Février 1933: vingt-quatre industriels allemands se retrouvent autour d'Hitler. Ce sont les fondateurs d'empires qui nous sont familiers: Opel, Siemes ou BASF et ce jour-là, ils vont mettre la main à la poche pour financer le nazisme. Sans cet argent, sans doute, rien n'eût été possible pour Hitler. Eric Vuillard va ainsi décortiquer plusieurs scènes de 1933 à 1938, tentant de prouver que la somme de l'immobilité des uns et des autres a mené au désastre que l'on connait.
J'avoue qu'il est très difficile pour moi de comprendre les commentaires très enthousiastes que j'ai lus sur ce livre. Je me doute qu'il doit avoir de nombreuses qualités mais je pense que c'est tout le contraire de ce que j'aime en littérature. D'abord parce que je ne parviens pas à comprendre où se situe l'aspect littéraire du texte. J'ai l'impression que l'auteur nous énonce froidement des faits, qu'il fouille, certes, comme un excellent journaliste le ferait, avec une morale sous-jacente qui est que chacun est responsable de l'Histoire et que l'immobilisme face au Mal est coupable, c'est en tout cas la morale que j'ai perçue. J'ai parfois, même si très rarement, été intéressée par le sujet, comme par l'anecdote sur la photo recadrée de Schuschnigg qui change totalement la vision de celui qui y figure et par cette référence aux "suicidés" autrichiens des quelques jours précédents l'Anschluss, mais je n'ai jamais été emportée par le style, sans doute trop froid pour moi.
Je ne pense pas relire cet auteur. Pourtant, ça commençait bien avec cette belle phrase:
Je ne pense pas relire cet auteur. Pourtant, ça commençait bien avec cette belle phrase:
La littérature permet tout, dit-on. Je pourrais donc les faire tourner à l'infini dans l'escalier de Penrose, jamais ils ne pourraient plus descendre ni monter, ils feraient toujours en même temps l'un et l'autre. Et en réalité, c'est un peu l'effet que nous font les livres. Le temps des mots, compact ou liquide, impénétrable ou touffu, dense, étiré, granuleux, pétrifie les mouvements, méduse...
Publié en avril 2017- 160 pages. Dans le carré final du Prix Goncourt.
Merci aux élèves du lycée qui participent au Prix Femina des lycéens.
A conseiller aux amateurs de livres historiques, peut-être.
Je l'ai réservé à la bibliothèque, mais je suis loin d'être en tête de liste. Tu es un des avis les plus sévères que j'ai lus sur ce roman.
RépondreSupprimerEcoute, on m'a dit cette semaine que je "notais sévère, quand-même", alors que ça colle avec mon image. ;-)
SupprimerVuillard, il est comme ça. Je l'aime beaucoup. Même s'il faut parfois s'accrocher pour suivre.
RépondreSupprimerCe n'est pas vraiment une histoire de s'accrocher parce que c'est assez linéaire, je trouve. C'est juste que pour moi, c'est trop "froid".
SupprimerJe recherche aussi l'aspect littéraire d'un texte, un style froid et sans aspérités peut très vite me rebuter et m'éloigner même si le sujet m'attire. Du coup je passe sur ce titre... (et je n'ai jamais lu Vuillard)
RépondreSupprimerPeut-être que cet aspect littéraire existe mais je ne le perçois pas. Je suppose que chacun a sa conception de la littérature.
SupprimerCe titre ne m'attire pas, je soupçonnais en effet ces bémols que tu évoques. En revanche, j'ai lu Tristesse de la terre du même auteur, qui m'a beaucoup plu.
RépondreSupprimerEt qui n'a pas cette froideur?
SupprimerJe ne connais du tout cet auteur, seulement de nom. Ce n'est pas ce que je lis, je me concentre sur les romans, mais ça doit intéresser pas mal de monde.
RépondreSupprimerPar contre c'est pas lui qui a eu le Goncourt, c'est Alice Zéniter...hélas :D
Tu lis dans le marc de café, Pat? Les résultats sont lundi, je crois.
SupprimerJe n'ai encore jamais lu l'auteur et j'aime tout ce qui touche à l'histoire. On verra si je finis par me décider.
RépondreSupprimerEt je viendrai le lire, cet avis.
Supprimerpremier avis que je lis sur ce livre et contente de pouvoir le cerner, de loin, ce côté du carré:) ça ne me tente pas trop, à voir s'il va obtenir le St Graal!
RépondreSupprimerJe serais très intriguée s'il l'obtenait.
SupprimerJ'ai eu le même sentiment sur le précédent, comme quoi, tu me confortes je ne pense pas le lire ..
RépondreSupprimerEt moi, je ne pense pas le relire alors, parce que toi aussi, tu me confortes.
SupprimerUn auteur que je veux découvrir depuis longtemps. J'étais partant pour lire son roman sur Buffalo Bill mais je suis passé à autre depuis et je crois qu'il va être difficile d'y revenir.
RépondreSupprimerPour moi aussi, il va être difficile d'y revenir mais pour d'autres raisons.
SupprimerJe n'ai pas lu celui-ci, mais j'ai beaucoup aimé tout ce que j'ai lu d'Eric Vuillard ( et j'ai aimé ce qu'il a dit du rôle de la littérature lors d'une rencontre ). J'ai vraiment adoré Tristesse de la Terre, le ton n'était absolument pas froid et factuel, engagée et une certaine poétique dans les images. Et de l'ironie, de belles phrases dans La bataille d'Occident et 14 juillet. Bon, je sais que je lirai L'ordre du jour mais je sais aussi que je peux attendre.
RépondreSupprimer( sinon, Zabor est posé sur mon bureau :))
Ah Zabor est aussi posé sur mon coin de fenêtre! Je reviens vers toi bientôt!
SupprimerD'accord. Je n'ai pas commencé la lecture ( et je viens d'en commencer un autre, et puis tu sais, je suis lente ;) )
SupprimerJe le deviens aussi, lente. Mais parce que parfois, je savoure.
SupprimerJe te rejoins sur ton analyse Valéry L, sur l'art du roman qui devait être attrayant, avec des faits vraisemblables, mais pas forcément quantifiés ou très vrais. Sinon écrire alors un essai ou un document pour relater les faits tels qu'ils s'étaient réellement déroulés. Merci Valéry
RépondreSupprimerNous sommes très proches de l'essai pour moi ici, à mon avis. Mais ceux qui ont apprécié ce roman (et il y en a beaucoup, j'ai l'impression) ne seront pas d'accord.
SupprimerMais il est important et même plus de parler de ceux qui ont "fait" Hitler et qui ont continué sans être inquiétés à s'enrichir après la guerre même s'ils sont responsables de millions de morts.. Si c'était un essai, est-ce que le livre te paraîtrait plus intéressant ? Si oui,je le lirai comme tel !
RépondreSupprimerJe suis évidemment d'accord sur le choix du thème, c'est la manière de le traiter qui n'est pas pour moi. Si le roman était un essai écrit autrement, peut-être, oui.
SupprimerJe ne sais pas si je lirai celui-ci. Je n'ai pas accroché à Tristesse de la terre, mais ai lu avec beaucoup de plaisir 14 juillet. C'est plus qu'un thème me parlait plus que l'autre... Toutefois j'ai aimé 14 juillet en tant qu'objet littéraire, il y avait des trouvailles intéressantes, et pas seulement des faits alignés...
RépondreSupprimerJe note 14 juillet. Le thème de Tristesse de la terre ne me tentait pas.
SupprimerMoi j'aime bien le style journalistique et j'aime bien les livres sur cette périorde historique, je tenterai.
RépondreSupprimerIl a tout pour te plaire alors.
SupprimerSon précédent roman : 14 juillet, m'était tombé des mains. J'hésitais beaucoup à lire celui-ci, mais vu ton avis, je ne tenterai pas.
RépondreSupprimerJ'ai bien peur que ce soit l'auteur qui ne soit pas pour moi, et pas seulement ce titre.
SupprimerTu sais qu'il vient d'avoir le goncourt (je ris en imaginant ta tête), je pense qu'il pourrait me plaire dans la démarche (dès qu'il y a une recherche historique généralement je suis assez cliente), est ce que tu veux dire qu'il n'y a pas assez d'aspects romanesques?
RépondreSupprimerJe crois qu'effectivement, tu imagines très bien cette tête. Quand j'ai vu s'afficher la tête de l'auteur, mes épaules ont dû s'affaisser.
SupprimerIl n'y a pas de romanesque, mais ça ce n'est pas vraiment rédhibitoire pour moi si je trouve mon compte dans l'écriture.
Je pense que j'aurais eu peur dès la première phrase. Alors, si le reste est différent, ce récit serait peut-être plus proche de ce que j'aime.
RépondreSupprimerEcoute, je serais curieuse de lire ton avis.
SupprimerJe vais faire ma langue de vipère mais je suis très surprise du nombre de prix littéraires que reçoit cette année la maison d'éditions Actes Sud (je ne dis pas qu'elle ne le mérite pas mais en général, il y a un vrai trust des mastodontes usuels). Et je me pose cette question tout à fait anodine : la présence de la directrice de cette maison d'édition à la tête du ministère de la Culture aurait-elle une influence à ces résultats exceptionnels ? Je n'ai pas envie de lire ce roman, mais plutôt ceux des non lauréats (Haenel et Zenither). Deux Goncourt la même année sur la même période historique, je trouve cela tout much et d'un vrai manque de fantaisie ! Des bises
RépondreSupprimerJ'avais eu un échange avec Jérôme à ce propos, bien avant que les listes de prix ne paraissent et nous pensions qu'au contraire, cela amenuisait les chances de prix pour Actes Sud. Nous avions tort.
SupprimerEt il a eu le prix Goncourt donc mais tout de même controversé. Je ne l'ai pas lu. Vuillard y exploite une page d'histoire que l'on étudie en classe au lycée. Donc au niveau historique rien de neuf. L'important c'est qu'il lui donne une dimension littéraire et là, tu nous dis que ce n'est pas le cas. Alors je n'ai pas trop envie de le lire sinon à l'occasion en le prenant à la bibliothèque.
RépondreSupprimerJ'ai abandonné son livre "14 juillet". Je m'y ennuyais. Je ne vais donc pas me précipiter sur celui-ci.
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