Le sexe normal avec les garçons, ça ne l'intéresse pas. Les trucs habituels. La plupart des garçons voient le sexe comme un flipper. Comme si le but, c'était d'appuyer sur les mêmes boutons encore et encore et encore. C'est pénible.
A la fin de l'été 1988, la mère de Samuel quitte le foyer. Au fur et à mesure, elle avait emporté ses affaires sans que personne ne s'en aperçoive. Un départ soigneusement planifié, donc. Nous sommes en 2011 quand le roman s'ouvre. Samuel est prof à l'université, un prof pas franchement respecté de ses élèves, qui n'aime pas son métier et qui se rêve écrivain. Repéré comme futur talent plusieurs années auparavant, il n'a toujours pas écrit le roman pour lequel il a reçu un gros à-valoir. Et voilà que justement, son éditeur lui annonce qu'il va le poursuivre en justice. Ils trouvent finalement un compromis, Samuel écrira un livre à charge contre sa mère, qui est récemment devenue célèbre, ce que Samuel apprend par l'éditeur, en jetant des pierres sur un politicien.
Ce pavé de plus de 700 pages est typique de ces romans américains qui partent d'un point A pour arriver à un point B en passant par des points dont on n'imaginait même pas qu'ils pouvaient être aussi nombreux. A la fois roman avec une intrigue, voire même du suspense concernant le passé de l'ascendance de Samuel, réflexion sur divers sujets comme la pornographie ou les promesses à respecter ou pas, avec des variations dans la forme et le style, ce n'est pas un roman que nous avons en main, mais plusieurs. C'est souvent brillant, parfois un peu longuet, mais cela reste, dans l'ensemble, un très bon roman. J'ai beaucoup aimé les passages portant sur l'enfance de Samuel et notamment ses liens avec les jumeaux, mais aussi la partie se déroulant en Irak. Sans faire de la psychologie de bas étage, il m'a semblé que le passage sur cet enfant victime devenu bourreau était particulièrement réussi. D'ailleurs Nathan Hill a un don particulier pour croquer les personnages, surtout me semble-t-il, les personnages secondaires: Laura l'étudiante, m'a rappelé quelques petites garces croisées ici ou là. Alice, l'amie de la mère de Samuel, auteure de la phrase que je cite en ouverture de ce billet et Bishop, le jumeau, sont des personnages qui m'ont passionnée et touchée. L'ensemble varie dans une gamme allant du drôle à la gravité, parfois dans la même scène, comme par exemple dans la scène du chameau. Et puis, il y a ces caricatures (en fait, non, ce ne sont pas des caricatures, c'est souvent la réalité) de notre société:
Il lui suffisait de sélectionner une émotion parmi les cinquante émotions standard, de l'associer à une photo, un petit mot ou les deux, et de guetter l'afflux de messages de soutien.
Mais voilà que pour la première fois, les cinquante émotions standard lui semblaient limitées.
Publié en août 2017 chez Gallimard. 720 pages. Traduit par Mathilde Bach. Jérôme est conquis. C'est un coup de cœur pour Cuné. L'avis de Kathel rejoint le mien.
Merci à la librairie Dialogues.
A conseiller aux amoureux de pavés américains.
Nos avis se rejoignent... ce n'est pas le roman du siècle mais il multiplie les angles et les thèmes, et se lit facilement.
RépondreSupprimerhttps://lettresexpres.wordpress.com/2017/08/16/nathan-hill-les-fantomes-du-vieux-pays/
Je suis effectivement d'accord.
RépondreSupprimerAh, inoubliable Laura !
RépondreSupprimerIl y a des longueurs, oui, et je me suis ennuyé pendant la jeunesse étudiante de la mère mais pour un premier roman, on ne peut que saluer l'ambition de l'auteur
Inoubliable tête à claques, surtout!
SupprimerAh tu vois, c'est intéressant parce que moi, la jeunesse étudiante de la mère m'a intéressée, c'est plus les histoires de jeux vidéos.
Il est noté sur ma liste de rentrée, qui commence à s'allonger sérieusement.
RépondreSupprimerLa mienne aussi mais reste néanmoins très raisonnable.
SupprimerA oui : les romans américains partent d'un point A pour arriver à un point B ? Je n'avais pas vu ça comme ça.
RépondreSupprimerParfois, j'ai l'impression que c'est même le but, ils sont le début et la fin et ils comblent le milieu.
Supprimer720 pages + quelques longeurs : ce n'est pas pour moi, surtout en cette période de rentrée !
RépondreSupprimerC'est ce que me répondait une collègue à qui je voulais le prêter. ;-)
SupprimerRepéré depuis sa sortie. J'ai lu un extrait sur le site Gallimard. J'étais conquise!
RépondreSupprimerLes billets lus depuis me confortent dans mon envie de le lire. Ne reste plus qu'à trouver le temps de caser un 700 pages!
Oui, c'est toujours un peu le problème.
SupprimerJe ne suis pas certaine d'être "amoureuse des pavés américains" mais pourquoi pas si un jour j'ai le temps... ;)
RépondreSupprimerL'été prochain, peut-être...
SupprimerBah non...pavé et surtout Amérique...
RépondreSupprimerCeci dit, le thème est tentant !
J'avoue que les pavés que je lis sont presque toujours américains) même si en cette rentrée, j'en ai lu deux français.
SupprimerJe l'avais repéré et il me tentait. Je le note dans ma liste de pavés potentiels ;).
RépondreSupprimerExcellente idée!
SupprimerRepéré aussi et comme Brize...
RépondreSupprimerParfait! (les blogueuses se copient en ce moment dans les commentaires ;-) )
SupprimerBon pas certaine de le lire , je ne sens pas un gros emballement et pour plus de 700 pages c'est dommage :)
RépondreSupprimerJe suis emballée mais avec des bémols.
SupprimerIl me tente bien, j'aime ce type de roman, mais il est gros ! Pour les prochaines vacances peut-être...
RépondreSupprimerTu es anti-gros? ;-) Oui, il est parfait pour l'été.
SupprimerA première vue je n'aurai pas pensé que ça puisse me plaire, mais finalement si!
RépondreSupprimerAh, bien!
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