Il n'a pas su pleurer cette femme qui l'avait quitté car malgré ses huit ans, il avait l'intuition que cet amour-là était risible, qu'on se moquerait de lui et que ceux qui s'apitoyaient faisaient un peu semblant.
Myriam a aimé prendre du temps pour s'occuper de ses enfants, elle a même fait un petit deuxième pour ça, en profiter encore un peu. Mais la brillante élève qu'elle fut se réveille et elle souhaite connaître enfin les joies du barreau. Quand elle croise un vieux copain de fac qui lui propose de venir travailler dans son cabinet, elle saute sur l'occasion. Mais bien sûr, il faut d'abord trouver une femme pour garder les enfants et c'est Louise qui est choisie.
Dès le début, on sait que Louise a tué les enfants. Pourtant, je n'ai pas trouvé que ce roman était glauque. Il est noir parce que qu'il montre la misère dans laquelle vit Louise sous ses apparences comme il faut. Elle a passé son temps à vivre pour les autres, pour ces familles pour lesquelles elle travaillait sans prendre du temps pour les siens. La voici donc seule et elle va petit à petit s'immiscer dans la vie de ces employés, s'accrochant à eux jusqu'au drame final. Leïla Slimani met ici en place un drame social dans lequel les moins sympathiques ne sont peut-être pas ceux qu'on pense. Myriam et son mari Paul sont pétris de condescendance envers cette femme, ils la trouvent parfaites mais dès qu'elle sort un peu des rails qu'ils ont posé, ils la condamnent. Qu'ils préfèrent vivre pleinement leur vie professionnelle ne m'a pas choquée plus que ça, les enfants trouvent une mère de substitution et ils n'ont pas l'air malheureux mais le regard posé sur cette femme, dont on a l'impression qu'ils n'ont même pas envie de savoir comment elle vit quand elle sort de leur appartement m'a profondément agacée, ce qui est le but. Leïla Slimani ne nous dépeint pas un monstre, elle nous dépeint une femme qui a commis un acte monstrueux. C'est un roman intéressant, que je suis contente de trouver dans les listes de prix même si je ne suis pas sûre qu'il mérite d'être si présent, si j'en compare l'écriture (loin d'être désagréable mais pas inoubliable non plus) avec d'autres romans de cette rentrée. C'est un coup de coeur pour les lectures du mouton.
Publié en août 2016 chez Gallimard. Toujours en lice pour le prix Goncourt. Renaudot et de Flore.
Un grand merci à Marjorie.
A conseiller aux amateurs de drames sociaux.
Un grand merci à Marjorie.
A conseiller aux amateurs de drames sociaux.
Ça donne vraiment envie... Je suis très curieuse de lire le traitement fait de ce drame. Mon prochain achat!
RépondreSupprimerC'est un traitement qui évite tout parfum de scandale.
SupprimerJ'en suis à la moitié... Captivée. Si ce n'était ce premier chapitre choc, je me demande s'il aurait fait autant de bruit. La seconde moitié me le dira...
SupprimerC'est une de mes prochaines lectures mais je ne suis pas certaine que je l'aurais lu si j'avais eu des enfants chez une nourrice.
RépondreSupprimerJe pense que c'est parce que la nourrice garde les enfants chez le couple que la dérive se produit.
SupprimerEnfin après 5 semaines le lecteur de la bibli l'a relâché, je vais pouvoir l'emprunter!
RépondreSupprimerIl faut dire que sa présence sur la liste de prix doit jouer.
SupprimerSacré drame social, en effet.
RépondreSupprimerOui mais c'est important de le dire, je pense. La tension monte et tout explose à cause de ça.
SupprimerJe suis d'accord avec toi, c'est un très bon roman bien construit, bien écrit mais de là à figurer sur la liste du Goncourt (entre autre...)...
RépondreSupprimerC'est surtout qu'il figure sur de nombreuses listes qui me gêne (mais c'est un Gallimard, il part avec un gros avantage).
SupprimerMoi, les drames sociaux chez Gallimard + nominés à plein de prix, je passe sans regrets !Je verrai dans deux ans, si le titre a résisté au passage du temps !
RépondreSupprimerTu as sans doute raison.
Supprimerun très bon roman très bien construit, oui !
RépondreSupprimerJe ne sais pas s'il est très bien construit mais la tension va crescendo.
SupprimerJe le lirai un jour mais sans précipitation.
RépondreSupprimerC'est une bonne idée.
SupprimerJ'ai eu beaucoup de mal avec son premier roman et je n'ai aucune intention de me lancer dans celui-là.
RépondreSupprimerJe me souviens très bien de ton billet qui m'avait paradoxalement donné envie de découvrir les auteurs. Comme quoi les avis les plus enthousiastes ne sont pas toujours les plus incitateurs à l'ouverture du porte-monnaie.
SupprimerJe suis d'accord, ce n'est pas l'écriture du siècle, mais peut-être le sujet de notre siècle ;-) Marquée par ce livre, que j'ai vraiment, beaucoup, beaucoup aimé.
RépondreSupprimerJe comprends tout à fait qu'il marque mais j'avoue que moi, j'ai un peu peur de l'oublier assez vite.
SupprimerJe me souviens en lisant ton billet de Bord de mer de Véronique Olmi...une merveille !
RépondreSupprimerCelui-ci est tentant mais pas pour le moment.
J'ai lu deux romans d'Olmi (je crois que ce n'est pas pour moi) mais pas celui-là.
SupprimerJe trouvais que l'écriture dans la Jardin de l'ogre était le point fort du roman, parce qu'elle est sèche, un peu percutante, je verrai bien avec celui-ci du coup.
RépondreSupprimerL'écriture ne m'a pas frappée mais tu sais, c'est très subjectif.
SupprimerAh glagla je n'aime pas trop le thème, mais en te lisant, ça m'a fait penser à un passage du "Royaume" d'Emmanuel Carrère, où il évoque la nounou de ses enfants, un brin borderline ;)
RépondreSupprimerAh tiens, je ne me souviens plus de ce passage.
SupprimerDans la 1e partie, quand il raconte le temps de sa conversion. C'est une nounou américaine, ancienne beatnik semble-t-il.
SupprimerAh d'accord, j'avais oublié.
SupprimerPas du tout motivée par cette histoire, du tout, du tout !
RépondreSupprimerQue veux-tu, ce n'est peut-être pas du tout du tout pour toi.
SupprimerPas lu son premier roman (dans ma PAL en poche...) mais celui-ci me tente beaucoup !
RépondreSupprimerle premier me tentait aussi.
SupprimerAcheté hier et lu en 3heures. Ce livre est d'une écriture très efficace. On tourne les pages, à l'americaine. Je partage entièrement ton avis sur le fond ( comment écrire une histoire glauque sans l'être du tout) et sur la forme. Et tout comme toi je trouve que si c'est un bon livre, il ne valait peut être pas tous ces prix et notamment le Goncourt...
SupprimerNous sommes donc totalement d'accord. ;-)
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