Avant-guerre, au début de la guerre, il les avait en quelque sorte déclassés par ses moeurs (d'eux, les gens normaux, disait-on qu'ils avaient des moeurs? Ils couchaient, ils aimaient, ils se mariaient, ils engendraient surtout, mais ils n'avaient pas de moeurs).
Klaus est allemand. Pendant quatre ans, il a vécu à Buchenwald. Survécu plutôt bien sûr, ce n'est que bien plus tard qu'il pourra revivre. Il retrouve Leipzig et le foyer familial, ce frère qui semble le détester et ces parents qui espèrent que Klaus est enfin sorti de la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait avant Buchenwald. Du camp, ils ne veulent rien savoir, de son homosexualité non plus. Très vite, Klaus sent qu'il lui faut partir et c'est en France qu'il pourra enfin refaire sa vie.
Je diviserais ce roman en deux parties : celle du retour de Klaus et celle du reste de sa vie. La première partie est magnifique. Les phrases vont droit au but et elles nous atteignent. Difficile parfois de transcrire le manque de communication entre les personnages mais Daniel Arsand y parvient très bien. Il décrit ce manque de curiosité pour la vie dans les camps, ou plutôt ce désir de ne pas savoir ce que les proches ont vécu, sans doute pour ne pas connaître la mesure des horreurs dont sont capables les hommes.
Tout le monde avait vécu des sales moments, Klaus, sans doute, n'avait pas à s'en attribuer la palme, la plupart n'en faisait pas tout un plat, tous les malheurs étaient respectables, on le lui envoyait en plein visage.
Parlons-en de la respectabilité. Au retour des camps, les malheurs ne se valaient pas et cette inégalité de traitement a duré pendant des décennies. On ne voulait pas des internés homosexuels lors des événements de commémoration liés au camps. Les juifs, les prisonniers politiques oui, les homosexuels, non. Ils ne furent pas indemnisés. Leurs souffrances furent niées.
Qu'on sache ce que c'était être pédé à Buchenwald, et pas gay, pédé car "pédé" porte en lui tous les coups reçus, les crachats, la haine assénée, gay, c'est si gentil, plein d'illusions...
Je ne peux que vous recommander ce roman mais si je trouve la deuxième partie un peu longue.
Mars, 2016 / 272 pages
Merci à la librairie Dialogues. Clara est emballée.
A conseiller à tous, même ceux qui comme moi, saturent parfois un peu avec ce sujet (oui, j'ose le dire).
Un livre marquant pour moi !
RépondreSupprimerIl est indubitablement marquant.
SupprimerDécidément, il commence à me tenter sérieusement celui-là...!
RépondreSupprimerCa ne m'étonne pas. ;)
SupprimerNoté chez Clara, tu confirmes donc. Je sature aussi par moment, il faut juste veiller à laisser passer un peu de temps et j'y reviens toujours.
RépondreSupprimerTu as raison, moi aussi, je finis toujours pas y revenir.
SupprimerMerci pour ce billet, je n'avais absolument pas repéré ce titre mais le sujet m'intéresse. Ma visite à Buchenwald m'avait bien entendu énormément marquée, et je me rends chaque année a Leipzig, que je croise peu dans mes lectures. J'ai l'impression en te lisant que le sujet est abordé de manière différente car en effet, les livres sur ce sujet ne manquent pas.
RépondreSupprimerMerci à toi pour ce commentaire. Effectivement, j'ai trouvé l'angle d'approche original.
SupprimerPas certain qu'on est beaucoup avancé depuis la guerre si on regarde globalement sur la planète. Pour le livre, il ne me tente pas.
RépondreSupprimerUn peu tout de même.
SupprimerRepéré également chez Clara. Sur le même sujet (déportation des homosexuels, et difficile retour des camps) il y a également la BD "Triangle Rose" qui m'avait beaucoup marquée.
RépondreSupprimerTu fais bien de me rappeler cette BD que j'avais oublié de noter.
SupprimerTrès tentant, il faudra juste trouver le bon moment.
RépondreSupprimerComme toujours. ;)
Supprimertu confirmes mon envie de le lire... Mais quand , :)
SupprimerQuand tu auras le temps. ;)
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