mardi 29 novembre 2016

Evanouies de Megan Miranda

Nicolette revient à Colley Ridge, sa ville d'origine après de nombreuses années d'absence, de fuite pourrait-on presque dire. Juste après la disparition de sa meilleure amie Corinne, elle avait quitté les lieux. Elle est maintenant fiancée à un fils de bonne famille et pense passer quelques mois dans sa maison d'enfance, afin de la remettre en état et de la vendre. Enfin, c'est ce qu'elle prétend car ce qui l'a vraiment fait revenir, c'est le fait que son père lui ai envoyé une lettre lui disant qu'il avait encore vu cette jeune fille. Or, Nicolette pressent qu"il parle de Corinne. 

La particularité de ce premier roman est qu'il remonte le fil du temps. Il commence par le jour 15 pour remonter, chapitre après chapitre, vers le premier jour. Heureusement, il finit tout de même par les événements qui suivirent ces quinze jours, sinon, je pense que le lecteur serait un peu perdu. J'ai parfois été déstabilisée par cette avancée à rebours mais finalement pas suffisamment pour perdre le fil de l'intrigue et c'est peut-être ce que j'ai préféré dans ce roman policier. Je ne vais pas vous dire, comme le fait le  Los Angeles Review of Books que c'est l'un des meilleurs roman policiers de l'année 2016 mais c'est loin d'être le pire. A vous de voir si vous souhaitez tenter le test de remonter le fil du temps. 

Publié aux éditions de La Martinière en octobre 2016- 445 p.  

Merci à l'agence Anne et Arnaud et aux éditions de La Martinière.
A conseiller à ceux qui ont aimé La fille du Train. 




dimanche 27 novembre 2016

La succession de Jean-Paul Dubois

Il m'a fallu attendre vingt-huit ans pour éprouver chaque jour cette joie d'être en vie au petit matin, de courir pour polir mon souffle, de respirer librement, de nager sans peur et de ne rien espérer d'autre d'une journée sinon qu'elle m'accompagne comme l'on promène une ombre...

Paul, le narrateur, vit à Miami depuis quatre ans. Il n'est pas retourné en France depuis tout ce temps et n'a pas revu son père. Sa mère s'est suicidée après le suicide de son frère à elle, dont elle était très proche. Paul reçoit un appel de l'ambassade lui annonçant le suicide de son père. Il est obligé de mettre entre parenthèse son métier de joueur de cesta punta pour gérer la succession des biens de son père mais aussi le son cabinet car son père était médecin. Il a d'ailleurs fait des études de médecine avant de tout laisser tomber.  Il apprend alors les étranges circonstances du suicide de son père. 

Premier conseil: assurez-vous d'avoir le moral au beau fixe en commençant ce livre parce que vous vous doutez bien que si le suicide est omniprésent, on ne va pas rire beaucoup même si Jean-Paul Dubois accentue la farce autant que le drame, sans jamais verser dans le pathos bien sûr, ce n'est pas le genre de la maison. C'était un roman bien trop noir pour moi, même si j'ai aimé de longs passages, comme le suicide du père raconté par le fonctionnaire (c'est un passage pas piqué des hannetons) et d'autres sur l'activité cachée de son père que je ne peux vous révéler, ce qui est bien dommage d'ailleurs car c'est un thème important de ce roman, et que c'est un thème essentiel à mes yeux. Je ne suis donc pas franchement enthousiaste et je me demande ce qu'en ont pensé les lycéens qui l'ont lu dans le cadre du Prix Goncourt des lycéens. 
Publié aux éditions de l'Olivier en août 2016- 234 p. Violette est bien plus enthousiaste que moi. 

A conseiller à ceux qui ont le moral au plus haut.
Merci à Tiphanie qui m'a offert ce livre qui était dans la liste de mes envies de rentrée. 


mardi 22 novembre 2016

Billet impudique
















La semaine dernière, j'allais chercher à la gare de Clermont-Ferrand celle que je nomme régulièrement "celle qui..." dans mes remerciements ici. Sur le chemin , devant le lycée, une affiche m'interpelle, celle de deux hommes manifestement amoureux, et je me dis "Quelle bonne idée de mettre ça devant un lycée" (en voyant une seconde affiche quelques pas plus loin, je me dirai : "Dommage qu'ils n'aient pas choisi le couple jeune pour l'affiche devant le lycée"). Je pense aux quelques marques de dégoût qui accompagneront la découverte de cette affiche, et je pense surtout à ce lycéen parisien rencontré l'hiver dernier que je n'aurai plus jamais la chance de revoir, parce que les réseaux sociaux ont participé à un coming out qu'il n'avait pas choisi et qu'il n'a pas supporté. J'ai passé presque un an et demi à comprendre la chance que j'ai d'être une femme aimant une femme et non un homme aimant un homme. Moi, la féministe, fière d'avoir transmis ce combat à ma fille, j'ai depuis plusieurs années ce sentiment que devant l'homosexualité, hommes et femmes ne sont pas égaux. Il y a une dizaine d'années de ça, un élève m'avait confié par écrit sa difficulté à annoncer la nouvelle à ses parents. Nous avions longuement parlé, c'est lui qui m'a clairement dit que dans notre lycée, un garçon ne pouvait pas assumer sereinement son homosexualité, alors que sa soeur qui aimait les femmes, l'affichait ouvertement. Au lycée, j'ai vu des couples de filles discrètes et plus souvent, d'autres s'affichant comme une provocation. Pour la première fois cette année, j'ai vu un beau couple ni discret ni provocateur, juste deux jeunes filles bien dans leurs baskets et heureuses d'être amoureuses et je me suis dit: "Oui, on y est!". Je n'ai encore jamais vu de couples de lycéens. Tant qu'il sera impossible pour les garçons de s'afficher, nous ne pourrons pas donner de leçons aux américains sur quoi que ce soit. La prochaine élection présidentielle m'effraie (et je pèse mes mots): si nous choisissons un président dont l'électorat ne peut supporter de voir deux hommes s'aimer, alors nous n'avons pas avancé et nous ne ferons pas avancer la génération à venir. Je suis bien placée pour savoir que tout le monde peut devenir tolérant quand il s'agit des gens qu'on aime: on accepte que sa fille, que sa mère, que sa sœur aime une fille et dans la rue, les regards peuvent être curieux mais jamais malveillants (ou je porte des œillères). Je rêve d'un monde où les hommes seront enfin, sur ce plan, les égaux des femmes; je rêve qu'un jour deux garçons attendent le début de mon cours la main dans la main, comme si l'amour était la chose la plus naturelle au monde. En attendant, nous allons passer quelques jours dans une ville qu'on dit la plus romantique du monde en tentant d'oublier l'amertume que me procure le retrait de ces affiches dans certaines villes de notre pays. 

Moi, Daniel Blake de Ken Loach

Daniel Blake vit à Newcastle. Souffrant du cœur, son médecin ne veut plus qu'il travaille mais lors d'une rencontre avec une bureaucrate sans qualification médicale, il n'est pas très conciliant pour répondre à ses questions et il reçoit quelques jours plus tard une lettre lui signifiant qu'il a été jugé bon pour reprendre le travail. Le voici donc obligé de suivre les démarches nécessaires pour toucher le chômage, puisqu'il ne tient pas à mettre sa vie en danger. C'est dans les locaux de l'équivalent anglais de Pôle Emploi qu'il va rencontrer Katie et ses enfants, avec qui il a pour point de commun une difficulté à accepter le côté kafkaïen de l'administration. 
J'y allais un peu à défaut d'être attirée par autre chose, les films du moment ne me donnant pas une folle envie de m'enfermer dans les salles obscures. C'est sans doute pour cela que la surprise me parut si bonne. J'ai été touchée par cet homme seul qui se crée une famille et par cette jeune femme qui fait tout pour s'en sortir mais qui se heurte à l'administration et au manque d'argent. J'ai même franchement pleuré lors d'une scène très forte ayant lieu dans une banque alimentaire (et c'est une très bonne idée de rappeler à quel point c'est utile) et lors du beau discours, sans doute très orienté à gauche, de fin. Mais j'ai aussi souri plusieurs fois. On peut se dire que Ken Loach en fait un peu trop lorsqu'il met Daniel Blake face aux incohérences de l'administration et aux difficultés de l'ordinateur. Or, j'ai une mère qui ne manie absolument pas ce qui peut devenir un engin de torture (mentale) et à qui il faut parfois servir d'intermédiaire parce que certaines démarches se font désormais uniquement en ligne ou presque. Je comprends donc parfaitement que Ken Loach ait eu envie d'insister sur ce que cela représente pour des gens seuls d'un certain âge. On sent aussi qu'il oppose les bénévoles, ceux de la banque alimentaire en l’occurrence et les fonctionnaires qui obéissent bêtement aux circulaires. Mais il sauve tout de même une employée du lot, permettant ainsi de sortir du manichéisme. Et puis, Ken Loach donne la part belle aux jeunes et j'aime ça. Je n'ai pas toujours aimé ce qu'a fait Ken Loach mais ce film-ci est pour moi une réussite. 

Merci à celle qui a eu la bonne idée d'avoir envie de voir ce film.
A conseiller à ceux qui se sentent un peu de gauche (voire complètement). Il peut sans doute agacer les autres. 


dimanche 20 novembre 2016

Laëtitia d'Ivan Jablonka

La citation fut retrouvée sur la page facebook de Laëticia
Aux yeux du monde, elle est née à l'instant où elle est morte. 

Dans la nuit du 18 au 19 janvier, Laëtitia Perrais disparaît à quelques mètres de chez elle. Sa soeur trouve son scooter par terre, on mettra plusieurs semaines à retrouver son corps découpé en morceaux. Ivan Jablonka a souhaité redonner à cette jeune femme le premier rôle, elle qui sur wikipedia, ne figure que sur la page de son meurtrier. 

Je ferme rarement un livre sans savoir si je l'aimé ou pas. Je pense que là n'est pas la question avec celui-ci. Je sais qu'il m'a intéressée, questionnée, dérangée à différents niveaux. En partant de ce fait divers (quelle expression affreuse pour désigner la mort d'un être humain), l'auteur s'interroge sur plusieurs points. Je ne vais pas tous les décrire mais le plus intéressant pour moi fut le parcours de ces deux jeunes filles (Laëtitia avait une jumelle, Jessica, qui est presque aussi présente qu'elle dans ce livre) qu'on enlève à leurs parents séparés et cabossés par la vie, qu'on place dans une famille où au moins l'une d'entre elle subira des attouchements tout en souhaitant jusqu'au bout que le couple les adopte. Parce qu'Ivan Jablonka ne juge pas mais s'interroge sur ce parcours:  quand sait-on qu'il est temps de retirer les enfants? Comment le vit le père, violent sur son ex-compagne, mais qui a l'impression d'avoir fait de réels efforts pour offrir une vie plus stable à ses filles? Ce n'est qu'un échantillon des questions qu'on se pose en sentant que l'auteur se les a posées aussi. J'ai aussi aimé les réflexions sur la manière dont Sarkozy a utilisé ce meurtre  dans un but populiste, montant le peuple contre les magistrats (il se trouve que j'ai écouté il y a peu une excellente émission sur France Inter ou Culture sur le vote populiste et qu'on réentendait des discours de Sarkozy) et sur l’aberration (sauf dans un but électoral) de faire porter la responsabilité d'une mort sur les épaules des magistrats. On sent qu'Ivan Jablonka a été ému par son sujet, il ne le cache pas et peine d'ailleurs à conclure, en faisant à mon avis un peu trop dans les démonstrations d'admiration et d'amitié envers certains protagonistes sur la fin. Ce qui m'a le plus gênée dans le livre n'est pas de son fait: Laëtitia peinait visiblement à se sortir de sentiments qui la poussaient vers le bas; il se trouve que peu de temps avant le jour de sa mort, elle avait écrit des lettres de suicide, ce qui tend à montrer que ce qu'elle fait ce soir-là, se lier avec un marginal entre dans un processus presque conscient de destruction. C'est sans doute le cas mais ça m'a vraiment dérangé de lier le meurtre (qu'elle n'a bien évidemment pas souhaité) à son désir de mort. Je me suis aussi demandée si on pouvait reprocher à Sarkozy d'utiliser Laëtitia et d'écrire un livre à son sujet. Je n'ai pas de réponse à mes questions et c'est peut-être ce qui me dérange le plus. Et puis, il y a le procès du père d'accueil, condamné pour attouchements/ viols. Jessica est la seule à pouvoir répondre à certaines questions (pourquoi vouloir être adoptée par un homme qui vous fait subir des maltraitances?) mais l'auteur a promis de ne lui poser que des questions qui ne l'attristeraient pas. Je comprends le souhait de la ménager, Jessica est d'ailleurs à la fois touchante et mystérieuse mais tout cela fait que j'ai reposé le livre avec trop de questions laissées sans réponses. 

Prix du roman Medicis 2016 (après lecture, je confirme que c'est un choix étrange, peut-être plus politique que littéraire). Publié au Seuil en août 2016- 385 p. 

Merci à mes amies Hélène et Nathalie pour ce cadeau.
A conseiller à ceux qui aiment être dérangés. 


jeudi 17 novembre 2016

Le chagrin des vivants d'Anna Hope

Nous en sommes en 1920 en Angleterre, juste avant l'arrivée du Soldat inconnu et la cérémonie destinée à rendre hommage à tous les soldats morts au combat. Nous suivons le parcours de trois femmes: Evelyn qui a perdu son fiancé pendant la guerre et trouve désormais la vie injuste, Ada dont le fils n'est jamais revenu et qui le voit à tous les coins de rue et Hettie qui arrondit ses fins de mois en dansant avec d'anciens soldats estropiés qui ne peuvent plus danser qu'en payant leurs partenaires. 

On a beaucoup parlé de ce roman sur les blogs et un peu comme L'amie prodigieuse, je ne le sentais pas pour moi. Le Grand Prix des lectrices de Elle m'a un peu forcé la main et comme souvent, j'ai compris que mes réticences étaient fondées (c'est rassurant de voir qu'on se connaît un peu malgré tout). Je comprends qu'on aime ce roman, ces histoires de femmes sont à la fois très différentes et liées par le thème commun de l'après-guerre et deux d'entre elles m'ont touchée: Hettie et Ada. Mais j'ai trouvé l'écriture sans surprise et je me suis assez vite ennuyée. Pourtant, j'ai aimé le propos qui consiste partiellement à dire que nul ne peut juger ce qu'il n'a pas vécu. Ce qui est vraiment dommage c'est que j'ai trouvé les cinquante dernières pages très belles, émouvantes et intéressantes. Je salue le choix de la  couverture que je trouve très belle. 


Publié chez Gallimard en janvier 2016. 400 pages. Nicole, Cousines de lecture, Laura (qui participe aussi au prix Elle) ont beaucoup aimé. Marjorie, qui m'avait signalé son envie de lire ce roman avait aussi aimé. 

Merci malgré tout au Prix des Lectrices de Elle et au jury de novembre (vous verrez qu'aucun livre de cette sélection n'a trouvé grâce à mes yeux). 
A conseiller peut-être à celles qui aiment les histoires croisées de femmes (mais il me semble que je peux aimer ce style de roman). 

                                                          


mardi 15 novembre 2016

American Crime Story, série créée par Scott Alexander et Larry Karaszewski

J'ai un peu hésité avant de regarder cette série car ce que j'aime dans les séries, c'est la fiction; il me semble que je n'avais jamais regardé une série relatant un fait divers. D'autre part, je pensais presque tout savoir sur l'affaire Simpson dont il m'est même arrivé de me servir en cours. En fait, je me suis rendue compte que je me fourvoyais totalement sur les causes de l'acquittement de Simpson. Petit rappel des faits: nous sommes quelques mois après les émeutes de Los Angeles survenues après que Rodney King ait été tabassé par des policiers qui sont acquittés. La femme d'O.J Simpson, dont il est séparé, est retrouvée assassinée au côté de son ami qui a subi le même sort. Du sang des victimes est retrouvé dans la voiture d'O.J Simpson. Pour les procureurs, l'affaire semble pliée. Et pourtant, au cours de près d'un an d'un procès très médiatisé, il ressort libre.
J'ai toujours pensé, parce que je l'avais entendu dans un documentaire, que le jury avait acquitté Simpsons pour éviter de nouvelles émeutes raciales. Je ne sais pas si tout est vrai dans cette série, j'ai tendance à penser que oui car elle est très documentée (je pense juste qu'un brin de romance a été ajoutée dans la relation entre deux personnages mais ça ne m'a pas dérangée). Vous allez me dire que dix épisodes sur cette affaire, ça semble beaucoup et c'est aussi ce qui m'inquiétait mais à part l'épisode de la poursuite de Simpsons par les policiers qui m'a semblé long, on ne s'ennuie pas car les épisodes sont généralement centrés sur un aspect: la vie des jurés enfermés dans leur hôtel pendant presque un an, les remarques sexistes sur la procureur, les stratégies des avocats et notamment celle de la race... Bref, c'est passionnant. Je ne sais pas ce que les auteurs feront de l'ouragan Katrina qui sera le sujet de la saison deux mais je ne doute pas que la saison trois qui se centrera sur Versace et qui devrait montrer les talents d'actrice de Lady Gaga sera attendue avec impatience. 
La série est repartie avec neuf Emmy Ewards dans les poches, dont un pour mon chouchou. Laura est conquise aussi. 





dimanche 13 novembre 2016

Rêver de Franck Thilliez

Avant de recevoir ce roman dans le cadre du Prix Elle, j'avais lu un ou deux romans de cet auteur, suffisamment pour très vite comprendre que son univers ne rejoignait pas le mien parce qu'il mêle à son intrigue beaucoup de psychologique. Evidemment, je n'étais pas ravie de voir que j'allais devoir m'y remettre mais je suis allée jusqu'au bout sans (trop) rechigner. Le problème tout de même est que quelques semaines après lu le roman, alors que j'écris ce billet, j'ai besoin de chercher de quoi il parle car mes souvenirs sont presque inexistants et vous l'avouerez, c'est mauvais signe. Abigaël est psychologue mais une psychologue très particulière parce qu'elle perd de plus en plus les souvenirs de son passé et qu'elle souffre de cette maladie qui l'oblige à s'endormir n'importe où et n'importe quand. Elle est aussi incapable de faire la différence entre ce qu'elle vit en rêve et dans la réalité, à moins de s'infliger des blessures dont les souffrances ressenties sont des preuves qu'elle est dans le réel. En parallèle, elle aide les enquêteurs sur une histoire de disparitions d'enfants. 

Mon impression après la lecture est très étrange: j'ai eu très envie d'arrêter la lecture jusqu'à la moitié, puis j'ai continué d'être agacée mais j'ai voulu savoir comment tout cela allait se terminer. Je comprends que ceux qui aiment les multiples rebondissements et qui ne sont pas gênés par le manque de crédibilité (qui mettrait sur une enquête une femme qui a de tels soucis psychologiques?) adorent Thilliez. Ce n'est pas du tout ma tasse de thé, non parce que je n'aime pas les polars psychologiques mais parce que je n'aime pas quand le trait est forcé à ce point. Et puis, les personnages sont assez manichéens. Décidément, les troubles du sommeil sont très à la mode en ce moment (Weber en avait fait le sujet de son avant-dernier roman qui n'était pas une réussite non plus).
Publié chez Fleuve Noir le 26 mai 2016. presque 600 p.

A conseiller à ceux qui aiment Thilliez. 
Merci (ou pas) au jury d'Octobre du prix Elle (je me demande quels autres polars étaient face à celui-ci). 
                                                                        


jeudi 10 novembre 2016

Derniers feux sur Sunset de Stewart O'Nan


En 1937, Francis Scott Fitzgerald ne vit plus avec Zelda qui est internée mais il lui rend visite dès qu'il peut et l'entraîne même dans quelques virées en voiture. Mais on sent que le coeur n'y est plus. Il n'a plus d'argent et il accepte de partir à Hollywood pour gagner de quoi vivre et de que quoi payer l'institution et l'éducation de Scottie. Ce roman est donc celui des années hollywoodiennes de l'auteur de Gatsby  et de son histoire d'amour avec Sheilah Graham, célèbre potinière. C'est d'ailleurs elle qui le découvrit mort. 

J'ai lu un certain nombre de livres (romans et BD) sur Zelda et Francis Scott Fitzgerald et je crois que tous prenaient parti pour l'un ou pour l'autre. Il me semble que ce n'est pas le cas ici même si les fans absolus de Zelda trouveront peut-être qu'il est dépeint comme un homme qui doit se sacrifier pour une femme à qui il reste attaché même si elle le répugne physiquement. Si Zelda est décrite comme une femme qui ne maîtrise plus grand chose, Fitzgerald est lui un alcoolique invétéré qui, même par amour pour sa maîtresse (Sheilah détestait d'ailleurs qu'on l'appelle ainsi), ne peut se passer d'une bonne bouteille. C'est Sheilah qui le maintient tant que faire se peut sur les rails. Je ne peux néanmoins pas dire que j'ai vraiment aimé ce roman. Si certains passages m'ont plu, notamment ceux qui mettent en scène Scottie, la fille de Zelda et de Fitzgerald, j'ai trouvé l'ensemble longuet et un peu ennuyeux. 
Publié le 18 août 2016 aux éditions de l'Olivier. 388 p. 

Merci à Marjorie (qui l'a aimé) pour ce cadeau. 
A conseiller aux grands fans du couple mythique peut-être. 

mardi 8 novembre 2016

Ce soir

Ce soir, je me dis que cette élection américaine a un goût bien amer. Bien évidemment, je préfère une femme, épouse d'un homme qui fut président avant elle et  mit en place la politique la plus à droite jamais établie par un gouvernement démocrate moderne à un misogyne milliardaire populiste mais quand je me revois dans l'attente euphorique d'il y a huit ans, je mesure le chemin parcouru. Bien évidemment, je rêve d'une femme présidente des Etats-Unis, mais je ne rêvais pas de celle-là, et je rêvais d'une vraie victoire, face à un adversaire qui ne soit pas un clown. Je sais déjà que contrairement à il y a huit ans, je ne suivrai pas en direct l'investiture du nouveau président américain en janvier prochain. 
Alors ce soir, j'ai juste envie de rendre hommage à celui qui n'a peut-être pas fait grand chose pour les américains mais qui a fait le bonheur des profs d'anglais pendant huit ans, je me demande si un président américain avait autant été écouté en compréhension orale en cours avant lui: son humour, son accent compréhensible par les élèves nous manqueront. 



Merci à celle qui m'a fait découvrir cette vidéo à la fois drôle et qui rend hommage à m.Obama. 


dimanche 6 novembre 2016

Réparer les vivants de Katell Quilévéré

Le roman éponyme reste à ce jour l'un de mes plus grands chocs littéraires. Il était pour moi impossible de ne pas aller voir l'adaptation, même si je ne voyais pas comment la beauté des phrases de Maylis de Kerangal pouvaient être portées à l'écran. Elles ne peuvent l'être bien sûr. Je vous fais grâce du résumé que tout le monde ou presque connaît. J'ai découvert le film lors d'une avant-première destinée au enseignants puisque l'équipe souhaite faire réfléchir les ados (en passant par le biais des enseignants) sur le sujet du don d'organe. Car c'est vraiment un film sur le don d'organe, bien plus que le roman, à mon avis. Peut-être que la beauté des phrases du roman m'a fait oublié le thème principal, je trouve qu'il était aussi une mosaïque d'autres histoires, celle du personnel soignant par exemple qu'on suivait en dehors de l'hôpital. Ici, nous suivons un tracé bien défini qui va de l'accident jusqu'au réveil de la receveuse, en passant pas les scènes de la transplantation. Il faut quand-même être conscient avant d'avoir avoir le film que vous allez voir l'intégralité de la transplantation, en passant par l'incision de la peau. C'est bien fait et je n'ai pas eu à détourner le regard mais mon voisin n'a pas regardé les scènes en question (et il a aussi beaucoup pleuré, je le mentionne car c'est c'est la première fois que je vois un spectateur pleurer au cinéma). J'avais en tête certaines scènes importantes du roman dont je pressentais la difficulté d'adaptation, c'est le cas pour la scène où le chirurgien Thomas s'échappe de son quotidien grâce au chardonneret. La réalisatrice s'en est finalement bien tirée sans faire l'impasse sur cette scène mais en la transposant. 
Pour moi, le film est didactique (et ce n'est pas péjoratif) là où le roman n'était que poésie. Il est cependant essentiel pour discuter du sujet quand ce n'est pas encore fait. Ce que j'ai préféré dans le film, et de très loin, c'est ce qui n'existe pas dans le roman: l'histoire de la receveuse  interprétée par Anne Dorval (mon coup de coeur dans ce film, je n'ai plus qu'à aller regarder les films de Dolan pour la découvrir davantage), son lien avec ses fils et cet amour qu'elle avait sacrifié au nom d'un altruisme que l'autre n'avait pas demandé. Alors me direz-vous, ce n'est pas clair tout ça, on y va ou pas? Oui, allez-y, peut-être surtout si vous n'avez pas autant aimé le roman que moi. Et puis, les acteurs sont tous formidables même si l'ai trouvé Simon Limbres un peu transparent ou alors juste pas du tout conforme à l'idée que je m'en étais faite.

Merci à Mars Distribution pour cette séance spéciale enseignants.
A conseiller à ceux qui n'ont pas lu le roman, comme à ceux qui l'ont lu. 

Sortie.  le 1er novembre 2016. Avec  Tahar RahimEmmanuelle SeignerAnne Dorval et Alice Taglioni. 


jeudi 3 novembre 2016

Tout n'est pas perdu de Wendy Walker

Les graines du doute poussent comme des mauvaises herbes si elles reçoivent assez de soleil. 

Alan Forrester est psychiatre dans le Connecticut. On lui confie Jenny Kramer, une jeune fille qui a été violée lors d'une soirée et à qui on a effacé tout souvenir de l'acte, à la demande des parents. Alan est furieux, il sait que ce n'est pas en oubliant ce qui s'est réellement passé qu'un patient peut oublier un traumatisme car son corps, lui, n'oublie pas. Le patient, ne comprenant pas la source d'un mal-être qui existe toujours est enclin à sombrer dans la dépression. Il va donc tout faire pour que Jenny se souvienne. De là à dire qu'il va faire en sorte qu'elle retrouve ce qui s'est vraiment passé, il y a un grand pas que je ne franchirai pas. 

Nous voici dans un roman psychologique et nous verrons plus tard que la sélection policière du prix des lectrices de Elle 2017 en comportera d'autres, puisque nous retrouverons une psy à problème dans le Thilliez qui a été choisi par le jury de Novembre. Et pourtant, c'est presque le seul point commun et j'ai trouvé intéressant de voir comment les deux auteurs ont traité le sujet totalement différemment, puisque dans les deux cas, il s'agit d'un personnage qui doit retrouver ses souvenirs et que dans les deux cas, les auteurs insistent sur le fait qu'on ne peut être heureux en les effaçant, même si ceux-ci sont affreux. Ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman se situe dans la deuxième partie, quand le psy distille de faux souvenirs à Jenny: on voit comment il est assez simple d'associer deux éléments qui ne sont en fait pas liés. Malheureusement, j'ai tout de même trouvé que l'ensemble mettait longtemps à se mettre en route et que la première partie était laborieuse. Il ne m'en restera pas un souvenir extraordinaire mais j'ai aimé la deuxième moitié. Et puis au moins, plusieurs semaines après la lecture, il m'en reste des souvenirs, ce qui est plus que pour d'autres polars. Ce roman a passé les pré-sélections. 

Publié en mai 2016 chez Sonatine- 320 pages. 

Merci au Prix des Lectrices de Elle. 
A conseiller à ceux qui aiment les polars Sonatine, je le trouve dans la mouvance d'Avant d'aller dormir (mais en mieux) ou des Apparences







mardi 1 novembre 2016

Louise Michel, la vierge rouge de Mary M Talbot et Bryan Talbot (BD)

Quand Charlotte Perkins Gilman arrive à Paris le 22 janvier 1905, il y a du monde dans les rues: on enterre Louise Michel. Entre cette américaine féministe et Monique, la française qui l'accueille en France, s'engage une suite de conversations dont Louise Michel est le sujet, offrant ainsi un aperçu de la vie de la révolutionnaire. D'elle, je connaissais bien sûr son action lors de la Commune de Paris mais rien d'autre. On découvre une vraie rebelle, de celles qui n'ont pas d'autres choix car telle est leur nature. mais je ne savais pas qu'elle avait été envoyée en Nouvelle-Calédonie où elle se passionna pour la vie des indigènes dont elle se sentit vite proche, ce qui évidemment ne fut pas bien vu. Cette BD est aussi l'occasion de réflexions autour des romans d'anticipation dont Charlotte Perkins Gilman et semble-t'il Louise Michel étaient friandes. C'est un beau portrait de femme forte et c'est très didactique. Si vous savez déjà tout de Louise Michel, ce n'est probablement pas pour vous mais si ce n'est pas le cas, vous prendrez  du plaisir à suivre le destin exceptionnel de cette femme. Le dessin classique m'a plu et j'ai aimé ces touches de rouge ici et là. 

Publié par La libraire Vuibert en septembre 2016. 145 p. 

Merci à la librairie Dialogues
A conseiller aux amateurs de femmes fortes. 


Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...