jeudi 28 juin 2018

Aimer Lille de Lauriane Miot et Hélène Blondel



Aimer Lille est un carnet de 200 adresses lilloises classées sous différentes rubriques (boutiques, resto...). C'est surtout un très beau livre de photos qui rend hommage à cette belle ville. Un livre à s'offrir pour préparer un voyage ou mieux encore, à offrir à des nouveaux lillois, c'est ce que j'ai fait (non sans leur préciser que je compter squatter un peu chez eux cet été et leur emprunter alors le cadeau). 

Publié le 28 juin 2018 aux éditions Mardaga. Existe aussi pour d'autres villes, comme Bordeaux. 


mardi 26 juin 2018

Comme des rats morts de Benedek Totth

Bien sûr, je pourrais le dénoncer et le faire exclure, il le mériterait bien. Il a du pot qu'il y ait pas de contrôle antidopage aux compètes juniors. Ils disent que ça coûte trop cher, mais c'est surtout que personne a le temps ni l'envie de s'amuser avec des gosses. On les laisse se gaver de toutes sortes de saloperies, et quand ils seront grands, ils se feront choper par l'AMA.[...] Tant que t'es junior, tu prends ce que tu veux ou ce que tu peux te payer, ou encore ce que ton entraîneur te procure. Personne se demande comment on devient champion national à seize ans. 

Une bande de garçons fréquente le même lycée, le même club de natation et partagent les mêmes filles. Leurs seuls centres d'attractions sont la compétition, le sexe (de manière très ciblée et répétitive), les jeux vidéo et la défonce au sens large. Au tout début du roman, ils percutent un cycliste et le laissent sur le bord de la route. 
J'ai tourné plusieurs fois autour de ce roman noir avant de le prendre. Si le thème des compétitions de natation pleine de testostérone m'attirait irrésistiblement, je n'étais pas certaine d'aimer le style, ni cette génération biberonnée aux films porno et à la drogue.
Greg cogne le volant du poing et se met à gueuler comme un putois, putain d’enculé de merde, où est-ce qu’on est, bordel ?
- Branche le GPS ! Suggère Dany.
Greg l’envoie chier mais il sort le truc de la boîte à gants. La Bouée l’aide à le brancher. C'est réglé sur une voix de pute qui gémit : « Mets la marche arrière et recule de cent mètres. » Il devait quand même y avoir quelque chose dans le shit, parce que ça suffit à me faire bander.
 Il m'a effectivement fallu quelques pages pour m'adapter au style, à cette langue parlée (les négations ne comportent pas de "ne" par exemple), puis je me suis laissée portée par ces grands ados qui, à l'instar de leur meneur de jeu Greg, ne semblent pas connaître la définition de mots "amitié", "solidarité" et j'en passe.  Ados à la dérive, on ne parvient pas à les qualifier de jeunes hommes en devenir tant on ne leur voit aucun avenir, si ce n'est, pour Greg, ce fils à papa qui se prélasse dans l'argent parental. Les parents, d'ailleurs, sont aussi égratignés que les ados, totalement dépassés par leurs progénitures dont ils ne se soucient guère ou qui leur échappe parce qu'ils ont déjà bien du mal à s'occuper d'eux-mêmes. Ce n'est pas un roman que je recommanderais à la majeure partie des lecteurs de mon entourage mais moi, je l'ai beaucoup aimé. Ça sent souvent l'urine (les garçons marquent leur territoire, dans l'eau aussi, donc à éviter peut-être juste avant d'aller à la piscine), les filles ne sont que des objets (de désir, un peu, de satisfaction de pulsions, souvent), c'est noir, glauque, trash mais pas totalement désenchanté ou amoral et ça fonctionne parfaitement. Voilà un auteur que je ne manquerai pas de suivre. Benedek Totth a traduit Bret Easton Ellis en Hongrois, la parenté est évidente. 

Publié en octobre 2017 chez Actes Noirs, que je suis heureuse de retrouver après les avoir délaissés pendant quelques années. 255 p. 

Merci au club des explorateurs du polar de Lecteurs.com
A conseiller à ceux qui aiment parfois nager en eaux troubles. 


dimanche 24 juin 2018

Mon cours de gainage/ mon cours de HIIT les paresseuses

Depuis plus de deux ans, je fais plusieurs fois par semaine du gainage seule à la maison. Pendant longtemps, j'ai suivi une méthode qui a fait ses preuves mais au bout de deux ans, j'ai fini par me lasser de reprendre toujours les mêmes feuilles d'exercices. J'ai discuté gainage avec une copine qui m'a parlé des fiches des paresseuses. Lorsque nous avons passé un week-end ensemble, elle avait apporté les fiches et j'ai aimé ce principe de mélanger les couleurs selon ce que je voulais travailler. Je suis allée en librairie pour acheter Mon cours de gainage et ne l'ai pas trouvé. J'ai donc eu besoin de l'aide du libraire et son sourire on ne peut plus taquin m'a bien fait comprendre qu'il ne considérait pas le gainage comme du sport (donc je devais me tromper de rayon en cherchant au rayon sport parce que m'a-t'il dit, "dans le rayon sport, on trouve plutôt du foot ou du tennis, du sport quoi"). Je commande donc les fiches sur internet et je reviens quelques semaines plus tard, tombe sur Mon cours de HIIT, bien en évidence au rayon... SPORT et l'achète aussi (et là, je me suis dit que si c'est le même libraire qui l'a mis en rayon, il a dû avoir un petit sourire en le posant là). 
Je commence donc les fiches, sans suivre la méthode mais en suivant la précédente, donc en prenant à chaque séance huit fiches (quatre dans chaque boîte) et en faisant chaque fiche deux fois. Et j'adore ! 
Je suppose que, comme dans toutes les méthodes, on finit par se lasser au bout d'une certaine période mais j'ai de la marge avant d'atteindre ce moment. Quelques fiches m'arrachent un sourire. Sur celle d'aujourd'hui, on me demandait de lever une jambe droite (personnellement, je n'en ai qu'une). 

Publié en janvier 2017 pour l'un et mai 2018 pour l'autre. 55 fiches par boîte.

Merci à Anaïs pour l'idée.
A conseiller à celles qui ne sont pas trop paresseuses. 

                                                                                     

jeudi 21 juin 2018

La chance du perdant de Christophe Guillaumot

Renato, dit le Kanak, est un beau géant qui adore menacer les vilains d'une paire de gifle amicale et affubler ses camarades du surnom de "gros chameau". Comme son supérieur qui répond au surnom de Six, il est arrivé au SRPJ de Toulouse pour y être mis au placard, un placard qui consiste officiellement à réprimer les fraudes de jeu. En fait, ils pourraient tout aussi ne rien faire car on n'attend pas grand chose d'eux. Mais ce n'est pas du tout du genre de Renato de se tourner les pouces. Quand un homme est retrouvé mort dans un compresseur à déchets, la police pense à un suicide. Jusqu'à ce que ce son visage se retrouve sur une oeuvre murale de la ville. 
J'ai trouvé la lecture de ce polar agréable pour deux raisons essentielles : j'en ai aimé les personnages, particulièrement le Kanak, et j'ai trouvé les différents milieux décrits originaux et intéressants. Je suis tellement naïve (là, c'est vrai, ça frôle la stupidité) que je n'avais jamais imaginé que nos déchets étaient triés par des humains et le personnage de Miss May, qui travaille dans un centre de tri de déchets est à ce titre passionnant et l'est doublement puisqu'elle est aussi graffeuse. Je pense que ce livre aura au moins pour conséquence de me faire réfléchir au contenu de ma poubelle. Le milieu des jeux d'argent est aussi intéressant car il regroupe des pratiques aussi variées que le loto-bouse, dont j'ai pour la première fois entendu parler en Auvergne, ou des paris bien plus dangereux pour les participants en passant par la simple triche au casino. Ce n'est pas un roman à lire si vous aimez les rebondissements à répétitions mais il a d'autres atouts. Et vous verrez que Six a une manière très particulière (entre autres manières) de se faire mal et je ne peux que le plaindre de son allergie, qui serait un supplice pour moi. J'ai un peu moins aimé la phrase moralisatrice suivante (un peu de nuance dans la morale ne nuit jamais) : 
Détenu ou visiteur, c'est toujours avec plaisir que l'on retrouve sa liberté : poser un pied dehors et entendre la porte blindée se refermer derrière soi, sentir le vent frapper son visage, respirer l'air vivifiant et oublier cette sensation d'enfermement. Quiconque n'a pas connu cette ambiance oppressante est incapable de comprendre ce que représente une journée de prison et encore moins d'évaluer une peine juste et adéquate en punition d'une infraction. 

Publié en octobre 2017 chez Liana Levi. 340 p. 

Merci aux club des explorateurs du polar de Lecteurs.com et à Liana Levi. 
A conseiller aux amateurs de "milieux". 


mardi 19 juin 2018

Correspondance d'Albert Camus et Maria Casares (partie 2 : Maria Casares)

La révélation de cet ouvrage, c'est l'actrice Maria Casares. Bien sûr, je savais que c'était une grande comédienne mais je ne connaissais pas sa plume. Peut-être parce que je suis une femme, peut-être parce qu'elle est celle qui me semble avoir dû faire le deuil de certaines choses par amour, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle. 
Sais-tu ce que cela représente pour un être qui aime et qui meurt d'orgueil et de besoin d'absolu, de rentrer tous les soirs pour imaginer des scènes d'intimité, voire de tendresse, qui se passent ailleurs ? [...] Et Catherine et Jean et tous ces mots que je ne peux plus entendre prononcer autour de moi sans chavirer, sans ressentir au creux de l'estomac comme une envie de vomir. 
On sent bien qu'elle évite de parler de l'enfant qu'elle aurait aimé avoir avec Camus mais elle le mentionne malgré tout une fois, lui n'y fera jamais allusion :
... je me suis surprise à désirer avoir un enfant de toi et à te souhaiter près de moi pendant l'accouchement. 
Elle écrit ce qui est pour moi la plus belle phrase de cet échange (si un homme souhaite me faire le même compliment, je suis prête à lui pardonner de plagier Casares, et même de mentir):
Or ce que tu es, est ce que j'aurais rêvé d'être si j'étais née homme. 
Elle aussi analyse l'évolution de leur amour et lui fait comprendre qu'elle a confiance, malgré la concurrence:
Jusque-là nous avons dévoré les jours et l'amour que chaque heure nous apportait et nous n'avons pas eu le temps de nous regarder, de nous voir, de nous chercher.
Tu pourrais m'annoncer que tu pars faire le tour du monde avec un bel objet nouvellement trouvé et nouvellement aimé, je n'arriverais pas à me dessaisir de cette assurance profonde où je suis lorsqu'il s'agit de nous. Moi-même, soudain face à un être qui éveillerait tous les symptômes de mon amour, je n'y croirais pas et j'attendrais patiemment que ça passe. 
Mais dans tout cela, il est tout de même clair que tu règnes en maître et que tout cela est fait de toi comme de moi, à jamais mêlés, et que ce que je suis maintenant n'est plus ce que j'ai fait de moi, mais ce que nous avons fait de moi. 
Elle n'hésite pas au début, à refuser des tournées qui l'éloigneraient de Camus et il semble qu'elle fait plus de sacrifices que lui sur ce plan-là. Puis sa carrière décolle prodigieusement et elle travaille énormément. C'est une vraie comédienne, passionnée de spectacle vivant et pour qui le cinéma et la radio sont des gagne-pains. De ce fait, cette correspondance enchantera les amateurs de théâtre. On sent qu'elle a souvent du mal à joindre les deux bouts dans les premières années et a parfois un emploi du temps de folie pour gagner de quoi vivre, contrairement d'ailleurs à Camus dont les lettres donnent l'impression, les premières années, qu'il est bien plus oisif. 
Elle lit beaucoup, parfois sur les conseils de Camus et j'ai beaucoup aimé les passages dans lesquels elle donne ses impressions de lecture, notamment sur Proust. 
Je continue Proust- parfois il m'enchante, parfois, il m'ennuie, parfois il m'agace. Dis-moi, mon chéri, n'est-il pas pédéraste par hasard ? Il écrit souvent comme une femme mais plus souvent encore comme une tante. 
J'ai aussi apprécié que Camus soit attentif à ses impressions et ait envie de relire un roman qu'il lui avait conseillé et qu'elle n'a pas aimé. Elle m'a touchée dans sa relation à Jouvet que Camus et elle n'apprécaient guère. Sa mort la bouleverse et lui donne quelques remords. Ils étaient un peu deux visions opposées du théâtre. Comme Camus, elle n'échappe pas aux clichés et le nord en prend pour son grade:
Les Nordiques sont étrangement neutres ou désagréables et si les Picards nous ont montré malgré leur enthousiasme bruyant un visage parfaitement abruti, les Lillois eux les gagnent [sic] en mauvaise foi. 
Elle est émouvante dans la relation qui l"unit à son père avec qui elle sera aux petits soins jusqu'à sa mort. Et puis surtout, Maria Casares est drôle, bien plus drôle que Camus et taquine:
Et les hommes n'ont pas d'ovaires. On ne peut décharger leurs responsabilités sur quoique ce soit ! Fichtre alors ! 
En 1956 commencent les premiers passages qui évoquent une possible disparation ou une rupture et évidemment, à l'aune de la tragédie à venir, c'est extrêmement émouvant de lire:
Ah ! comment est-il possible que des êtres comme toi disparaissent un jour de ce monde ! 
Six mois avant la mort de l'écrivain, elle lui écrit:
Non, la mort ne sépare pas, elle mêle un peu plus au vent de la terre les corps qui s'étaient déjà unis jusque l'âme. 
Difficile de ne pas avoir la gorge nouée quand elle le conjure de ne pas passer la voir en novembre alors qu'il est débordé de travail. Ils ne se reverront plus.

Merci à Catherine pour m'avoir soufflé la phrase d'introduction de ce billet. 

                                                          

samedi 16 juin 2018

La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez

Josef Mengele arrive en Argentine en 1949, libéré, pense-t'il, des menaces qui pèsent sur lui, le médecin d'Auschwitz, en Europe. L'Allemagne se reconstruit sans les nazis en fuite, mais avec ceux qui ont habilement su cacher leur passé. Mengele espère que l'Europe aura d'autres chats à fouetter que de le poursuivre en Amérique Latine mais il a tort. Il doit sans cesse disparaître et renaître ailleurs pour échapper à ses poursuivants, ceux qui pensent que la paix ne s'obtient qu'en condamnant les anciens bourreaux. 

J'ai beaucoup lu sur les camps quand j'étais ado parce que mon père possédait un certain nombre de témoignages sur le thème mais je me rends compte que n'avais jamais lu de roman ou d'essai sur la traque de nazis ou tout simplement sur que furent leurs vies après la guerre. A ce titre, j'ai trouvé ce livre intéressant car on ressent bien la paranoïa grandissante de cet homme traqué et son besoin, à la fin,  de sentir de la chaleur  humaine autour de lui. C'est probablement ce qui est annexe à Mengele qui m'a le plus intéressée, ces traques menées ici et là, celles qu'on tente réellement de mener à terme, celles que le gouvernement préfère voir avorter car l'ancien nazi a collaboré pour lutter contre le communisme. J'ai découvert par exemple le caractère controversé du rôle de Simon Wiesenthal dans l'arrestation d'Eichmann. C'est un sujet difficile à traiter et je ne sais pas quel est le meilleur moyen de l'aborder mais j'ai trouvé que c'était un peu trop froid, trop clinique, ce qui, d'ailleurs, m'a semblé en totale contradiction avec la fin, bien trop moraliste. Je crois qu'il ne faut pas prendre le lecteur pour un idiot et lui écrire noir sur blanc le message qui apparaissait déjà clairement dans le récit. Oliviez Guez lit son propre roman; il faut un certain temps pour s'adapter à sa voix monocorde mais finalement, il m'a semblé que ça allait bien avec sa plume.
Publié le 14 mars 2018- 5h48. Prix Renaudot 2018. 

Merci à Audiolib
A conseiller à ceux qui veulent en savoir plus sur ce que sont devenus certains nazis après la guerre.

jeudi 14 juin 2018

Prix Audiolib : à vous de voter !

Depuis le mois de mars, nous avons été vingt blogueurs à écouter dix titres parus chez Audiolib et ensuite à les classer. C'est un plaisir grandissant de faire partie de ce prix. C'est la première fois que j'ai deux coups de cœur, un polar et un roman. Nous avons éliminé cinq titres de la sélection et c'est maintenant à vous de voter pour votre titre favori. C'est peut-être le moment pour vous, avec le beau temps, de partir courir avec un livre audio sur les oreilles (je vous assure que ça n'empêche ni d'entendre le bruit de la mer, ni des oiseaux) ou de vous prendre d'une frénésie de redécorer, voire plus, toute votre maison, comme c'est mon cas. Si j'étais vous, je voterais pour Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson ou Quand sort la recluse de Fred Vargas, mais ce n'est plus à moi de choisir. Pour voter, c'est par ici.


mardi 12 juin 2018

Correspondance d'Albert Camus et Maria Casares (partie 1: Camus)

Je sais bien, il y a des mots qu'il suffirait que je prononce. Je n'ai qu'à me détourner de cette part de ma vie qui me limite. Ce sont des mots que je ne prononcerai pas, parce que j'ai donné ma parole et qu'il y a des engagements qu'on ne peut pas rompre, même si l'amour n'y est pas. 

Albert Camus rencontre Maria Casares en 1944. Il vit alors éloigné de sa femme et engage Casares pour le rôle de Martha dans Le Malentendu. Ils deviennent très vite amants mais la comédienne met un terme à cette relation quand Francine Camus rejoint son mari. Quatre ans plus tard, ils se croisent dans les rues de Paris. Leur histoire d'amour durera jusqu'à la mort de Camus. 
Ceux qui croient au destin adoreront les débuts de cette histoire, ceux qui n'y croient pas y verront des débuts romanesques. C'est la première fois que je referme un livre de plus de 1200 pages et que je regrette qu'il soit fini. Se pose maintenant la question : comment chroniquer un tel livre en un billet ? Ce sera impossible, Camus et Casares auront donc chacun leur billet.  Commençons par le fait qu'il n'y a pas de lassitude parce que si certaines lettres semblent répétitives, ça ne dépasse pas deux cent pages, dans les débuts de leur amour. Plus on avance, plus leur amour gagne en sérénité, leur vie aussi en apparence et j'ai envie de dire heureusement parce que les quatre cent premières pages ne donnent pas du tout envie de tomber amoureux, surtout dans une relation nécessitant des séparations parfois longues (deux mois l'été) et fréquentes. Ils ne semblent heureux ni quand ils sont ensemble, ni quand ils sont séparés. Dans cette partie, j'ai trouvé Camus possessif, déplaisant, enfilant les reproches  et là, j'ai presque regretté d'avoir commencé la lecture. 
Car l'idée qui me poursuit depuis une semaine et qui me tord le cœur, c'est que tu ne m'aimes pas. Parce qu'aimer un être, ce n'est pas seulement le dire ni même le sentir, c'est faire les mouvements que cela commande. 
Mais personnellement je n'ai qu'un désir en ce qui te concerne quand je ne suis pas près de toi : te savoir dans une chambre, seule, enfermée à double tour jusqu'à mon arrivée.
Camus, l'homme engagé qui ose critiquer le communisme, s'insurge contre la peine de mort, démissionne de l'UNESCO pour protester contre le franquisme, cet homme-là ne pouvait pas tomber du piédestal sur lequel je l'ai déposé l'année de mes seize ans. Alors, c'est vrai que l'homme m'a déçue, un peu, beaucoup parfois, parce que justement, c'est un homme ( par là, j'entends un membre de l'espèce humaine) avec ses défauts et ses failles, des failles qu'on sent bien présentes dans cet échange et qui en dit ainsi long sur l'intimité entre ces deux êtres. Camus était un être visiblement torturé et souvent malade. L'échange se lisant comme un roman, j'ai bondi dans les premières lettres où il mentionne Catherine Sellers parce que bien sûr, je n'avais pas envie de savoir qu'il avait d'autres aventures. Maria Casares a d'ailleurs un flair infaillible et déguise à peine ce qu'elle pressent. Et puis, je me suis dit qu'après tout, chacun a le droit de mener la vie qu'il veut, que je n'avais pas à juger. Et j'ai refermé le livre en me disant que c'était un amour à vivre, sans aucun doute. Enfin moi, je l'aurais vécu. 
Cet échange nous prouve que dans une correspondance, ce n'est pas toujours l'écrivain qui écrit le mieux mais nous y reviendrons. Malgré tout, quelques phrases de Camus m'ont marquée: 
On dit quelquefois qu'on choisit tel ou tel être. Toi, je ne t'ai pas choisie. Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là, quelque chose a commencé de changer, malgré moi, malgré toi aussi qui était alors lointaine...
Je sais cela maintenant et le besoin que j'ai de toi n'est rien d'autre que le besoin que j'ai de moi. C'est le besoin d'être et de ne pas mourir sans avoir été. 
 (1956) Ne t'excuse pas d'avoir parlé d'amitié. Je suis aussi ton ami et à un certain degré de chaleur mutuelle, les cœurs fondent ensemble dans quelque chose qui n'a plus de nom, où les limites disparaissent...
Il y a bien longtemps que je ne lutte plus contre toi et que je sais que, quoi qu'il arrive, nous vivrons et mourrons ensemble. 
Comme je l'ai noté, la fin de la correspondance est plus sereine, Camus a d'autres relations et on le sent même si ce n'est jamais clairement dit, mais l'intensité des sentiments de Camus envers Casares perce toujours, à travers une certaine gravité:
Tu es ma douce, ma tendresse, ma savoureuse aussi, et mon unique. Nous plaisantons souvent sur nos flirts et nos sorties. Mais un temps vient, de loin en loin, où il faut cesser de plaisanter peut-être. Auprès de toi, le monde entier n'est pour moi qu'une ombre décolorée. Exception faite pour mes enfants, il pourrait s'évanouir sans que rien ne change. Toi seule est fixe, toi seule m'emplit. 
L'intérêt de cette correspondance dépasse évidemment la relation amoureuse. Camus y évoque les pièces qu'il monte, les essais qu'il écrit, le roman qu'il ne finira jamais, ses doutes quand à l'écriture et la réception de son oeuvre, la dépression qui suit la fin du processus d'écriture : 
"Les Justes" ne sont pas un succès (mes œuvres d'ailleurs ne sont jamais des succès. C'est mon oeuvre qui en est un, provisoirement, et Dieu sait pourquoi). 
J'ai aussi appris qu'il arrivait à Camus d'endosser un rôle pour quelques représentations.
Camus a beau être pour moi le symbole de la tolérance, il peut tomber dans les clichés, ce qui  est drôle: 
... j'ai cueilli un anglais sur la route de Grasse. Il allait de Rome à Londres, en auto-stop. Mais il n'était pas très causant et même plutôt pesant et emmerdeur comme beaucoup des fils de Shakespeare. 
On apprend aussi que Camus aimait les corridas dont il se sortait vidé comme s'il avait "fait six fois l'amour", et qu'il aimait le foot puisque Casares s'excuse de lui faire rater un France- Suisse. On découvre en Camus un père aimant mais parfois agacé, déçu que ses enfants ne lui aient pas souhaité la fête des pères (en 1956).

Publié Chez Gallimard en septembre 2018. 1296 pages. 

Merci à Catherine pour le prêt de ce livre qu'il va me falloir acheter maintenant (une seconde fois donc).
A conseiller à soi-même avant tout. Je ne suis pas certaine de le conseiller comme cadeau à un amoureux mais je suis presque certaine de l'offrir à nouveau. 

dimanche 10 juin 2018

Mon spectacle du mois : Réparer les vivants de et avec Emmanuel Noblet

Réparer les vivants, le roman, est très probablement mon plus grand coup de cœur littéraire de ces dix dernières années, même si pour m'en assurer, il faudrait que je le relise. J'ai vu l'adaptation cinématographique, décevante par rapport à l'esprit du roman mais intéressante pour expliquer le parcours de l'organe donné et reçu et j'ai, dès sa sortie, voulu voir cette adaptation théâtrale en ne cessant de la rater. 
Emmanuel Noblet est seul en scène pour interpréter tous les personnages du roman et c'est une sacrée performance qui lui a d'ailleurs valu un Molière. Cette performance mise à part, je ne peux pas dire que j'ai été séduite par la pièce, parce qu'il m'a manqué les phrases si particulières de Maylis de Kerangal. Je n'ai jamais été touchée et jamais éblouie non plus. Mais parmi toutes les personnes, assez nombreuses, que je connais qui y sont allées, je suis la seule à être restée insensible, même si l'une des amies était mitigée. Pour l'autre, ce fut un coup de cœur. Je suis contente d'avoir découvert Emmanuel Noblet que je retrouverai avec plaisir dans d'autres spectacles. 

adaptation et mise en scène Emmanuel Noblet
avec la collaboration de Benjamin Guillard
interprétation Emmanuel Noblet ou Thomas Germaine (en alternance)
imagerie médicale Pierre-Yves Litzler
régisseur général Johan Allanic
création lumière et vidéo Arno Veyrat
création son Sébastien Trouvé
designer sonore Cristián Sotomayor
avec les voix de Maylis de Kerangal, Alix Poisson, Vincent Garanger, Benjamin Guillard, Constance Dollé, Stéphane Facco, Évelyne Pelerin, Anthony Poupard, Olivier Saladin, Hélène Viviès

LES DATES DE LA TOURNÉE…. 
SAISON 18/19
> Colisée – Théâtre de Roubaix / 13 novembre 2108 : Théâtre Charcot (Marcq-en-Barœul) – 16 novembre 2018 : Allende ! (Mons-en-Barœul)
> 20 et 21 novembre 2018 : Théâtre municipal Ducourneau (Agen)
> 23 novembre 2018 : Le Champ de Foire (Saint-André-de-Cubzac)
> 1er décembre 2018 : L’Eclat (Pont-Audemer)
> 4 décembre 2018 : Théâtre municipal de Coutances
> 6 décembre 2018 : Pont des Arts (Cesson-Sévigné)
> 8 décembre : Théâtre Philippe Noiret (Doué-en-Anjou)
> 8 au 11 janvier 2019 : Théâtre Auditorium de Poitiers
> 22 janvier 2019 : Théâtre de Lisieux Normandie
> 24 janvier 2019 : Théâtre de La Renaissance (Mondeville)
> 29 janvier 2019 : Théâtre André Malraux (Rueil-Malmaison)
> février : Centre culturel Voltaire (Deville lès Rouen)
> 14 et 15 février 2019 : Le Casino (Le Locle – Suisse)
> 26 et 27 février : Théâtre Jean Vilar (Saint-Quentin)
> 1er mars 2019 : La Faïancerie (Creil)
>7 mars 2019 : Les Tanzmatten (Sélestat)
> 9 mars 2019 : Centre culturel Jean L’Hôte (Neuves-Maisons)
> 12 mars 2019 : Théâtre du Vésinet
> 19 mars 2019 : La Chaudronnerie (La Ciotat)
> 21 mars 2019 : Palais des congrès de Saint-Raphaël
> 30 mars 2019 : L’Atrium (Chaville)
> 2 au 4 avril 2019 : La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle
> 11 avril 2019 : Scènes de territoire (Bressuire)
> 12 avril 2019 : Théâtre et cinéma de Fontenay-le-Fleury
> 16 au 19 avril 2019 : Théâtre Sorano (Toulouse)
> 16 et 17 mai 2019 : L’Onde (Vélizy-Villacoublay)



Merci à Nathalie et Hélène qui m'ont accompagnée.
A conseiller à ceux ont aimé mais peut-être pas adoré le roman. 

jeudi 7 juin 2018

Moment d'un couple de Nelly Alard

... l'amitié semble d'une qualité si supérieure à l'amour, et surtout à la passion amoureuse, qu'on se demande vraiment pourquoi les gens s'acharnent à vivre en couple. 

L'histoire est des plus banales : Olivier avoue à sa femme vivre une histoire d'amour depuis trois semaines avec une femme rencontrée il y a peu. A cause de l'histoire de ses parents, Juliette refuse de mettre fin à son couple. Mais les raisons sont sans doute bien plus complexes : refus de laisser gagner "l'autre", refus aussi de laisser ses enfants partager la vie de cette femme qui ne semble pas équilibrée. C'est en fait le récit d'un combat entre deux femmes face à un homme qui semble prendre du plaisir à être le bout de gras pour lequel elles se battent. 
Le hasard ne cesse de me jouer des tours en ce moment. Ce roman, j'avais voulu le lire à sa sortie en 2013 et j'ai oublié. Puis, il est arrivé entre mes mains à Lille et je l'ai reposé. Deux jours plus tard, on m'en parlait en détails. Le soir-même, je le trouvais dans la boîte à livres de la piscine. Il était temps pour moi de le lire. Son grand atout, c'est de déclencher la discussion entre copines. Il y a celles qui ne comprennent pas qu'on pardonne une incartade (les plus nombreuses et les plus jeunes) et celles qui comprennent qu'on ne veuille pas faire voler en éclat un couple pour un moment de folie (ou de désir, c'est pareil). J'ai donc eu des discussions sans fin avec mes copines autour de ce roman, que ce soit avec celle qui l'avait lu comme avec celles qui ne le connaissaient pas du tout. Des passages m'ont agacée, notamment ceux sur le viol (on pourrait peut-être arrêter d'utiliser ce thème à tout bout de champ comme explication de tout et n'importe quoi) et je ne suis pas du tout d'accord avec la manière dont l'auteure utilise la mort de Marie Trintignant. Ce drame est souvent mentionné, présentant Marie Trintignant comme celle qui a pris l'homme d'une autre. Or, c'est totalement nier le père de son dernier enfant, avec qui elle vivait avant de rencontrer Cantat. Et ce n'est pas la moindre des maladresses, et pour moi, le mot est faible, concernant ce décès. 
Dans six mois elle te disait si c'est ça retourne chez ta femme, tu lui foutais sur la gueule, c'était Vilnuis. 
Malgré tout,  c'est une lecture qui ne m'a jamais laissée indifférente, qui m'a fait m'interroger, dans lequel j'ai trouvé l'écho de mes pensées : 
Est-ce que tu ne crois pas, demande-t'elle, qu'à un moment, un amour devient unique parce qu'on l'a choisi, est-ce que tu ne crois pas qu'on décide d'aimer, de continuer à aimer, de ne plus aimer ? Est-ce que tu es d'accord qu'il y a une part de volonté dans l'amour ?
... j'aurais pu éprouver ce sentiment de vraie rencontre avec n'importe qui. J'avais besoin de vivre ça à ce moment-là, c'est tout. 
ou l'inverse de ce que je pense:
Dire je t'aime, pense Juliette, c'est s'inscrire dans la durée, pas comme dire j'ai envie de toi ou je suis avec toi. Dire je t'aime, V a raison, c'est un serment, ça inclut le temps et la globalité, j'aime tout ce que tu es, je t'aimerai toujours ou en tout cas longtemps. On ne peut pas dire je t'aime puis cinq minutes après je ne t'aime plus, mais quinze ans plus tard, oui. Quelle est la durée de vie implicite du mot je t'aime ?
S'opposent dans le roman deux visions de la nécessité ou non de dire "je t'aime", la femme privilégiant le verbal, l'homme les preuves, dans le roman en tout cas. Même si l'impossibilité d'Olivier à choisir est horripilante, je me suis parfois davantage sentie proche de ce qui se passait dans sa tête que dans celle de Juliette, qu'à vrai dire, je n'ai pas trouvé sympathique. 
Finissons par ma phrase préférée: 
J'ai couché dix fois avec cette fille, c'est tout, on ne va pas se torturer avec ça pendant dix ans. 
Vous l'aurez compris, c'est surtout un roman dans lequel on pioche, pour les confirmer ou les infirmer, des phrases sur le couple. 

412 pages en Folio. Prix Interallié 2013. 

Merci à Laure pour nos discussions autour de ce roman, à celles aussi que je ne nommerai pas.
A conseiller à ceux qui s'interrogent sur la notion même de couple. 

mardi 5 juin 2018

En sacrifice à Moloch d'Åsa Larsson

Un homme abat un ours en Laponie. Dans son estomac, on retrouve des restes humains. Peu de temps après, une femme est sauvagement assassinée à coups de fourche. Les deux victimes étaient père et fille. Rebecca est chargée de l'enquête et découvre que d'autres membres de la famille sont morts dans des circonstances mystérieuses. Déchargée de l'enquête car jugée trop proche des habitants du village, qui est aussi celui de son enfance, elle refuse de baisser les bras. 
ll est assez rare que j'abandonne un livre, décide de le reprendre et que je finisse par réellement l'apprécier. C'est pourtant ce qui m'est arrivé et je crois que ce qui m'a aidé, c'est que j'ai eu deux trajets en voiture assez longs dans la même semaine. Il me fallait sans doute plus de temps que d'habitude pour entrer dans cette histoire de famille qui fait des allers-retours dans le temps. J'ai aimé l'ambiance glaciale et le lien entre les humains et les chiens et j'ai même failli versé une larme lors d'une scène impliquant un animal (la dernière fois que ça m'est arrivé, j'avais dix ans et on s'est tellement moqué de moi que je n'ai plus jamais lu de romans mettant en scène des animaux en public). Ici, l'amour n'est pas idéalisé, bien au contraire et j'ai davantage suivi l'histoire pour les personnages que pour découvrir l'assassin. Mais ceux qui aiment les codes du polar ne devraient pas non plus être déçus. C'est typiquement le genre de livres que j'aime écouter mais je ne suis pas certaine que je l'aurais remarqué sans le Prix Audiolib. 
Prix du meilleur polar suédois 2012. 
Lu par Odile Cohen dont j'ai aimé l'interprétation. 
Publié le 18 avril 2018. 10h 28. 

Merci au Prix Audiolib (c'était ma dernière écoute pour ce prix qui me plait de plus en plus et ce sera bientôt à vous de voter). 
A conseiller à ceux qui recherchent un peu de fraîcheur. 


dimanche 3 juin 2018

Correspondances et questions éthiques

Je ne lis pas de correspondances d'auteurs, non que je n'aime pas le genre, je trouve au contraire la littérature de l'intime, l'écriture destinée à une seule paire d'yeux fascinante et j'ai d'ailleurs été une grande adepte de l'écriture des lettres d'amour, au point parfois de préférer relire celles que j'écrivais à celles que je recevais (on parlera probablement de narcissisme). Je ne la lis pas parce que je trouve qu'une lettre n'appartient pas à celui qui la reçoit, mais à jamais, à celui qui l'écrit. Il est le seul à pouvoir décider de sa publication. Je me souviens que la publication des lettres de Mitterand à Anne Pingeot m'avait choquée et qu'on dise de ces lettres qu'elles étaient magnifiques n'y changeait rien. La correspondance entre Albert Camus et Maria Casares a été publiée en septembre et tous mes beaux principes sont tombés à l'eau. D'abord parce que l'une de mes amies est férue de Camus et que jamais je n'avais espéré pouvoir lui offrir un livre "de" lui qu'elle ne possédait pas, ensuite parce que j'avais envie de découvrir l'homme, pas l'homme engagé, l'amoureux mais aussi l'homme du quotidien, ses manies d'auteur, ses habitudes. Je ne vais pas vous parler de cette correspondance aujourd'hui, je le ferai dans 400 pages (j'en suis p. 875) mais cette lecture confirme ce que je pensais, je ne lirai plus de correspondance publiée sans le consentement de l'auteur. Ces lettres mentionnent de nombreuses personnes (décédées certes mais cela justifie-t'il de les exposer publiquement ?) en décrivant des parties de leur vie ou ce qu'en pensaient Casares et Camus. Or, comme vous et moi, Casares et Camus se plient parfois à des obligations qui leur pèsent et dont ils ont besoin de se décharger en se les racontant ; ils sont aussi tout bonnement parfois fatigués ou de mauvais humeur. D'autre part, une correspondance est pour moi un vrai acte littéraire : on écrit pour un lecteur, on lui tait des sentiments et des faits pour le ménager ou au contraire, on souhaite le blesser parfois, ou le faire rire. Ce qui est écrit reflète la réalité d'un moment, quand elle n'est pas tout simplement mensongère. Mais surtout, ce qui est destiné à un seul lecteur n'est pas fait pour être lu par d'autres yeux. 
S'est posé, pour la première fois à la lecture de ces lettres d'amour (d'abord si incroyablement pudiques que je me suis demandé si les temps avaient réellement tant changé ou si des passages avaient été coupés avant de sentir tout de même le désir éclater) le devenir de celles qui m'ont été écrites à différentes périodes de ma vie, qui, je m'en aperçois, ne m'appartiennent pas, que je n'ai pas envie qu'on lise si je disparaissais brutalement comme Camus, tout comme je n'ai aucune envie que quelqu'un ne lise un jour celles que j'ai pu écrire. Evidemment, il n'y a aucun risque qu'on les publie mais que mes enfants mettent le nez dans la correspondance de leurs parents par exemple me pose problème, à moi qui suis un jour tombée sur les lettres écrites par ma mère à mon père (il faut dire que j'avais le don pour fourrer mon nez partout).
Bref, que de questions sans réponses mais une confirmation tout de même, je suis un être infiniment paradoxal (je m'en doutais un peu avant la lecture de ces lettres) et si je pense sincèrement ne pas relire de correspondance publiée sans l'autorisation de l'expéditeur, je me régale dans cette Correspondance

Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...