dimanche 30 juillet 2017

[parenthèse] extraits de la BO de ma vie

Chacun d'entre nous a une BO composée de chansons qui nous ramènent à un visage, un lieu ou un moment et toujours à une émotion. Voici un extrait de la BO de ma vie:

Les chansons qui prouvent qu'en plus de modifier définitivement la qualité du sommeil, être mère modifie la sensibilité (j'ai longtemps été incapable d'écouter ces chansons sans pleurer):


(A chaque faux pas que tu feras, je tomberai à ta place)

                                    
(Que les vents te mènent, où d'autres âmes plus belles, sauront t'aimer mieux que nous puisque l'on ne peut t'aimer plus

La chanson du concert qui prouve qu'avoir deux fois l'âge moyen des autres spectateurs n'empêche pas de penser que c'est ce concert-là qu'on aimerait revivre, en gardant le même accompagnateur (de toute façon, les fans d'Eminem autour de moi se comptent sur un doigt de la main):

                             
(It's the rage that's the culprit, it controls you both)

La chanson qui prouve qu'on n'assume pas toujours ce qu'on écoute  (parfois on vérifie que les vitres sont bien fermées quand on chante à tue-tête), mais cet album, le seul que nous possédons de Roch Voisine, est un rituel mère/fille des semaines que nous partageons, notre hymne à la joie de nous retrouver (à chacun ses classiques): 

                              
(elles sont prêtes à donner tout ce qu'on leur prendra)


La chanson qui prouve qu'il y a des talents que je ne posséderai jamais, c'est celle que j'aurais voulu écrire et chanter, en échange de celles écrites et chantées pour moi :

                                
(All of me loves all of you, all your curves and all your edges, all your perfect imperfections)

La chanson qui prouve qu'on reste à jamais attachée à ceux/celles qui ont séché nos larmes:

                                  
( Et malgré la poussière qui viendra les couvrir, nos moments resteront jolis à en mourir)

La chanson qui prouve que les carrosses ne se transforment pas en citrouilles après minuit et qu'on peut avoir envie de rester nichée dans la douceur d'une écharpe et dans la pureté d'un moment  bien plus longtemps que "le temps d'une chanson" :

                                   
(Not sure I understand this role I've been given...)

La chanson qui prouve qu'un moment unique doit justement le rester :


                                   
(Puisque tu ne veux plus comprendre qu'il faut des années pour te prendre)


Merci à tous ces visages cachés d'avoir enrichi, souvent à leur insu mais parfois avec un soin particulier dans le choix de la chanson, la BO de ma vie . 

De quoi est composée la BO de votre vie?

vendredi 28 juillet 2017

Les soldats de l'aube de Deon Meyer

D’autres enfin abaissaient la limite et l’on avait le droit de frôler le jardin des délices, mais pas d’y mettre la queue. On avait le droit d’embrasser, de caresser, de lécher et de faire jouer ses doigts, mais pour qu’on veuille bien ouvrir le portail à M. Livraison, il fallait montrer son passeport. 
L’engagement.

Zet a quitté la police à la suite du décès de son collègue. Tout le monde pense qu'il ne supporte pas de ne pas avoir pu le sauver. La réalité s'avère plus complexe. Quand Hope Benecke, avocate, lui propose de se mettre sur la piste d'un testament perdu, en lui disant qu'il ne reste que sept jours pour que la cliente puisse récupérer l'argent que ce testament lui promettait, Zet ne se démonte pas et accepte. 

J'avais déjà lu le premier polar de Deon Meyer, auteur sud-africain écrivant en afrikaans (donc blanc), et comme je n'avais pas été emballée, celui-ci, que j'avais acheté en même temps que le premier lors de sa venue à Saint-Malo attendait dans ma PAL depuis un moment. J'ai depuis remarqué que celui-ci avait eu deux prix, ce qui n'avait pas été le cas du premier. Et effectivement, il est bien meilleur. Je lis maintenant assez peu de polars, mon dernier remontait à mai, ce qui explique peut-être que j'y prenne davantage de plaisir. Le récit alterne l'enquête de Zet et son enfance qui sera marquée par le meurtre de sa voisine sur laquelle il fantasmait, ce qui permet un double regard sur le désir masculin, celui du jeune adolescent qui ressemble presque à un hommage et celui qui tue. Et il me semble que de jouer sur les doubles (récit double, la perception qui s'oppose à la réalité, le double féminin),  Deon Meyer le fait très bien, tout comme il nous laisse entrevoir ce que fut l'Afrique du Sud avant et surtout juste après l'apartheid. Zet est peut-être un peu trop l'archétype du héros de roman noir, bourru au possible mais tout doux en dedans et Hope est sans doute beaucoup plus patiente à son égard qu'on ne peut l'être face à un homme dont la seule défense est l'esprit de contradiction. Mais pour nous, lecteurs, il est touchant car nous avons accès au parcours qui a fait de lui ce qu'il est. C'est donc un polar que je vous recommande chaudement. Je vais attendre deux bons mois avant de me relancer dans le genre. Mon seul bémol est qu'il y a dans ce roman une femme dont je n'ai pas compris le comportement. 


Merci au Festival Etonnants Voyageurs qui m'a permis de rencontrer l'auteur.  
A conseiller aux amateurs de romans noirs avec un fond social. 

mercredi 26 juillet 2017

"Arrête avec tes mensonges" de Philippe Besson

"Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence très pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la manière d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas.”

Philippe Besson a dix-sept ans quand il tombe amoureux de Thomas, cet élève de terminale que toutes les filles dévorent des yeux. Ils appartiennent à des cercles qui jamais ne se rejoignent, aussi tombe-t'il des nues quand Thomas lui fixe un rendez-vous dans un bar, loin des regards indiscrets. Thomas ne s'embarrasse pas de préambules et lui propose une rencontre dont le but est évident. Commence la première histoire d'amour de l'auteur.
Je n'aime pas les autofictions mais j'aime retrouver des émotions qu'a pu éprouver l'auteur quand il les romance. Philippe Besson aurait pu choisir de romancer cette histoire mais il le dit, même si le livre est étiqueté en roman, c'est un récit, celui de son premier amour. Avec des mots parfois crus qui ne choquent pas (quand on parle de sexe, je préfère qu'on appelle un chat un chat) et qui n'empêchent pas une délicatesse infinie dans la description du désir, du sentiment amoureux, du manque de l'autre dans l'attente du prochain rendez-vous, de l'inquiétude aussi puisque les sentiments ne se disent pas, Philippe Besson s'approche de notre intime en parlant du sien.
“Plus tard, j'écrirai sur le manque. Sur la privation insupportable de l'autre. Sur le dénuement provoqué par cette privation  ; une pauvreté qui s'abat. J'écrirai sur la tristesse qui ronge, la folie qui menace. Cela deviendra la matrice de mes livres, presque malgré moi. Je me demande quelquefois si j'ai même jamais écrit sur autre chose. Comme si je ne m'étais jamais remis de ça  : l'autre devenu inaccessible. Comme si ça occupait tout l'espace mental."
 Le roman se divise en trois chapitres et j'en ai aimé chaque partie. J'ai été touchée par la découverte des corps et du sentiment amoureux mais aussi par la perte de l'autre et par la possibilité de renouer le contact quand l'occasion se présente, possibilité dont chacun peut faire ce qu'il souhaite. Et il y a ce jeune homme qui surgit de nulle part à Bordeaux, qu'on trouve d'abord un peu léger mais qui prend une vraie consistance. Evidemment, j'ai été touchée par le destin de Thomas mais je ne vais pas vous le dévoiler. Si ce livre met en scène deux jeunes hommes, il ne se réduit pas à l'homosexualité. Il a la force des premiers émois ou du grand amour, chacun y puisera certainement une parcelle de sa propre histoire. Philippe Besson, explique que c'est le récit d'un "Et si...", et si Meryl Streep ouvrait la portière à la fin de Sur la route de Madison. Il a réussi un tour de force ici, celui de me donner envie de revoir un film que je n'ai pas aimé à sa sortie mais qui me toucherait peut-être davantage maintenant et celui de me réconcilier avec l'auteur de La Trahison de Thomas Spencer qu'il évoque d'ailleurs dans ce livre. Dans son entretien, il parle de l'un de ses romans dont le personnage est Marcel Proust. Je sais donc avec quel titre je poursuivrai ma découverte de cet auteur. Vous allez penser que je passe mon temps submergée par l'émotion alors, je vous rassure, entre deux, je lis des romans de rentrée qui, malheureusement ne me touchent ni par la plume, ni par le contenu. 
Cerise sur le gâteau, même si Philippe Besson est plus vieux que moi, nos références des années 80 sont les mêmes. La lecture qu'en fait Antoine Leiris, auteur de Vous n'aurez pas ma haine a un petit côté suranné qui m'a beaucoup plu. 
Publié le 5 janvier 2017 chez Juillard et le 7 juin 2017 chez Audiolib

Merci à Sylire dont le coup de cœur m'a rappelé mon envie initiale. 
A conseiller à tous. 

                                                                        





vendredi 21 juillet 2017

[parenthèse] Claude Lelouch (ou plutôt ses films) et moi

J'ai eu envie de prendre un raccourci et je me suis paumé...

Si je vous disais que j'ai vu tous les films de Claude Lelouch, moi qui ne suis cinéphile que par intermittence, je serais une fieffée menteuse. Comme la plupart d'entre vous, je suppose, j'ai vu quelques uns de ces films, en ai aimé mais ai aussi été de plus en plus agacée par ce que je considérais comme un scénario inconsistant (précisons tout de suite, mais vous le savez déjà, que je ne suis pas une spécialiste du cinéma, encore moins du cinéma français et que tout ce qui suivra sera du pur ressenti et en aucun cas une analyse). Je crois que pour moi, tout tient dans le choix des acteurs, c'est grâce à eux si j'accroche ou pas au film. Trintignant et Anouk Aimé sont superbes dans Un homme et une femme et Montand et surtout Annie Girardot, une actrice que j'aime beaucoup, le sont tout autant dans Vivre pour vivre. Je me rends compte que j'ai vu ses films par vagues, pas mal de films des années soixante (je rappelle aux médisants que je n'étais pas née), aucun des années 70. Puis entre 1980 et Hommes, Femmes, mode d'emploi, j'en ai vu un sur deux et là encore, mon choix fut souvent guidé par l'affiche. Après ça, j'ai décidé que décidément, l'improvisation pouvait être géniale dans des moments de grâce (cf la scène de Lucchini dans la tente dans Tout ça pour ça) mais que j'aimais les scénarios et les dialogues plus écrits. 
Je n'avais pas vu Itinéraire d'un enfant gâté. Et disons-le, entre ce film et moi, ça commençait mal puisque mon premier téléchargement légal (sur Vidéofutur) ne me permit pas de le visionner. Je payai donc une deuxième fois. Autant dire qu'il avait intérêt à valoir le coup! Et ce fut le cas. Sam Lion, enfant abandonné, est élevé dans le milieu du cirque qui restera sa passion. A la suite d'un accident de trapèze, il se reconvertit dans le nettoyage. Sa société prospère mais un beau jour, il décide de tout quitter, son entreprise et ses enfants devenus adultes, de se faire passer pour mort et de vivre en Afrique. 
Je ne sais pas si j'ai aimé ce film mais il m'a bouleversée, trop peut-être pour que j'aie pu éprouver du plaisir à le regarder dans la première partie en tout cas. Je ne sais pas non plus si on peut y être sensible en nageant dans le bonheur. Parce que c'est sans doute le film le plus réussi qu'il m'ait été donné de voir sur la dépression (là encore, c'est mon ressenti, je ne sais pas ce que Lelouch a voulu faire de ce film). Jean-Paul Belmondo qui obtint le César du meilleur acteur pour ce rôle est un être qui a perdu sa femme pendant leur nuit de noce et on sent qu'une chape de plomb lui pèse sur les épaules. Inutile pour lui de parler, tout se lit sur son visage et j'avoue que je ne connaissais pas la facette dramatique de cet acteur, mes parents ne m'ayant fait connaître que ses films comiques (ceux où il est toujours accompagné d'une actrice sculpturale, ce qui fait que je l'ai longtemps considéré comme un James Bond comique français) même si ado, j'avais bien sûr découvert A bout de souffle. Il était temps que je le découvre autrement. J'ai eu grand plaisir à revoir Richard Anconina jeune,  qui savait alors à la fois me toucher et me faire rire et j'avais oublié que Marie-Sophie L (la compagne de Claude Lelouch que je préfère, je ne compte pas Annie Girardot puisque je viens de découvrir leur relation en rédigeant ce billet) était si jeune quand elle a commencé à jouer pour Lelouch. C'est donc un film qu'il faut absolument voir, peut-être en période creuse, avec des mouchoirs sous la main. Je vous conseille aussi de le voir seul (ironie du sort, je rêvais de voir ce film accompagnée), sauf si vous souhaitez vous faire consoler (après tout, c'est une tactique comme une autre). Personnellement, le nez rouge et les yeux bouffis par les larmes, je préfère les garder pour moi. Je me suis interrogée sur la corrélation entre le moment où mes larmes ont commencé à couler à flots et les scènes avec les animaux sauvages, parce qu'il y a, dans Le ciel attendra qui tente d'analyser comment fonctionne l'embrigadement des jeunes femmes, une scène importante liée à ces vidéos. mais je n'ai pas trouvé de réponse. La deuxième moitié est plus reposante avec des passages drôles et tendres (la demande en mariage par exemple). Comme tous les films réussis, ce film pose la question du sens (pourquoi Sam décide-t'il réellement de tout quitter?) et même des questions morales (peut-on décider de disparaître en sachant qu'on laisse de la souffrance derrière soi? Est-on vraiment à même de juger que l'un de nos enfants a besoin qu'on s'éloigne pour qu'il s'épanouisse?) qu'on aurait envie de creuser à plusieurs. Le dernier passage est d'une beauté à pleurer (donc, oui, les larmes reviennent à la fin). Je ne savais ni que Lelouch pouvait à ce point émouvoir, ni que Belmondo pouvait exprimer le mal de vivre avec une telle intensité. 

A conseiller à ceux qui ont déjà eu l'impression de toucher le fond, ce film ne peut que leur parler. A conseiller aussi aux adeptes de John Irving, il y a des traits communs dans leur univers (le cirque, la manière de traiter le lien parents/ enfants et bien sûr, un certain désespoir). 
Merci Romain.



mercredi 19 juillet 2017

La mort de Carlos Gardel d'Antonio Lobo Antunes

vu que tout le monde a la manie de pleurer sur mon épaule sans se soucier de savoir si je suis heureuse ou malheureuse, si j'ai la nostalgie du temps où j'étais enfant, si j'aime mon travail, si j'aime avoir une année de plus, si je m'ennuie le dimanche, tout le monde me raconte des drames, me raconte des malheurs, me mendie des idées, des opinions, des conseils, et j'avais envie de crier , en luttant pour ne pas trébucher sur mes larmes. 

Nuno est dans le coma. Son père et sa mère, divorcés quand il était enfant, mais aussi sa tante et le personnel médical se succèdent à son chevet. Alors que Nuno ne comprend pas qu'on puisse parler de lui comme d'un mourant, il se remémore en boucle les épisodes de sa vie, avec bien sûr au centre, le départ de son père et tout ce qui s'ensuivit. 
Ce roman est du Lobo Antones pur jus, si je me réfère à ce que j'ai lu de lui. La ponctuation est aussi déstructurée que le récit, il n'y a presque pas de points et des parenthèses se ferment alors qu'elles n'ont pas été ouvertes. Tout cela est bien sûr à l'image du cheminement de l'esprit dans les situations auxquelles les personnages de cet auteur font souvent face. Il faut le dire d'emblée, Antonio Lobo Antunes fut psychiatre jusqu'en 1985 (merci Attila pour l'info) et cela imprègne fortement son écriture. Commencer un roman de cet auteur, c'est pour moi savoir que je vais souffrir un peu mais que des passages mélangeant le passé et le présent vont m'emporter. Mon préféré reste à ce jour Au bord des fleuves qui vont, peut-être parce que c'est le premier titre que j'ai lu de lui. Il m'est arrivé d'en abandonner un et je sais désormais qu'il me faut être dans une humeur très particulière pour apprécier ces lectures. Je n'en lis pas plus d'un par an et j'attends d'être envahie par une mélancolie toute portugaise (c'est sans doute un cliché lié au fado, ces chants très tristes). Et étrangement, la mélancolie s'évapore toujours au fil des pages alors que les thèmes sont toujours très noirs. 
Comme tous les ans, je vais espérer qu'enfin, on pensera à lui pour le prix Nobel de littérature (si on le donne à Bob Dylan, et je me contrefiche qu'on le donne à un chanteur-parolier, il va vraiment falloir le donner à Antonio Lobo Antunes). 

Traduit par Geneviève Leibrich- Publié en 1995 chez Christian Bourgois, à qui ce roman est dédié. Lu en 10/18 (415 pages)


Merci à Attila, la seule lectrice que je connaisse qui lise aussi cet auteur. Merci aussi (parce que je n'aurai plus l'occasion de le faire si je ne le fais pas là) à mon anonyme qui parsème mon blog de gentils commentaires en portugais. Obrigada.
A conseiller à ceux qui ne sont pas sujets aux maux de tête. 

lundi 17 juillet 2017

Les furies de Lauren Groff

Le mariage est un tissu de mensonges. Gentils pour la plupart. D'omissions. Si tu devais exprimer ce que tu penses au quotidien de ton conjoint, tu réduirais tout en miettes. Elle n'a jamais menti. Elle s'est contenté de ne pas en parler. 

Mathilde et Lotto se rencontrent à l'université. C'est un vrai coup de foudre. Mais cette rencontre est-elle si spontanée qu'elle le parait? De même, cette relation impossible entre Lotto et sa mère n'est-elle vraiment due qu'au caractère difficile de la mère? Quant au succès de Lotto en tant que dramaturge, à qui le doit-on vraiment?

J'avais beaucoup entendu parlé de ce roman et souvent en des termes très élogieux. Je l'avais offert à Marjorie, ce qui m'avait permis d'y jeter un coup d’œil et en lisant une page, il m'a semblé que ce roman n'était pas pour moi. Puis, Marjorie me l'a prêté, Laure m'a proposé une lecture commune et la motivation de m'y mettre vraiment est finalement venue. Et tant mieux. J'ai aimé le début centré sur Lotto, puis ai ressenti une légère pointe d'ennui à un moment, Lotto finissant par être une personnage trop superficiel pour m'emporter. C'est évidemment intentionnel. Puis nous passons à Mathilde et là, l'ensemble reprend vie, à la fois parce qu'on découvre la facette cachée de la vie de Mathilde avant sa rencontre avec Lotto et son caractère bien trempé. J'ai adoré ce personnage de femme qui n'est pourtant pas aimable au sens premier du terme mais c'est une femme qui prend sa vie en main de bout en bout jusqu'à ce qu'un élément lui échappe. C'est un roman que, comme Barack Obama,  je vous recommande alors que j'avais abandonné l'un de ses romans précédents, Les monstres de Templeton. Il y a des phrases très justes qui ont su me parler:
Elle se surprit à penser que la vie avait une forme conique, le passé s'évasait à mesure qu'il s'éloignait du moment présent, à la pointe du cône. Plus on vivait, plus la base s'élargissait, de sorte que des blessures ou des trahisons, quasi imperceptibles au moment où elles s'étaient produites, s'étiraient comme des points minuscules sur un ballon de baudruche qu'on gonfle peu à peu. Une petite tache sur l'enfant frêle se transformait une une difformité énorme sur l'adulte, impossible à franchir et aux bords effrangés. 

Publié en janvier 2017 chez Gallimard- 426 pages
Merci à Laure et Marjorie pour les raisons citées plus haut. Merci Max, c'est ton enthousiasme qui m'a convaincue. 
A conseiller - encore et toujours- aux amateurs de personnages féminins inoubliables. 

jeudi 13 juillet 2017

[parenthèse] L'été, les magazines féminins et moi

Je lis peu la presse féminine même si Vanity Fair fait parfois exception à la règle car j'aime ses articles plus fouillés. Mais l'été est le moment où je me laisse parfois tenter et mes premières vraies vacances en célib' (terme sur-utilisé dans les magazines féminins) étaient sans aucun doute propices à ce genre de lecture. Pour la première fois, mon ado de 16 ans a découvert la presse féminine et je lui ai quand-même demandé d'éviter de faire certains tests directement sur les magazines, il y a des zones d'ombre que je préfère conserver. J'ai d'abord remarqué cette année que le diktat des articles sur les régimes semblait enfin fini. Mais qu'ai donc gardé de toutes ces lectures?
- des idées pour relooker mes sols.
- des idées de chansons/ albums à découvrir (ça tombe bien, Barbara, ce n'est pas franchement le pied pour l'été) : j'aime beaucoup la reprise de Dancing in the Dark par Paradisia.

- des idées lecture: Contre moi de Lynn Steger Strong chez Sonatine par exemple.
- une idée de combinaison (voilà bien un vêtement que je ne mets jamais mais comme je tente des expériences nouvelles cet été, pourquoi pas celle-là?) que bien sûr je ne retrouve pas sur le site du magasin.
- une idée de sport pour la rentrée: l'aquacombat (entre ça et le cardio-boxing, mon cœur balance encore) qu'il est bien sûr impossible de pratiquer en Normandie. 
- les gagnants du prix Avantages de la beauté (c'est un rituel, je pique toujours de nouvelles idées dans ce prix)
- des idées de gâteaux que je risque de ne jamais faire (j'ai choisi le gâteau glacé au chocolat et aux framboises mais comme d'habitude, je vais manger mes framboises au fur et à mesure et il n'en restera plus pour le gâteau)
- des tutos pour coudre sacs et patchwork avec des jeans. J'adore! 

On remarquera que les magazines d'août persistent à sortir la première semaine de juillet, donc en août, quand on sera encore les pieds dans le sable (ou quand je serai dans la fournaise romaine) , on nous obligera à penser déjà à la rentrée! 

mardi 11 juillet 2017

Dalva de Jim Harrison

Dalva est une femme moderne, qui aime les hommes, qui en a d'ailleurs aimé un passionnément quand elle était jeune et qui est tombée enceinte. Mais ce jeune homme ne pouvait pas être le bon pour des raisons que nous découvrons très vite et Dalva doit abandonner l'enfant qu'elle porte. Ce sont ses souvenirs que nous suivons et sa double quête: celle passée pour retrouver Duane, son grand amour et celle présente pour retrouver ce fils. A la voix de Dalva se superpose celle de Michael, son ami. 

Il est des monuments de la littérature qu'on garde au chaud dans ses placards sans oser les attaquer, parfois et c'est le cas avec celui-ci, parce qu'on a l'impression qu'on ne sera pas à la hauteur. Cet auteur est l'un des auteurs préférés d'une amie chère et je ne l'avais toujours pas lu. Il était grand temps que je répare cette erreur. J'ai beaucoup aimé la partie consacrée à Dalva. Jim Harrison dessine là un portrait de femme forte comme je les aime et il fait souffler un vent qui nous propulse avec talent dans le monde amérindien. J'ai eu du mal à changer de personnage et à entrer dans la partie centrée sur Michael même si ses recherches sur les indiens sont passionnantes. Et puis, une scène très drôle (et dans laquelle Michael est l'archétype du vicieux qui profite d'une jeune fille) m'a embarquée. Jim Harrison parvient à faire revivre un monde disparu, à nous toucher sans pathos et à créer des personnages à la fois hauts en couleur, que ce soit les personnages principaux (le grand-père de Dalva est une réussite absolue) ou secondaires, notamment les amants de Dalva et de sa sœur et réalistes. Je relirai sans aucun doute cet auteur, plutôt l'été car je sens que j'ai besoin d'avoir l'esprit libre pour l'apprécier pleinement. 

Publié en France en 1991 par Christian Bourgois. Lu en 10/18 (471 pages).

Merci Nathalie de m'avoir donné envie de le lire et peut-être devrais-je maintenant donner une seconde chance à Philippe Dijan, ton autre grand chouchou.
A conseiller aux amoureux des grands espaces et des personnages féminins inoubliables. 

dimanche 9 juillet 2017

L'épopée du buveur d'eau de John Irving

Vivre avec quelqu'un, c'est un travail solitaire. 

Fred Bogus Trumper n'a que des problèmes: il a quitté sa femme et son enfant mais ne semble en tirer aucune satisfaction, sa nouvelle compagne commence à penser à avoir un enfant, un cinéaste veut faire de sa vie un film emblématique sur la  lose et surtout, son sexe ne fonctionne plus comme il faut. Sommé de choisir entre trois solutions, il choisit de boire le plus possible avant et après l'acte sexuel. 

Ce titre est le deuxième roman de John Irving et autant le dire tout de suite, celui que j'ai le moins aimé. Déjà, il n'y a ni ours, ni catch et en plus, je n'y ai pas retrouvé la verve de l'auteur. C'est assez foutraque mais finalement pas si drôle que ça. Je préfère de très loin, et contrairement à un grand nombre d'entre vous, ses romans plus récents (sauf le dernier que je n'ai pas encore lu) et surtout A moi seul bien des personnages. Comme je le lisais pendant ma semaine au bord de la mer, le petit ami de ma fille qui nous accompagnait m'a innocemment demandé: "Ça raconte, quoi, votre livre, Valérie?". Je fus bien embêtée mais optai pour la vérité: "C'est l'histoire d'un homme qui a des problèmes avec son sexe et doit donc boire beaucoup d'eau avant et après l'acte sexuel". Regard étonné et la question de rigueur: "Euh, vous lisez toujours ce style de livres?". "Non, d'habitude avec cet auteur, il y a des ours, du catch et du sexe, et souvent deux de ces thèmes mélangés dans la même scène. Mais pas là et c'est un peu décevant". Quand je suis rentrée de mon moment à la plage en disant aux deux ados qui, eux, avaient vaqué à leurs activités de leur côté, que j'avais une anecdote croustillante à leur raconter, l'ado malicieux m'a demandé si ça parlait de sexe, de catcheur et d'ours. Je suis certaine qu'il se rappellera très bien des thèmes de prédilection de John Irving. 

Publié au Seuil en 1972. Lu dans les éditions Points. 426 pages.

Merci à John Irving pour le reste de son oeuvre (on n'est pas obligé d'écrire des chefs d'oeuvre d'entrée de jeu).
A conseiller à ceux qui souhaitent, comme moi, lire tout Irving. Sinon, il y a beaucoup mieux. 

mardi 4 juillet 2017

K.O de Fabrice Gobert

Antoine Leconte est un homme puissant, à la tête d'une chaîne de télévision. Mais c'est surtout un homme qui a oublié toutes ses valeurs, court après la puissance, ne sait pas câliner sa fille et ne sait plus qu'il aime Solange qui elle, déprime et se venge en écrivant un roman dont le protagoniste est un misogyne détestable.  Et puis, un jour, un employé de la chaîne à qui on refuse du travail depuis plusieurs mois tire sur Antoine qui se réveille à l"hôpital. Il découvre que son luxueux appartement appartient désormais à Solange qui est sa patronne et qu'il n'est plus qu'un "simple" présentateur météo.

Comme à chaque fois que je publie un billet sur un film mettant en scène Laurent Lafitte, je souligne ma totale partialité à son égard. J'aime son jeu d'acteur, à tel point que j'aime tous les films dans lequel je l'ai vu jouer et je lui trouve un charme fou (impression qui ne semble pas partagée par mes amies). Il est à nouveau parfait et je l'aime autant en personnage antipathique que sympathique (parce que bon, ce sourire à la fin, quand-même, nous fait fondre). On peut trouver le film un peu trop moralisateur et manichéen; le réalisateur, qui est aussi celui de la série Les Revenants, souhaitait aborder les thèmes "de la violence au travail, des rapports de pouvoir, du mépris, de l’incapacité qu’ont certains à se mettre à la place de l’autre". J'y ai vu senti aussi cette impression de vivre en marge de sa propre vie. Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre et j'ai hâte que Laurent Lafitte trouve un rôle à la mesure de son talent, peut-être dans Au Revoir là-haut. Il porte en tout cas le film sur ses épaules, comme ce fut le cas avec Boomerang

Sortie: le 21 juin 2017- 1h53

Merci à ma fille, partenaire de mes séances spéciales Laurent Lafitte (j'avais quand-même censuré Elle de Paul Verhoeven) et tout autant sous le charme que moi. 
A conseiller aux fans de Laurent Lafitte (nettement plus beau barbu qu'imberbe, ce film le prouve) ou de charisme masculin en général et à ceux qui souhaitent revoir Chiara Mastroianni. 

dimanche 2 juillet 2017

Pierre de Cristal de Franz Duchazeau

Pierre a une dizaine d'années quand à l'école, il entend d'autres élèves dire qu'on a vu sa mère avec un autre homme que son père. Il n'avait pas besoin de ça pour se rendre compte que quelque chose clochait à la maison, les gestes tendres entre ses parents étant inexistants. Dans une angoisse du temps qui passe trop vite, il ne cesse de prendre des photos de ceux qui l'entourent, et de ses parents en premier lieu. 

Cette BD est la BD de la nostalgie de l'enfance par excellence. On ressent à la fois l'ennui inhérent aux vacances chez les grands-parents et le plaisir de partager du temps avec la cousine, les liens fraternels et ces liens complexes qui unissent les enfants à leurs parents. Et il y a cet épisode très bien vu de ces objets talismans dont les adultes ne comprennent pas l'importance dans la vie des enfants. 

C'est doux amer, ça pique un peu sous la langue, tout en finesse. Je vous la conseille. 

Publié le 6 mai 2017 chez Casterman (collection Ecritures).

Merci à Babelio.
A conseiller aux nostalgiques de leur enfance ou au contraire, à ceux, comme moi, qui ne le sont pas du tout, surtout si vous avez grandi dans la période Casimir. 




Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...