- Par quelle voie se prend une femme? demande le cive-consul.
Le directeur rit.
- Quelle histoire, dit le directeur, vous êtes soûl.
- On dit qu'elle est très triste parfois, directeur, c'est vrai?
- Oui, ses amants le disent.
- Je la prendrais par la tristesse, dit le vice-consul, s'il m'étais permis de le faire.
Une jeune fille est répudiée par sa mère parce qu'elle porte un enfant. Elle prend la route et marche, marche, tenaillée par la faim. Cet enfant, elle ne veut pas le garder et va tenter de trouver un acheteur. Autre lieu, autre histoire, Anne-Marie Stretter, que nous avons déjà croisée dans Le ravissement de Lol V.Stein, rencontre le vice-consul, un être étrange avec un passé trouble dont l'administration ne sait pas bien que faire.
J'ai retrouvé ici le style parfois alambiqué de Duras. Il m'a même fallu relire une phrase pour la comprendre, comme si l'auteur voulait nous perdre dans le méandre de ses phrases, comme se perd la mendiante:
N'a-t'elle pas marché davantage avant de trouver le fleuve qu'elle n'a marché en le suivant pour retrouver le nord?
Ce désir de nous perdre par la plume me semble être au cœur du roman même. Si le titre semble mettre le vice-consul au centre de l'histoire, il ne m'a pas semblé plus important dans le roman que la mendiante ou Anne- Marie; si on sait qu'il a un passé trouble, on n'apprend rien de ce qu'il a fait, si Anne-Marie Stretter est si triste, on n'en comprendra pas la raison, tout comme on ne comprendra pas vraiment le lien qui semble se tisser entre elle et le vice-consul sans que rien ne se produise réellement. Et puis, il y a ces passages entre le vice-consul et le directeur qui m'ont laissée dubitative. Duras oppose avec talent les espaces infinis de l'Indochine que traverse la mendiante aux villes indiennes étouffantes dans lesquelles vivent ambassadeur et vice-consul. Je vais encore avoir besoin de quelques romans pour totalement apprivoiser son univers. Peut-être que ce roman est en fait un tableau fragmentaire d'impressions vécues par Duras lors de sa vie en Orient puisqu'il semble qu'elle ait été obsédée par la vision réelle d'une mendiante vendant son enfant.
Publié en 1966 aux éditions Gallimard.
Merci à Celle qui m'a prêté ce roman, merci aussi pour les échanges.
A conseiller à ceux qui aiment se perdre.
Un des roman de cette auteure qui ne me tente décidément pas.
RépondreSupprimerElle n'est sans doute pas pour tout le monde mais il me semble indispensable de la découvrir un jour.
SupprimerHoula...fuyons, le seul essai de lecture de Duras m'a fait fuir...et là c'est pareil...
RépondreSupprimerAh mais non, il ne faut pas fuir, il faut juste parfois s'accrocher un peu (et encore, avec Le Ravissement, je n'ai pas eu à m'accrocher, juste à me laisser emporter).
SupprimerJe ne sais pas si j'aime me perdre (dans Claude simon oui) mais Duras, je découvre encore : j'avais aimé un barrage dans le pacifique mais c'est ultra classique et j'avais bien aimé l'amant en revanche, je ne comprends rien à Lol vein stein et j'ai du mal à l'apprécier ( il faudrait peut-être que je le relise...
RépondreSupprimerMon premier fut Lol V Stein et j'ai adoré. Mon prochain sera La douleur, plus classique, je pense.
SupprimerTe voici enfin dans l'oeuvre de Duras ! Le personnage de la mendiante a une place de choix dans ma galerie littéraire.
RépondreSupprimerEt je ne compte pas en sortir avant un moment!
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