mardi 22 août 2017

Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain

Une forme de tyrannie sexuelle fédère les mâles de la famille même si Bobby est le moins atteint. Joe le père a ouvert la voie, et ses frasques acceptées sans broncher par leur mère, l'inoxydable Rose, ne sont pas pour rien dans la profonde misogynie que partagent les fils. 

Notre narrateur est professeur d'histoire contemporaine et il pense que la mort de ses parents, survenue à quelques années d'intervalle est liée à l'assassinat de Robert Kennedy. Le roman alterne les chapitres consacrés à l'enquête concernant la mort du père du narrateur, psychiatre renommé ayant été obligé de quitter la France pour le Canada et sa thèse concernant l'assassinat des deux Kennedy. 

J'attendais ce roman avec impatience parce que j'avais beaucoup aimé Avenue des géants du même auteur et que le thème était fait pour moi. Mais ma déception fut à la hauteur de mon attente, ce qui n'est pas rare. Marc Dugain peine cette fois à mêler habilement toutes ses intrigues, notamment l'Histoire et son histoire. Par exemple, son aparté sur les années hippies tombe, à mon avis, à plat. D'autre part, il avance, sous couvert de la thèse du narrateur, des théories qui mettent en cause deux présidents américains dont on se demande d'où elles peuvent bien sortir. Bien sûr, Dugain semble vouloir développer le thème du complot et de la paranoïa en les poussant à l'extrême mais comme on a déjà eu tant de versions différentes de cet assassinat, cela n'a pas eu pour moi grand intérêt. En fait, le lecteur finit par avoir l'impression que le meurtre de JFK, est finalement bien plus au centre du roman que celui de Robert, le titre est donc trompeur. Marc Dugain (sous couvert de son narrateur) assène des vérités générales dont je ne suis, par principe, jamais friande:

L'Amérique n'a jamais considéré l'amitié comme une valeur, elle ne se connait que des ennemis ou des vassaux et elle a inculqué à ses enfants la primauté de la relation d'intérêt, la seule qui vaille à ses yeux, en dehors de l'amour déclaré de sa famille sous la protection de Dieu et du marché, deux formes de divinités proclamées. 

Ce que j'ai malgré tout aimé, c'est la plongée dans la conscience de Robert Kennedy et son rapport à la culpabilité, l'idée qu'en se présentant aux élections présidentielles, il se savait condamné. Ce père de onze enfants a été élevé dans l'idée que l'amour et le sexe étaient deux choses bien différentes. C'est lui qui récupère la maîtresse de son frère, Marilyn Monroe, quand celui-ci se lasse mais c'est aussi lui qui console Jackie de son veuvage. Pendant quatre ans, ils vivront des moments très intimes jusqu'à ce que Bobby brigue la présidence. Ils décident alors de rompre pour éviter le scandale. Bref, c'est un personnage plus complexe que son frère, me semble-t-il et bien plus intéressant et le roman ne me semble pas à la hauteur de ce personnage. 

Publié le 17 août chez Gallimard- 400 pages. 

Merci à Jérôme, toujours attentif aux souhaits des autres. 

30 commentaires:

  1. Un auteur que je veux lire depuis longtemps, mais ce n'est pas encore fait ..

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    1. La malédiction d'Edgar ou encore mieux Avenue des Géants (mais le thème n'est pas pour tout le monde) te conviendraient peut-être.

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  2. Ah, il était dans ma (très très courte) liste d'envies (et sera à la bibli)

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    1. J'avais trois romans dans ma liste d'envie, il m'en reste deux. Et je me rends compte que j'ai sans doute moins de risques d'être déçue avec ceux que je n'attends pas.

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  3. Bon, je n'en ferai pas une priorité je pense...

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    1. J'aurais aimé donner avis de blogueurs mais je n'en ai pas trouvés. Ca viendra.

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  4. J'attendais avec impatience des avis sur ce nouveau titre, car j'aime beaucoup l'auteur qui jusqu'à présent ne m'a pas déçue, et dont j'ai apprécié notamment les romans à connotation historiques (La malédiction d'Edgar, ou Une exécution ordinaire, par exemple). J'avoue que tu m'as refroidie. Je vais sans doute prioriser la lecture de sa trilogie politique, qui est sortie en poche ...

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    1. Peut-être ai-je trop lu et vu de films sur les Kennedy pour apprécier réellement. Il y a de beaux passages mais ça ne m'a pas suffi.

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  5. Ah zut, dommage. Il faisait partie de ceux qui j'avais repérés.

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  6. Bonsoir Valérie, quel dommage, je l'avais noté dans les romans de la rentrée. J'avais beaucoup aimé la Malédiction d'Edgar (sur Hoover et le clan Kennedy). Je le note pas pour l'instant. Bonne soirée.

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  7. Flûte, j'avais adoré aussi Avenue des Géants. Second avis mitigé que je lis sur ce roman.

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  8. J'aurais tant aimé que tu y trouves ton compte, c'est vraiment dommage mais je reste persuadé que ce livre était bien mieux entre tes mains qu'entre les miennes.

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    1. Quoiqu'il en soit, je l'aurais lu car il me tentait beaucoup. Donc, merci et puis au-delà de l'envoi, c'est l'attention que tu prêtes aux commentaires que nous laissons sur ton blog qui m'a touchée.
      Il y a malgré tout des passages (pas assez nombreux mais ils existent) qui m'ont vraiment plu.

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  9. Oh c'est dommage parce que moi aussi ça me tentait bien cette lecture!

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    1. Peut-être te plairait-il. J'ai hâte de voir s'il figurera sur les listes de Prix.

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  10. Pas incontournable donc, on va attendre un peu !

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  11. Je ne connais toujours pas cet auteur que je vois souvent chez ma libraire ... bon, je prendrai Avenue des géants pour commencer. ;)

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  12. je l'ai dans ma PAL de rentrée, mais les critiques semblent partagées... Je n'ai encore rien lu de l'auteur je commencerai peut-être par "Avenue des géants" ou "L'empreinte"

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    1. Je n'ai pas lu L'empreinte mais Avenue des géants est très fort.

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  13. je n'ai lu qu'un roman de l'auteur, La Chambre des officiers et, depuis, je n'ai plus trop envie d'y retourner... oui, j'ai tort!

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    1. Ce n'est pas sur ce billet que je te dirai que tu as tort. ;-)

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  14. Dugain, j'ai adoré, sauf depuis qu'il s'est lancé dans les romans politiques... je me disais que je pouvais le retrouver dans celui-ci. Je ne vais pas me précipiter et attendrai qu'il soit à la bibliothèque. Avenue des géants, était un très grand roman !

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    1. L'ensemble de son oeuvre est inégale. C'est vraiment dommage parce qu'il est capable du meilleur.

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  15. C'est ma lecture actuelle. Pour le moment j'accroche !

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    1. Tant mieux! C'est bon signe parce que j'avais assez vite décroché.

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