jeudi 21 septembre 2017

Sur l'écriture de Charles Bukowski

Je considère la lettre en elle-même comme une forme à part entière, aussi importante que la forme du poème, elle a une faculté à dire ce que la forme poétique ne peut pas, et ça marche aussi dans l'autre sens. 

Alors, me direz-vous, qu'ai-je pensé de ma première rencontre avec l'écrivain à la réputation sulfureuse (à côté de lui, Gainsbourg donne l'apparence d'un homme très propre sur lui)? J'ai d'abord aimé son humour pince sans rire (parce que, rassure-moi, Jérôme, c'est de l'humour?):
Je vis depuis cinq ans avec une femme de dix ans plus âgée. Mais je me suis habituée à elle et suis trop fatigué pour en chercher une autre ou la quitter. 
Mais j'avoue que la phrase qui précise qu'il connait des femmes dont le fantasme est de se faire violer, je l'ai moyennement appréciée.  Je n'ai pas toujours su s'il pensait ce qu'il disait des autres auteurs mais j'ai parfois trouvé ça drôle (mais je crois qu'il le pense), sauf bien sûr quand il dit du mal de Shakespeare :
Faulkner très souvent c'est de la merde, enfin de la merde intelligente, bien sapée, et quand il sera mort ils auront du mal à lui cirer les pompes parce qu'ils le comprennent pas tout à fait, et ne le comprenant pas, les parties lourdes et ennuyeuses, la quantité d'italiques, ils mettront ça sur le compte du génie. 
Lui, par contre, ce n'est pas toujours la modestie qui l'étouffe:
Women est mon meilleur livre. Il va générer une belle quantité de haine, des tas de réactions, comme l'a toujours fait n'importe quelle excellente oeuvre d'art. 
Mais on sent que l'écriture est ce qui le maintient en vie, et c'est terriblement touchant:
Sans ce recueil, je serais probablement mort suicidé ou en train de gober des pilules dans l'institut psychiatrique le plus proche. 
Si je n'ai pas trouvé Bukowski très sympathique (j'ai comme l'impression que passer une soirée en sa compagnie m'aurait été insupportable, et ça tombe bien parce qu'il semble avoir été très solitaire), j'ai trouvé que cette correspondance se lisait comme un roman qui s'étend sur une quarantaine d'années.
Allons voir ce qu'en a pensé le lecteur assidu de Bukowski.

 Au Diable Vauvert.
338 pages, 20€, parution le 14 septembre.

Merci à Jérôme qui a accepté de m'accompagner dans cette lecture commune que je ne pouvais faire qu'avec lui. 
A conseiller à ceux qui veulent découvrir l'auteur sans prendre trop de risques et aux amoureux de cet art  qu'est la correspondance (dont je fais partie). 


24 commentaires:

  1. l'homme a tout fait pour se rendre odieux et avec moi il a si bien réussi que je n'aime pas le lire. Mais je pense qu'il n'aimerait pas être lu par moi alors ça tombe bien.

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  2. Jamais lu les lettres, en revanche des recueils de nouvelles oui, et j'avais adoré ( même si je reconnais que le ton et l'ambiance, cette écriture qui claque, c'est particulier )

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  3. Bien sûr que c'est de l'humour^^ Pour moi Women est son pire roman, un concentré de misogynie détestable (si on le prend au premier degré du moins).
    Il n'était pas du tout imbu de lui-même, . Il était dans la provoc, il aimait cracher sur les grands noms de la littérature parce que ça le faisait marrer. Il avait des lettres, c'était un très gros lecteur qui a écumé les rayonnages de la bibliothèque publique de Los Angeles pendant des années, et pas uniquement pour cuver son mauvais vin.
    J'ai toujours préféré ses nouvelles et chroniques à ses romans, ses romans à sa poésie et sa poésie à sa correspondance. Ce recueil ne m'a rien appris, il le montre tel qu'il est, du moins dans la posture qu'il n'a jamais cessé d'avoir.
    Je le préfère dans les bars ou sur les champs de courses, je le préfère seul dans un appart insalubre entouré de bouteilles vides que dans les universités où il lisait ses poèmes ou sur les plateaux de télé (le fameux apostrophes dont tout le monde se souvient est d'un ridicule absolu de mon point de vue).
    J'aurais détesté le fréquenter mais j’adorerais toujours le lire parce qu'il restera à jamais le déclencheur de mon amour des livres et de la lecture.
    Merci de m'avoir proposé cette lecture commune, ce fut un plaisir de t'accompagner pour ton premier Bukowski.

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    1. C'est moi qui te remercie. Il était trop lourd pour moi, ton Buko, il fallait que je sois épaulée.

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  4. Un écrivain qui ne t'a pas laissé indifférente.

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  5. J'ai très envie de m'y coller. Ça manque à ma culture personnelle. Mais j'avoue que je suis tentée de mettre la main à la pâte avec ses classiques (sauf "Women"!). Je vais demandé à l'inconditionnel lequel il me conseille en premier! Et toi, tu vas récidiver?

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    1. Je suis curieuse de découvrir sa plume sous d'autres formes, oui.

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  6. Sympa d'être accompagnée pour cette découverte, je ne l'ai jamais lu mais qui sait peut-être un jour, pas sûre de beaucoup aimer.

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    1. Peut-être n'es-tu pas non plus obligée de tenter l'expérience.

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  7. Ah Bukoswki ... Je l'ai découvert il y a une dizaine d'années grâce à mes ex beaux parents, qui m'avaient offert un recueil de ses plus célèbres romans Quelle écriture ... Quel homme. C'est un style à part entière !

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  8. Bukowski laisse rarement indifférent mais mieux vaut éviter de le prendre au premier degré...

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    1. Mais quand c'est ta première rencontre, ce n'est pas difficile de distinguer le premier du second.

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  9. je viens de dire chez Jérôme que je ne le lirai pas finalement, finalement...

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  10. Pas le courage de le lire! Est-ce qu'on peut le comparer à Céline pour la provoc, l'humour noir, l'amertume, la misanthropie, la misogynie ? (je ne parle pas de l'antisémitisme))

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    1. Il y a longtemps que je n'ai pas lu Céline, il a beau êtres talentueux, il n'est pas du tout pour moi.
      Comme je ne suis pas très douée à distinguer le premier du second degré, je suis mauvais juge.

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  11. Je pense que sa misogynie était une misogynie de façade… Il y a d’ailleurs une théorie sur Buk’ ; 9 femmes sur 10 détestent Bukowski… et ça se vérifie souvent…. Et ça ce n’est pas de la misogynie !… il a toujours reconnu que sa femme (sa dernière) lui a fait gagné 10 ans en le mettant à la « diète ». Pour Women, c’est une partie difficile de sa vie où il était avec une femme qui lui en faisait voir de toutes les couleurs…
    …il faut prendre Buko au 2ième/3ième degré (j’aime à croire) et qu’il est le premier à se moquer de lui ! (choc pour moi, car pas très courant)
    Après commencer par sa correspondance, ce n’est pas une bonne idée : il faut mieux commencer par ses contes/nouvelles puis romans : Le postier/Souvenir d’un pas grand-chose/Factotum et finir par Le Capitaine est…/ Pulp. C’est juste mon avis.
    Mais c’est clair qu’il faut aimer le laid / le gras / le bien lourd / la « merde » pour aimer Bukowski : comme je dis souvent : « Bukowski c’est le pissenlit sur la bouse de vache… » il fait du beau avec du laid…

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    1. Son rapport à l'écriture m'a trop touchée pour que je le déteste. Je me demande si je n'aurais pas plutôt pitié mais c'est un sentiment affreux.
      Pour moi, commencer par la correspondance était très bien. Je crois que j'avais besoin de comprendre un peu à qui j'avais affaire.

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  12. Je ne l'ai jamais lu non plus, et j'avoue que pour l'instant ça ne m'attire pas spécialement.

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    1. Je comprends, j'étais curieuse mais pas vraiment attirée non plus.

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