jeudi 12 juillet 2018

La chute d'Albert Camus

Ce court roman de Camus est la confession d'un juge-pénitent, c'est ainsi qu'il se qualifie, à un inconnu rencontré dans un bar à Amsterdam. Le suicide d'une jeune femme qu'il croise sur un pont et son manque de réaction face à cet événement va faire basculer sa vie. Il va peu à peu passer son temps à s'accuser de tout devant les hommes qu'il rencontre, accusant ainsi l'humanité entière de toutes les fautes possibles. 
Ces confessions d'un homme du XXe siècle, se perdant dans l'amour des femmes ou plutôt dans l'amour de lui-même à travers l'amour des femmes ne sont pas sans rappeler celles de L'Etranger. C'est le propre d'une confession de n'exprimer qu'un point de vue et c'est souvent dérangeant. Ça l'est en tout cas dans L'Etranger. Ce roman-ci m'a semblé être l'inverse de L'Etranger dans le sens où il est bavard là où l'autre était froid. Mais allez-vous me dire à juste titre, comment un roman peut être moins bavard qu'un autre qui a le même nombre de pages ou presque ? C'est que dans un cas, me semble-t-il, nous sommes dans une confession en retenue, qui dit l'essentiel mais donc cache des non-dits alors qu'ici, tout me semble confessé. Difficile de dire d'un roman si connu et d'un auteur si réputé qu'ils nous ont déçue, et pourtant, pour être familière, j'ai trouvé que Camus ne s'était pas vraiment foulé sur ce coup-là. Il y va avec ses gros sabots, on peut appeler ça un conte philosophique si on veut mais moi, j'appelle ça un manque de finesse dans le genre donneur de leçon. Sartre, que je n'affectionne pas particulièrement, traitait à mon avis bien mieux du thème de la responsabilité de chacun. 

Publié en 1956 chez Gallimard- 153 p. en Folio.
A conseiller à ceux qui aiment broyer du noir. 

16 commentaires:

  1. Il y a tellement de nouveautés sans arrêt que je ne lis pas les classiques. J'en ai une caisse, mais je remets toujours leur lecture à plus tard.
    Bonne fin de semaine.

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    1. Moi j'ai l'impression que j'y reviens de plus en plus.

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  2. Je l'ai relu il y a 2 ans à Amsterdam... Ce n'est pas ce que Camus a écrit de mieux mais il permet de réfléchir à certains thèmes !

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  3. Je l'avais lu avec intérêt, je reconnais qu'il ne fait pas partie de mes lectures les plus marquantes de Camus, comme pour Les Justes, par exemple.

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  4. Et dire que mon mémoire de maîtrise portait sur ce roman de Camus, ainsi que sur "Les carnets du sous-sol" de Dostoïevski! Il y a de l'eau qui a coulé sous le pont. Je me demande si je serais capable de le relire un jour...

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  5. Camus renouvelle son écriture à chaque roman. Comme toi, j'admire le style de "L'étranger", sa concision et la force de ses métaphores. Ici, il exprime davantage d’angoisse et il critique avec ironie, par la bouche de son personnage, les fausses « grandes valeurs » sur lesquelles on fonde parfois sa vie ou son bonheur.
    Pour moi, c'est "La Peste" son roman le plus moralisateur, avec tout de même un beau personnage de médecin.

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    1. La Peste est très moralisateur mais il y a une sorte de parabole. Ce n'est pas tant la morale qui m'a gênée ici, que le manque de finesse.

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  6. J'avais bien aimé la Chute mais je l'ai lu il y a longtemps. Peut-être devrais-je le relire...

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  7. Une lecture qui ne m'avait pas marqué. La peste, en revanche, quel roman !

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  8. J'ai adoré "L'étranger", seul roman de Camus que j'ai lu, et je crois que j'ai celui-ci quelque part. Tu me refroidis...

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    1. Je n'ai pas adoré L'étranger mais j'apprécie l'exercice de style qu'il représente. Par contre, j'ai adoré ce qu'en a fait Daoud.

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