Ce que je sais maintenant, c'est que le secret tue plus que la vérité.
Automne 1977, Agnès Le roux, héritière d'une famille de gérants de casinos à Nice disparaît. Elle était jeune, riche, amoureuse; elle semblait avoir toutes les cartes en main pour être heureuse et pourtant, dans les semaines précédant sa disparition, elle avait fait deux tentatives de suicide. Elle ne réapparaîtra jamais et son corps ne sera jamais retrouvé. Assez vite, son amant, Maurice Agnelet est soupçonné. Il sera jugé plusieurs fois, déclaré coupable ou libéré faute de preuves et ce n'est qu'en 2014 qu'un rebondissement qu'on n'attend plus clôt l'affaire: le fils aîné de Maurice Agnelet qui avait toujours soutenu son père demande à être entendu et dénonce à la fois son père et le secret de famille qu'on l'a forcé à porter pendant toutes ces années.
Quand j'ai reçu cet essai dans le premier colis du Prix des Lectrices de Elle, j'ai pensé que parfois les coïncidences faisaient bien les choses. Adolescente et jeune adulte, je me suis passionnée par la disparition d'Agnès Le Roux et j'ai regardé un certain nombre d'émissions sur l'affaire qui me laissaient toujours avec un sentiment d'injustice (mais comment pouvait-on laisser libre cet homme qui ne pouvait qu'être coupable?) et de fascination; il y avait tout pour faire un roman dans cette histoire: une histoire d'amour, de manipulation, une héritière qui se rebelle contre sa famille et revend ses parts familiales à un homme proche des milieux mafieux, un meurtre sans corps et un homme dont les images et vidéos que je visionnais ne parvenaient pas à me faire comprendre comment il avait pu autant fasciner les femmes qu'il ne cessait de berner. Moi je le trouvais odieux et imbu de lui-même. Vous allez me dire que vous, vous ne connaissez pas vraiment l'affaire ou pas dans les moindres détails. Je vous répondrais que c'est sans doute encore mieux. Parce que si j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, je me suis un peu ennuyée au début justement parce que j'en connaissais les moindres détails. Mais juste un peu parce que Pascale Robert-Diard ne se concentre pas tant que les détails de l'affaire que sur ce long drame familial qui commence dès que Maurice Agnelet est soupçonné et qui ne se finira, en tout cas en ce qui concerne la justice, que plus de trente ans plus tard. La journaliste sait très bien rendre compte de la tension qui monte à la fois dans la famille Agnelet et dans le tribunal le jour où Guillaume décide de parler, culminant dans la confrontation, car on ne peut pas parler d'affrontement, entre les deux frères. Le lecteur comprend certains mécanismes légaux, et lire ce livre m'a parfois rappelé, voire appris des principes importants de notre justice. Par exemple qu'il faut une majorité de dix voix sur quinze pour prononcer une condamnation, Et puis, ne passons pas sous silence le style de Pascale Robert-Diard car du style, elle en a: L'échine de François Saint Pierre semble se creuser et s'assouplir comme celle d'un chat sous la caresse. L'exemple est d'autant mieux choisi que nous sommes dans le cadre de l'interrogatoire et que l'avocat dont il est question (personnage d'ailleurs très intéressant dans sa complexité d'avocat qui ne veut pas entendre ce que Guillaume a à lui dire puisque son seul rôle, comme il le rappelle, est de défendre le père) va tenter d'amadouer le fils et de le prendre dans ses filets. C'est un essai qui se lit comme un roman, avec un moment où on peut à peine reprendre son souffle tant la journaliste parvient à nous faire entrer dedans comme si nous le vivions, avec un temps mort juste avant, celui où les avocats des parties adverses se mettent d'accord et deviennent humains, sortant de leur fonction.
Un grand merci au jury de septembre du Prix Elle qui décidément à fait de très bons choix.
A conseiller à tous ceux qui intéressés par le fonctionnement de la justice.
Je ne sais de l'affaire que ce que j'en ai suivi dans la presse à l'époque, autrement dit pas grand chose. Tentant ce livre.
RépondreSupprimerJe me souviens encore très bien de l'émission Faites entrer l'accusé qui avait été conacrée à l'affaire.
SupprimerUn sujet intéressant, à lire ton billet.
RépondreSupprimer"Ce que je sais maintenant, c'est que le secret tue plus que la vérité" : je lis et relis cette phrase interpellante.
Elle est tellement vraie cette phrase. Quiconque a porté un secret de famille- même moins lourd que celui de la famille en question- le sait.
SupprimerJe viens de chez noukette qui est très enthousiaste aussi.
RépondreSupprimerJ'avoue que je ne me souviens pas particulièrement de ce fait divers.
C'est Framboise qui est enthousiaste mais tu me fais découvrir une comparse de prix Elle, et je lirai ses billets avec attention.
SupprimerJe n'avais pas remarqué que c'était Framboise.
RépondreSupprimerAyant moi-même écrit sur d'autres blogs que le mien, je suis assez vigilante là-dessus. ;-)
SupprimerPas vraiment un sujet qui m'intéresse. Il faut dire que je n'étais qu'un bébé en 1977 (enfin presque...).
RépondreSupprimerJe vais t'avouer qu'à 7 ans, l'affaire n'était pas ma priorité. Mais c'est bien après que cela m'a interessée.
SupprimerMême si je ne connais rien de cette affaire, ça a l'air passionnant.
RépondreSupprimerNon seulement ça l'est mais la journaliste a tellement de talent que ça se lit comme un roman. Il y a vraiment une scène d'un très haut niveau.
Supprimerça m'intéresse, il y a un film qui est sorti l'an dernier à ce sujet, tu l'avais vu?
RépondreSupprimerAh non, tu te souviens du titre?
SupprimerFramboise en a parlé sur le blog il y peu et elle aussi emballée que toi ! ;-)
RépondreSupprimerJ'ai vu ça.
SupprimerCe n'est pas un sujet qui m'intéresse à priori mais ce que tu en dis m'intéresse tout de même.
RépondreSupprimerCe fut une excellente surprise ce livre!
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