mardi 12 avril 2016

Dedans de Sandro Bonvissuto

A cet instant, je pensais comme il était vrai que la compréhension définitive d'un livre peut être différée jusqu'au moment où il nous arrive, à nous aussi, ce qu'on a lu dans ce livre. 

Le narrateur entre pour la première fois dans une prison. On ne saura pas ce qu'il a fait pour y être mais on suit à travers lui la découverte de ces codes qui ne prennent de sens que dans la répétition d'une routine et qui, surtout, permettent de rassurer quand rien n'est rassurant. A travers des phrases à la fois simples et puissantes, Sandro Bonvissuto nous transmet les différentes émotions ressenties par le narrateur, la peur étant sans aucun doute la plus présente: 

Je pensais qu'on ne peut pas passer la nuit à côté de quelqu'un quand on ne sait pas comment il s'appelle. On ne parvient pas à fermer les yeux. Pour dormir l'un près de l'autre, il faut au moins avoir échangé un prénom. 

On se rend compte à quel point la faute forge l'homme et finit par le définir. L'intérêt de ce roman tient dans ce regard neuf posé sur la prison et étrangement, alors qu'on pourrait trouver cela banal, c'est ce qui en fait la force. Parce que cette partie en prison est suivie d'une autre sur l'enfance du narrateur et sur les amitiés d'enfance, ce roman est intimement lié aux rapports masculins, aux liens d'amitié ou même aux liens filiaux et la fin est un passage à la fois fin, touchant et délicat sur les liens père-fils à travers ce moment important qu'est l'apprentissage du vélo, moment où il avoue enfin comprendre l'utilité de son père :

Bonvissuto © Michela Scarazzolo Il ne m'avait jamais regardé de cette manière; j'étais enveloppé par le regard de mon père qui vaut autant que l'embrassade maternelle. Ce regard qui vous enveloppe comme l'eau et se pose aussi sur les choses qui sont autour de vous en bonifiant les choses dangereuses. 

C'est un roman que je vous recommande même s'il ne raconte pas une histoire à proprement parler, il se centre plutôt autour de moments importants d'une vie. 

Merci aux éditons Métailié
A conseiller à ceux qui ont envie d'un univers finement viril. 


Publication : 07/04/2016-  192 p. 
Langue originale : Italien (Italie)
Traduit par : Serge Quadruppani






12 commentaires:

  1. J'ai peu lu sur l'univers carcéral... Je note celui-ci, il pourrait peut-être me plaire...

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  2. Il a l'air très original, je le retiens donc...

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    1. Il n'est pas forcément original mais c'est une belle observation du milieu carcéral et il est bien écrit.

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  3. Un titre qui pourrait me plaire au regard de tout ce que tu en dis.

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  4. On en vient à se demander si l'auteur a fait lui-même l'expérience de la prison ou du confinement, pour en parler si bien ?

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    1. Exactement. Heureusement, les bons auteurs sont ceux qui parviennent à nous faire croire qu'ils ont vécu ce qu'ils n'ont pas vécu.

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  5. Je suis certain qu'il me plairait vu ce que tu en dis.

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