J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos
Robert Desnos
Vous pourrez entendre ce poème, que j'aime beaucoup, lu par Daniel Mesguich, dans le livre audio publié chez Audiolib. Durée : 1h02- Publié en novembre 2016
Merci à Audiolib.
Merci à celle qui m'a initiée à la poésie qui n'était vraiment pas ma tasse de thé.
Merci à celle qui m'a initiée à la poésie qui n'était vraiment pas ma tasse de thé.
Je ne suis pas très poésie alors en livre audio j'aurais vraiment peur de décrocher !
RépondreSupprimerCe n'est pas non plus mon genre préféré mais j'aime beaucoup écouter de la poésie.
SupprimerQuelle bonne idée qu'une anthologie poétique ! Et j'adore ce poème !
RépondreSupprimerJ'aimerais qu'Audiolib ait la bonne idée d'enfaire une autre avec des poèmes plus récents.
SupprimerLe poème qu'un étudiant tchèque a retrouvé dans la poche de Robert Desnos quand il est mort du typhus dans le camp de concentration de Terezine ressemble à celui-ci. j'aime beaucoup les deux.
RépondreSupprimerJ'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
Effectivement, ces deux poèmes se ressemblent beaucoup. Merci pour ce partage.
SupprimerBeau poème, j'aime Desnos. Et sans doute à cause de l'ombre, j'ai pensé à la fin de "Photographie" d'Apollinaire :
RépondreSupprimerTon sourire m'attire comme
Pourrait m'attirer une fleur
Photographie tu es le champignon brun
De la forêt
Qu'est sa beauté
Les blancs y sont
Un clair de lune
Dans un jardin pacifique
Plein d'eaux vives et de jardiniers endiablés
Photographie tu es la fumée de l'ardeur
Qu'est sa beauté
Et il y a en toi
Photographie
Des tons alanguis
On y entend
Une mélopée
Photographie tu es l'ombre
Du Soleil
Qu'est sa beauté
J'aime beaucoup l'idée que d'un poème s'en dévident d'autres.
SupprimerJe ne suis pas familiarisée non plus avec l'univers de la poésie mais ça viendra peut-être un jour, qui sait ?
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