jeudi 20 avril 2017

Celui qui va vers elle ne revient pas de Shulem Deen


Shulem Deen a grandi dans une communauté skver, l'une des communautés hassidiques les plus extrêmes. Ses parents, elévés eux comme des juifs modérés, s'y étaient installés avant sa naissance. A dix-huit ans, comme le veut la coutume, on lui présente sa femme qu'il ne verra que sept minutes avant le mariage. Ni Shulem et Gitty ne sauront quoique ce soit sur l'amour physique ou l'accouchement avant de se marier. Ils auront cinq enfants mais leurs relations oscilleront entre le cordial et la houle quand Shulem va commencer à s'ouvrir au monde. Tout commence par l’acquisition d'une radio, puis c'est l'escalade. Shulem n'aura de cesse de découvrir ce monde inconnu à travers la télévision, puis internet et de braver l'interdit qui consiste à ne pas poser de question sur la foi.
Ce parcours autobiographique est passionnant et il démontre, si besoin était, que l’extrémisme n'est pas l'apanage d'une religion. On découvre une vie dans laquelle chaque acte est codifié, même l'acte sexuel:
Tu devras aussi l'embrasser deux fois, avant et pendant l'acte.
Le parcours de Shulem est intéressant à de nombreux égards. Il nous montre ce qu'est la vie dans cette communauté, puis le parcours de celui qui perd sa foi mais aussi celui d'un hassidique qui peine à joindre les deux bouts et qui peut difficilement obtenir un emploi à l'extérieur de la communauté car leur culture est axée sur des savoirs devenus obsolètes, comme rédiger des contrats de vente du Ve siècle. Et puis, ce qui m'a beaucoup touchée, c'est la dernière partie, celle dans laquelle il a quitté sa communauté et qu'il doit tout apprendre, comment vivre seul d'abord et là, on parle de vraie solitude, sans parents ou amis et comment se comporter en société, ce qui passe d'abord par un apprentissage de la langue de tous les jours. Je ne vois vraiment pas comment on peut rester insensible à ce témoignage et je peux vous assurer que vous ne verrez pas les 400 pages passer. Pour info, le "elle" du titre fait allusion à l'hérésie. Keisha en a parlé aussi. 

Publié aux éditions du Globe en mars 2017. 420 pages. 

Merci à l'agence Anne et Arnaud et aux éditions du Globe. 
A conseiller à tous, absolument. 


29 commentaires:

  1. Ben oui, je m'étonne qu'on ne le voie pas plus sur les blogs, il se lit absolument sans problème, c'est passionnant!

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  2. Hyper intéressant ! Ça me tente beaucoup. Est-ce que c'est romancé ou c'est « juste » (!) une autobiographie ? Merci et belle journée.

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    1. C'est une autobiographie qui se lit comme un roman.

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  3. Bonjour Valérie, c'est le genre d'ouvrage qui m'intéresse. Cette communauté juive hassidique est effrayante. Comme on dit, il faut y être né. Merci pour l'info.

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    1. Jet'en prie. Ca m'a un peu rappelé un village mormon traversé dans l'Utah où je me suis sentie très mal à l'aise.

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  4. Et bien c'est noté ! Je vais tacher de le découvrir.

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  5. J'avoue que cette lecture me fait un peu peur mais vous êtes convaincantes Keisha et toi !

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    1. IL n'y a vraiment pas de quoi avoir peur de la lecture (même si la communauté en question a de quoi inquiéter).

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  6. ça fait froid dans le dos ! j'ai cotoyé de près quelqu'un qui a vécu jusqu'à l'âge de 30 ans dans une secte et qui en est sorti... non sans dommages :(

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    1. C'est à la fois effrayant et fascinant pour nous qui ne connaissons pas de l'intérieur ce genre de communauté.

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  7. J'ai "découvert" la communauté hassidique grâce à The Chosen (dont c'est le cinquantenaire cette année). Je note ce titre dont tu parles si bien.
    Ma sœur vient de me dire qu'elle le connaissait. Elle a d'ailleurs lu un livre sur le même sujet écrit par Deborah Feldman "Unorthodox: The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots".

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  8. C'est une lecture qui me tente beaucoup.

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  9. Tentant , mais j'ai peur que ce soit un peu trop culturé pour moi. L'extrémisme est toujours un fléau, et pas qu'en religion ou politique. Un beau sujet et certainement un fort témoignage.

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    1. Ce n'est pas un livre qui demande un effort intellectuel. C'est passionnant de bout en bout. L'auteur est très touchant dans ses questionnements sur sa foi.

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  10. Il me tente énormément, c'est un milieu que je connais un peu à travers la littérature (les livres de Chaïm Potok notamment) et j'ai vraiment envie de le lire! je viens de me le procurer en VO

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  11. Je viens de lire le billet d'Aifelle sur ce livre. Il montre que toute religion peut être dangereuse lorsqu'elle est fondamentaliste, lorsqu'elle refuse d'évoluer, de s'ouvrir aux autres,considère les femmes comme inférieures et prive ses membres de liberté. Un livre dont je note le titre. As-tu lu Hadassa? Un livre qui parle de l'éducation des filles dans ces milieux-là.

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    1. Je note, ça doit être un complément très intéressant à ce livre.

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  12. ça a l'air drôlement bien dis donc !! Je l'ai vu passer sur IG et le titre m'avait intrigué. Ton billet achève de me convaincre.

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  13. Tu me tentes!! ça fait un peu écho à mon voyage. J'ai croisé pas mal de Juifs hassidiques à Brooklyn, et ça m'a interpellée, enfin, surtout les femmes, leurs vêtements, la perruque etc... Du coup ça pourrait être une bonne lecture pour mieux comprendre.

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    1. C'est vrai, c'est un aspect de New-York que j'avais oublié.

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  14. J'aimerai beaucoup le lire, il a l'air passionnant d'autant plus que cela semble être un témoignage authentique. J'ai 'découvert' cette communauté avec "Hadassa" (l'as-tu lu ?) qui est très émouvant également ...

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  15. Deuxième avis enthousiaste sur ce roman. Je vais donc le noter.

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