas allée visiter ce mémorial dont tout le monde me vantait les mérites. Inauguré en 1988, il était grand temps que je le découvre, surtout depuis qu'il se situe dans ma nouvelle région élargie (ce qui ne change rien pour moi car même si j'ai beaucoup taquiné mes copines de Basse-Normandie, j'ai toujours considéré la Normandie comme une seule et même grande et belle région). Si vos pas vous mènent à Caen, je vous conseille cette visite qui est sans doute l'une des plus complète sur le thème de la seconde guerre mondiale. Pièces consacrées à la tactique de guerre, à la vie des civils, aux camps bien sûr avec des documents vidéo, des témoignages écrits, des objets retrouvés, des cartes. Il me semble qu'il est difficile de s'ennuyer. Le mémorial doit en plus proposer des questionnaires pour enfants et adolescents puisque les groupes croisés ce jour-là, d'âges très divers en était pourvus. J'ai aussi beaucoup aimé la partie sur la guerre froide que j'aurais conseillée à mes élèves si j'avais eu la bonne idée d'y aller avant et qu'on peut aller voir sans payer le prix fort, si j'ai bien compris. 
Mes bémols concernant les prix (sachez que si vous êtes enseignants et envisagez de préparer une visite scolaire, vous pourrez entrer gratuitement- ce ne fut pas mon cas), la statue vraiment kitsch devant l'entrée et le film qui nous est proposé dans la salle de cinéma mais qui a visiblement plu aux élèves. N'ayant pas eu le temps de visiter ni les jardins, ni le bunker, j'y retournerai bientôt. 
Wikipedia nous apprend qu'en 2007, ce fut le musée le plus visité de France (hors Ile-de-France). 
Prix : 19,50 € (tarif réduit : 17€) 
Du 6 février au 2 novembre 2016 : 9h00 - 19h00.
Du 3 novembre au 31 décembre 2016 : 9h30 - 18h00 (fermé les lundis sauf les 19 et 26 décembre).
Fermé le 25 décembre 2016.
Le temps de visite conseillé est d'environ 4 heures. 

mardi 26 avril 2016

Lagos Lady de Leye Adenle



Guy Collins a été missionné par son journal pour aller à Lagos et couvrir les élections. Il travaille pour un petit journal anglais, il ne s'attend pas à tomber sur un scoop mais il saute sur l'occasion de découvrir ce pays dont lui a parlé son ancienne petite amie qu'il ne parvient pas à oublier. Le hasard le mène dans un bar, devant lequel une femme est sauvagement assassinée. On lui a coupé les seins. Guy rencontre alors Amaka, l'ange-gardien des prostituées qui va être aussi le sien puisqu'elle va le sortir de prison. 

Ce roman policier alterne les moments burlesques dans lesquels différents membres de la pègre  ne pensent qu'à se débarrasser les uns des autres et ceux qui mettent en scène Guy ou Amaka, puis ensuite, les deux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre dépayse. Il met principalement l'accent sur la corruption qui règne au Nigeria et sur le fait que les prostituées y ont un statut encore plus fragile que chez nous. Si elles n'ont pas un réseau leur permettant de démêler les clients potentiellement dangereux des autres, elles risquent leur vie. Je ne peux pas dire que j'ai été séduite parce qu'il y a sans doute trop de burlesque pour moi d'une part, et d'autre part parce que Guy est vraiment trop naïf. C'est le genre d'homme à se croire amoureux dès qu'il croise une belle black, et il n'a vraiment pas réussi à me toucher. Il m'a même vraiment agacée. Ce sont bien sûr les femmes qui ont le beau rôle et peut-être que ce manque de nuances a été un problème pour moi. 

Merci aux éditions Métailié.
A conseiller à ceux qui ont besoin d'un peu de chaleur. 

Titre original : Esay Motion tourist
Traduit par : David Fauquemberg
Publication : 10/03/2016 chez Métailié


dimanche 24 avril 2016

Titus n'aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai

On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas d'autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité. 

Bérénice est la maîtresse de Titus. Marié et père de famille, il la quitte par devoir. C'est en tout cas ce qu'il prétend. Reste-t'on vraiment avec son conjoint par souci du sacrifice, par lâcheté lorsqu'une autre vous hante ou tout simplement parce qu'on n'aime pas vraiment? Bérénice décide de soigner son chagrin d'amour en relisant tout Racine. 

Je m'attendais à ce que les réflexions concernant Racine représentent une infime partie du roman et qu'il  parle davantage de l'histoire d'amour contemporaine entre Bérénice et Titus. Je suis ravie d'avoir eu tort. Si j'ai aimé les errements de Bérénice et même les passages où elle rencontre la famille de Titus (je dis même car je ne suis pas sûre que cette partie soit crédible, mais je m'en fiche totalement), j'ai adoré découvrir le parcours de Jean Racine. Je me rends compte qu'à part ses écrits, je ne connaissais pas grand chose de lui. Dès le collège, j'ai été Racine plutôt que Corneille (même si j'adore Le Cid) et j'adorais déclamer les alexandrins d'Andromaque à voix haute. Découvrir que je ne fus pas la seule (et encore plus en parlant de ce roman autour de moi) m'a rassurée sur ma normalité. Et la vie de Racine permet effectivement d'en faire un roman. J'ai été particulièrement sensible à l'éducation de Racine et à son amour grandissant pour la langue et pour les alexandrins. J'ai aussi beaucoup aimé l'écriture de Nathalie Azoulai, son utilisation des comparaisons par exemple: (parlant du Maître de Racine et du fait que celui-ci l'appelle "mon fils): Il a dix-sept ans et s'endort dessus comme on suce son pouce ou encore  Les personnes se suivent comme les degrés d'une échelle. Les différentes périodes et circonstances façonnent l'enchaînement sans qu'on n'ait même besoin de le décider.  Mais aussi la simplicité de certaines phrases, si justes: Le chagrin ne commence pas par le chagrin. [...]Il faut du temps pour mesurer l'espace qui vous sépare de quelqu'un. On est si proche et le lendemain si loin, l'esprit ne suit pas, il doit accommoder. 

Je pourrais citer de nombreuses phrases de ce roman et ce serait sans doute le meilleur moyen de lui rendre hommage. Mais je préférerais que vous ayez le plaisir de les découvrir au détour des pages du roman. Je vais tout de même finir par l'une de mes préférées: 
une personne quittée est une carcasse qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre ni méthode. 

Prix Médicis 2015 publié en septembre 2015 chez POL- 416 pages

A conseiller à ceux qui veulent découvrir la vie de Racine à travers une plume de grande qualité.
Merci à Nathalie et Hélène, mes amies, qui m'ont fait le grand plaisir de m'offrir ce roman dédicacé au Salon du Livre. 



jeudi 21 avril 2016

Le paradis des randonneurs: Madère

Je pourrais vous décrire, en long en large et en travers, le dépaysement, l'apaisement aussi que l'on ressent à Funchal, la plus grande ville de cette île portugaise, dont les restes coloniaux sautent aux yeux. Je pourrais vous parler des couleurs, celle des innombrables fleurs, de leurs odeurs aussi qui emplissent les narines dans les jardins ou dans la rue puisque mon voyage a coïncidé avec la fête des fleurs, ce qui n'était pas voulu. Je pourrais vous décrire la chaleur dans la voix des habitants, plus que leur sourire d'ailleurs. Je pourrais vous parler aussi de la mer agitée pendant la traversée vers Santo Porto, l'île en face, de la prévenance du personnel de bord, s'occupant de tous ces passagers mal en point. Je vais surtout vous laisser découvrir cette île en photos et vous donner quelques adresses. Tout d'abord, accompagnez-vous de l'indispensable guide de randonnée Rother qui nous a permis de ne pas nous perdre en rando (c'est une première pour nous) et même en conseillant des âmes perdues sur le chemin. 

Comme d'habitude et parce que j'aime me faire taquiner par Mind the Gap, voici mes deux adresses restaurants à ne pas manquer: l'Armazem do Sal (à gauche) que je qualifierais de gastronomique mais qui propose un plat du jour à moins de 9 euros et un dessert du jour à 2,50€. C'est délicieux (notre conseil: les calamers grillés et les lasagnes eux légumes- côté dessert, l'omelette norvégienne est délicieuse mais ne comptez pas sur moi pour me rappeler comment les portugais l'appellent). Et dans un tout autre genre, l'Os Rusticos qui bat le record du restaurant le moins cher de notre séjour avec des portions copieuses et un très joli décor, très coloré (je vous conseille le ragoût portugais et je vous conseille aussi de le finir pour ne pas vexer la patronne- j'ai tout fini, donc tout s'est très bien passé). 

Côté sorties, vous aurez l'embarras du choix. Prenez le téléphérique qui vous mènera à Monte et passez quelques heures dans le jardin tropical. Visitez le musée d'art sacré, la quinta das Cruzes et tentez de visiter la cathédrale de Se (il y a plus de messes en une semaine que dans mon village d'enfance en dix ans). Ne ratez pas la visite de Santana, le village où on voit encore ces maisons typiques présentes sur tous les catalogues, pas tant pour voir ces maisons mais parce que vous y découvrirez un point de vue splendide près du téléphérique (vous pouvez suivre un chemin qui descend vers la mer). Suivez au moins une levada (photo de droite), ces anciens canaux qui irriguaient l'île. Et puis, prenez le temps de découvrir l'île de Porto Santo et sa magnifique plage de sable blanc.  Ouvrez grand les yeux et profitez. 



Merci à ma fidèle compagne de randonnée. 
A conseiller aux amateurs de randonnées mais pas à ceux sujets aux vertiges (même si on peut éviter les sentiers à risque). A déconseiller à ceux qui aiment passer la journée sur la plage ou qui aiment la vie nocturne agitée. 

                                                      





mardi 19 avril 2016

Orgasme de Chuck Palahniuk

Pour sa part, elle se sentait moins petite amie que laborantine. Le Dr Watson. Igor. Ou le chien de Pavlov. 

Ce que j'aime en littérature, c'est d'enchaîner des lectures qui ne se ressemblent en rien. Passer de Jane Austen à Chuck Palahniuk, c'est quitter la bonne vieille Angleterre rassurante (et pourtant mysogyne) pour se retrouver dans un territoire inconnu, dont on peine à reconnaître les paysages. Et ça commence d'entrée avec une scène étonnante : Penny Harrigan est au tribunal et se fait agresser sans que personne ne semble désireux d'intervenir. Le narrateur revient sur le fabuleux destin de Penny qui travaille dans un cabinet d'avocat mais a échoué trois fois à l'examen du barreau. Elle se contente donc très souvent de servir le café ou de chercher des chaises pour les réunions. C'est sa tâche d'ailleurs, ce jour-là et un concours de circonstances la fait échouer les fesses en l'air devant l'un des hommes les plus riches de la planète. Son destin se met en branle...

Si vous ne connaissez pas Chuck Palahniuk, vous pouvez imaginer qu'il s'agit d'un mummy porn. Si vous le connaissez, vous vous doutez sans doute que c'est une caricature du genre, et une caricature aux trois quarts réussie. Les trois quarts du roman sont jubilatoires, j'ai souvent pouffé de rire, et rien n'est érotique là-dedans. Maxwell, le riche de l'histoire ne pense qu'à faire monter les femmes aux septième ciel mais ses intentions sont purement commerciales et on s'approche plus du gothique et de Barbe-Bleue que de Cinquante nuances de Grey. L'acte sexuel est désérotisé, il devient purement clinique et scientifique. L'auteur dresse le tableau apocalyptique d'une société dans laquelle les femmes ne sortent plus puisqu'elles sont mieux chez elles à satisfaire seules leurs désirs sexuels. C'est une histoire de zombies assoiffées de gadgets sexuels. Certaines phrases prises au premier degré peuvent donner l'impression d'une misogynie insupportable mais pris à d'autres degrés, c'est très drôle et parfois empreint d'une certaine vérité:

tout homme séduit une belle femme en cajolant le gros chien puant qui l'accompagne. 

Penny est un personnage intéressant. Extrêmement naïve au début, elle croit que les agents qui la suivent et la sauvent parfois de mauvais pas font la même chose pour tous les américains : 

En tant qu'agents de la Sécurité intérieure, il protégeaient tous les Américains. Tout le temps.

Et ce qui fait la force de ce roman, c'est que l'auteur nous donne des pistes, puis passe à autre chose et nous les oublions. Elle évoluera après avoir rencontré le milliardaire qui en gage de déclaration, lui fait tout de même l'une des plus originales jamais lues: 

Tu as un vagin de compétition. Tes grandes lèvres sont parfaitement symétriques. Ton raphné est sublime. 

Si ce roman est un long conte sarcastique, il dénonce aussi les méfaits le consumérisme qui fait acheter les mêmes articles à tous, ici des gadgets sexuels, des romans de vampire et des chaussures hideuses. Pour moi, ce roman est un presque coup de coeur jusqu'à la rencontre avec Baba Barbe-Grise, la prêtresse multi-centenaire de l'amour. Le reste est en trop, à mon avis. 

A déconseiller dans la salle d'attente du médecin. J'ai tenté, j'ai mal assumé la couverture. 
Merci à celle qui m'a fait découvrir cet auteur. 

Nombre de pages : 359 • Prix public papier : 19 € • Prix public numérique : 15,99 € • Mise en vente : mars 2016



dimanche 17 avril 2016

Quand on a 17 ans d'André Téchiné

La référence au poème de Rimbaud arrive dès les premières scènes du film, lorsque l'un des deux personnages principaux le déclame en cours, en y mettant du coeur d'ailleurs. Que ce soit dans les matières littéraires ou dans les matières scientifiques, Damien, fils d'une femme médecin et d'un militaire posté dans une zone en guerre, semble s'en tirer avec les honneurs. Ce n'est pas le cas de Tom, garçon métisse adopté, qui vit dans un endroit reculé de la montagne et doit faire trois heures de trajet aller-retour chaque jour. Pour des raisons que Damien ne comprend pas, Tom est agressif avec lui, allant même jusqu'à lui faire un croche-pied en cours. Quand Marianne, la mère de Damien, soigne la mère de Tom et découvre que celle-ci est enceinte, elle décide de faire d'une pierre deux coups et installe Tom chez elle, espérant à la fois faire naître une amitié entre ces deux jeunes hommes qui visiblement se haïssent et aider Damien dont les résultats au lycée sont en chute. 
Afficher l'image d'origineJ'ai beaucoup aimé ce film d'André Téchiné, dont le thème principal est la découverte du sentiment amoureux d'un garçon (Damien) pour un autre (Tom), sentiment d'autant plus crédible que même la mère jouée par Sandrine Kimberlain a envers ce jeune homme un sentiment pour le moins ambigu. Le spectateur est d'ailleurs laissé dans le doute pendant la grande partie du film sur ce que ressent Tom vis à vis du fils et de la mère. C'est aussi un film sur l'adoption et les questionnements de l'enfant adopté face à la naissance d'une soeur dite "naturelle" et sur la séparation entre un militaire et sa famille. André Téchiné nous décrit bel et bien un amour et pas seulement la révélation d'une homosexualité. La scène dans laquelle Tom cherche confirmation de ce qu'il est dans les bras d'un autre homme que celui qu'il a envie d'embrasser est subtile, comme le reste du film. Ce n'est pas parce qu'on aime un autre garçon qu'on peut sauter sur n'importe quel autre. L'homosexualité n'est pas purement sexuelle, c'est avant tout un sentiment amoureux, André Téchiné le montre parfaitement. Les acteurs sont à la hauteur, de Sandrine Kimberlain dont je ne peux plus dire qu'elle m'agace (mince, j'aime ne pas aimer certains acteurs) aux deux jeunes hommes (voire hommes puisque Corentin Fila qui joue Tom a vingt-sept ans mais ne les fait pas du tout). J'avais déjà beaucoup apprécié Kacey Mottet Klein dans Une mère, dans lequel il jouait le fils de Mathilde Seigner. Nul doute que cet acteur a une belle carrière devant lui (et bravo à André Téchiné de lui avoir confié un rôle qui pour moi, est à contre-emploi de ce qu'il incarne physiquement, j'avoue que je ne le voyais pas vraiment incarner un fils de médecin). 



Date de sortie 30 mars 2016 (1h 54min)-  Drame français

mardi 12 avril 2016

Dedans de Sandro Bonvissuto

A cet instant, je pensais comme il était vrai que la compréhension définitive d'un livre peut être différée jusqu'au moment où il nous arrive, à nous aussi, ce qu'on a lu dans ce livre. 

Le narrateur entre pour la première fois dans une prison. On ne saura pas ce qu'il a fait pour y être mais on suit à travers lui la découverte de ces codes qui ne prennent de sens que dans la répétition d'une routine et qui, surtout, permettent de rassurer quand rien n'est rassurant. A travers des phrases à la fois simples et puissantes, Sandro Bonvissuto nous transmet les différentes émotions ressenties par le narrateur, la peur étant sans aucun doute la plus présente: 

Je pensais qu'on ne peut pas passer la nuit à côté de quelqu'un quand on ne sait pas comment il s'appelle. On ne parvient pas à fermer les yeux. Pour dormir l'un près de l'autre, il faut au moins avoir échangé un prénom. 

On se rend compte à quel point la faute forge l'homme et finit par le définir. L'intérêt de ce roman tient dans ce regard neuf posé sur la prison et étrangement, alors qu'on pourrait trouver cela banal, c'est ce qui en fait la force. Parce que cette partie en prison est suivie d'une autre sur l'enfance du narrateur et sur les amitiés d'enfance, ce roman est intimement lié aux rapports masculins, aux liens d'amitié ou même aux liens filiaux et la fin est un passage à la fois fin, touchant et délicat sur les liens père-fils à travers ce moment important qu'est l'apprentissage du vélo, moment où il avoue enfin comprendre l'utilité de son père :

Bonvissuto © Michela Scarazzolo Il ne m'avait jamais regardé de cette manière; j'étais enveloppé par le regard de mon père qui vaut autant que l'embrassade maternelle. Ce regard qui vous enveloppe comme l'eau et se pose aussi sur les choses qui sont autour de vous en bonifiant les choses dangereuses. 

C'est un roman que je vous recommande même s'il ne raconte pas une histoire à proprement parler, il se centre plutôt autour de moments importants d'une vie. 

Merci aux éditons Métailié
A conseiller à ceux qui ont envie d'un univers finement viril. 


Publication : 07/04/2016-  192 p. 
Langue originale : Italien (Italie)
Traduit par : Serge Quadruppani






jeudi 7 avril 2016

Et si on écoutait trois classiques?

Ces trois classiques, tous bien différents sont dans la sélection du prix Audiolib. Je trouve cela très bien que des classiques trouvent une voix et fassent partie de la sélection. Pas de chance pour moi, il s'agit de trois romans que j'avais lus précédemment mais que je ne suis pas parvenue à aimer. Commençons par Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley qui a contre lui d'être une oeuvre de science fiction et très peu de romans de science-fiction parviennent à m'emporter. Celui-ci ne fait pas partie du lot des happy few, je m'y ennuie très vite. J'aime pourtant Thibault de Montalembert mais rien n'y a fait cette fois encore. 
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur m'avait été offert par une blogueuse qui l'adore. J'ai beau adorer les romans sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis et ce roman a eu beau recevoir le prix Pulitzer, je l'ai trouvé trop manichéen et j'ai eu, peut-être à cause de cet aspect-là, l'impression de lire un roman pour ados. Et j'avoue que la lecture de Cachou Kirsch n'a pas favorisé cette seconde approche du roman. 
audiolibJ'ose à peine avouer que je n'aime pas Si c'est un homme de Primo Levi mais ne pas l'aimer ne m'empêche pas de comprendre pourquoi il est une oeuvre majeure. Il est froid et clinique, ce qui est revendiqué par l'auteur mais cette mise à distance me pose vraiment problème sur un tel thème. Grâce à Raphaël Enthoven j'ai malgré tout davantage apprécié ce classique en version audio qu'en version papier, peut-être parce que quoiqu'on fasse, une voix - et celle de ce lecteur-là en particulier- humanise forcément un texte. 

Le meilleur des monde d'Aldous Huxley:
  • Date de parution : 01 Juillet 2015
  • Durée : 8h50
  • Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee
  • Date de parution : 14 Octobre 2015
  • Durée : 11h35
Si c'est un homme de Primo Levi 
  • Date de parution : 09 Septembre 2015
  • Durée : 7h35




mardi 5 avril 2016

Je suis en vie et tu ne m'entends pas de Daniel Arsand

Avant-guerre, au début de la guerre, il les avait en quelque sorte déclassés par ses moeurs (d'eux, les gens normaux, disait-on qu'ils avaient des moeurs? Ils couchaient, ils aimaient, ils se mariaient, ils engendraient surtout, mais ils n'avaient pas de moeurs).

Klaus est allemand. Pendant quatre ans, il a vécu à Buchenwald. Survécu plutôt bien sûr, ce n'est que bien plus tard qu'il pourra revivre. Il retrouve Leipzig et le foyer familial, ce frère qui semble le détester et ces parents qui espèrent que Klaus est enfin sorti de la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait avant Buchenwald. Du camp, ils ne veulent rien savoir, de son homosexualité non plus. Très vite, Klaus sent qu'il lui faut partir et c'est en France qu'il pourra enfin refaire sa vie. 

Je diviserais ce roman en deux parties : celle du retour de Klaus et celle du reste de sa vie. La première partie est magnifique. Les phrases vont droit au but et elles nous atteignent. Difficile parfois de transcrire le manque de communication entre les personnages mais Daniel Arsand y parvient très bien. Il décrit ce manque de curiosité pour la vie dans les camps, ou plutôt ce désir de ne pas savoir ce que les proches ont vécu, sans doute pour ne pas connaître la mesure des horreurs dont sont capables les hommes. 

Tout le monde avait vécu des sales moments, Klaus, sans doute, n'avait pas à s'en attribuer la palme, la plupart n'en faisait pas tout un plat, tous les malheurs étaient respectables, on le lui envoyait en plein visage. 

Parlons-en de la respectabilité. Au retour des camps, les malheurs ne se valaient pas et cette inégalité de traitement a duré pendant des décennies. On ne voulait pas des internés homosexuels lors des événements de commémoration liés au camps. Les juifs, les prisonniers politiques oui, les homosexuels, non. Ils ne furent pas indemnisés. Leurs souffrances furent niées. 

Qu'on sache ce que c'était être pédé à Buchenwald, et pas gay, pédé car "pédé" porte en lui tous les coups reçus, les crachats, la haine assénée, gay, c'est si gentil, plein d'illusions...

Je ne peux que vous recommander ce roman mais si je trouve la deuxième partie un peu longue. 

Mars, 2016 / 272 pages


Merci à la librairie Dialogues. Clara est emballée.
A conseiller à tous, même ceux qui comme moi, saturent parfois un peu avec ce sujet (oui, j'ose le dire). 




dimanche 3 avril 2016

Et si on regardait Orgueil et Préjugés et Raison et Sentiments?

Si j'ai vu Orgueil et Préjugés plusieurs fois, je n'avais pas encore vu Raison et Sentiments car je ne voulais pas le voir avant d'avoir lu le roman. Commençons donc par celui que je connais le mieux. Le film de Joe Wright mettant en scène Keira Knightley dans le rôle de Lizzie et Matthew Macafayden dans celui de Darcy est très conforme au roman, sauf pour la version américaine qui n'a pas pu s'empêcher d'y ajouter un baiser final. C'est toujours LE moment de suspense quand je passe ma version à mes élèves (version anglaise bien sûr) et qu'ils se demandent si j'ai la version avec ou sans le baiser. Et quand je dis qu'elle est conforme, c'est aussi dans l'esprit. On y retrouve l'humour de Jane Austen à travers les parents de Lizzie, l'un se moquant ouvertement de l'autre et on perçoit l'ironie et le sarcasme de l'auteure dans les propos de Lizzie. Le seul gros bémol pour moi est l'interprétation de Darcy que je trouve insupportable. J'aime par contre beaucoup l'interprétation de Jane par Rosamund Pike, vue aussi dans Gone Girl (et qui, je viens de le découvrir jouera dans l'adaptation de HHhH). Pour la petite histoire, Rosamund fut la petite amie de l'acteur qui joue Bingsley, son petit ami donc dans le film, quelques années avant le film. Et elle fut fiancée au réalisateur de de film. Je suis donc plutôt mitigée sur cette version de 2005. 

Raison et Sentiments est plus ancien. Sorti en 1995, il a pour moi trois atouts majeurs, Alan Rickman, Emma Thompson et Kate Winslet (discussion entre mère et fille juste avant de regarder le film : "Il n'y a pas de 't' à Winslet, maman. Arrête de dire Winslet" "Je ne voudrais pas te contredire vu que j'ai besoin de ton ordinateur pour regarder ce film mais nous allons vérifier sur la jaquette et ensuite, tu pourras me dire que j'avais raison si tu y tiens") et un gros bémol, la présence d'Hugh Grant que je ne supporte pas. En même temps, il convient très bien pour le personnage d'Edward qui est assez fade. Il le rend même drôle. Même si on adore d'Emma Thompson, comme c'est mon cas, la différence d'âge entre l'actrice et le personnage d'Elinor qui a dix-neuf ans saute aux yeux. Il m'a fallu du temps pour m'y habituer. Mais quand on sait qu'elle a travaillé cinq ans sur le scénario et qu'elle est la seule personne à avoir obtenu un Oscar comme actrice et comme scénariste, on lui pardonne tout. D'autant qu'il a fallu la supplier pour jouer le rôle. A trente-cinq ans, elle se savait trop vieille. On dit que ce film d'Ang Lee a contribué à remettre Jane Austen à la mode. Malgré quelques ajouts de scènes, il est aussi fidèle au roman mais le problème des films, c'est qu'on n'entend pas la voix de Jane Austen or c'est son point de vue qui fait tout le sel des romans. Il m'a donc manqué quelque chose. Les actrices sont parfaites, c'est d'ailleurs une histoire de famille puisque Mrs Dashwood est jouée par la mère d'Emma Thompson. Alan Rickman permet d'avoir un personnage masculin à la hauteur car j'ai trouvé que Willoughby était un peu terne dans le film. Et puis, allez, je l'avoue, mes yeux se sont embués dans la scène de la déclaration finale.

On ne peut s'empêcher de remarquer que si les couvertures des romans insistent sur le lien entre les deux soeurs, les DVD font vendre avec les histoires d'amour. Et preuve que le suspense n'est pas de mise, c'est une photo tirée de la scène finale qui sert d'illustration au DVD de Raison et Sentiments





Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...