mercredi 19 juillet 2017

La mort de Carlos Gardel d'Antonio Lobo Antunes

vu que tout le monde a la manie de pleurer sur mon épaule sans se soucier de savoir si je suis heureuse ou malheureuse, si j'ai la nostalgie du temps où j'étais enfant, si j'aime mon travail, si j'aime avoir une année de plus, si je m'ennuie le dimanche, tout le monde me raconte des drames, me raconte des malheurs, me mendie des idées, des opinions, des conseils, et j'avais envie de crier , en luttant pour ne pas trébucher sur mes larmes. 

Nuno est dans le coma. Son père et sa mère, divorcés quand il était enfant, mais aussi sa tante et le personnel médical se succèdent à son chevet. Alors que Nuno ne comprend pas qu'on puisse parler de lui comme d'un mourant, il se remémore en boucle les épisodes de sa vie, avec bien sûr au centre, le départ de son père et tout ce qui s'ensuivit. 
Ce roman est du Lobo Antones pur jus, si je me réfère à ce que j'ai lu de lui. La ponctuation est aussi déstructurée que le récit, il n'y a presque pas de points et des parenthèses se ferment alors qu'elles n'ont pas été ouvertes. Tout cela est bien sûr à l'image du cheminement de l'esprit dans les situations auxquelles les personnages de cet auteur font souvent face. Il faut le dire d'emblée, Antonio Lobo Antunes fut psychiatre jusqu'en 1985 (merci Attila pour l'info) et cela imprègne fortement son écriture. Commencer un roman de cet auteur, c'est pour moi savoir que je vais souffrir un peu mais que des passages mélangeant le passé et le présent vont m'emporter. Mon préféré reste à ce jour Au bord des fleuves qui vont, peut-être parce que c'est le premier titre que j'ai lu de lui. Il m'est arrivé d'en abandonner un et je sais désormais qu'il me faut être dans une humeur très particulière pour apprécier ces lectures. Je n'en lis pas plus d'un par an et j'attends d'être envahie par une mélancolie toute portugaise (c'est sans doute un cliché lié au fado, ces chants très tristes). Et étrangement, la mélancolie s'évapore toujours au fil des pages alors que les thèmes sont toujours très noirs. 
Comme tous les ans, je vais espérer qu'enfin, on pensera à lui pour le prix Nobel de littérature (si on le donne à Bob Dylan, et je me contrefiche qu'on le donne à un chanteur-parolier, il va vraiment falloir le donner à Antonio Lobo Antunes). 

Traduit par Geneviève Leibrich- Publié en 1995 chez Christian Bourgois, à qui ce roman est dédié. Lu en 10/18 (415 pages)


Merci à Attila, la seule lectrice que je connaisse qui lise aussi cet auteur. Merci aussi (parce que je n'aurai plus l'occasion de le faire si je ne le fais pas là) à mon anonyme qui parsème mon blog de gentils commentaires en portugais. Obrigada.
A conseiller à ceux qui ne sont pas sujets aux maux de tête. 

17 commentaires:

  1. Quand je feuillette ses bouquins, j'ai l'impression de sauts de lignes sans majuscules, c'est bien lui? Oui, un jour je tenterai.
    A propos de prix Nobel, je pense parfois, Dylan c'est fait, donc on va pouvoir reprendre les listes d'auteurs qu'on aime, je pense à Schoeman, mais il vient de mourir, me reste Marias, mais je suis sympa, je t'accorde le tien!

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  2. Bel article, il faut de drôles de disposition pour apprécier l'auteur. J'ai bien aimé "mélancolie toute portugaise", belle tournure :) Au delà de tout cela, un livre pas pour moi, certainement trop compliqué.

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    1. C'est sans doute l'un des auteurs contemporains les plus complexes que je lis.

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  3. C'est en effet un beau billet, j'ai l'impression que cet auteur est assez exigeant pour le lecteur, pas sûre que je sois de taille à l'affronter!

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    1. Bien sûr que tu es de taille, c'est juste qu'il faut trouver le bon moment.

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  4. Très belle citation, touchante, sensible... belle entrée en matière pour un billet qui donne envie de découvrir et de lire cet auteur

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  5. Jamais lu Antonio Lobo Antunes. Le coté déstructuré et son passé de psychiatre sont loin d'être des atouts il faut dire (à mes yeux du moins).

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    1. Je comprends très bien. Je pense que certains titres te plairaient néanmoins.

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  6. Je ne suis pas certaine que le style me plairait.

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  7. J'en ai acheté 3 de cet auteur mais je n'ai pas ce titre. Je suis curieuse de découvrir sa prose...

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    1. Accroche-toi bien, c'est un voyage avec des secousses.

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