Ce couple-là se déchire très fort. Il ne sait pas vivre seul alors un soir, il décide d'inviter les voisins. Or les voisins, ce sont nous, les spectateurs. Nous allons donc assister, impuissants, aux déchirements de deux êtres dont le salut ne pourrait être que dans la séparation.
La mise en scène de Lorraine de Sagazan est originale. D'abord parce que les spectateurs sont en vis-à-vis, je faisais ce soir-là partie des spectateurs assis dans le fond la scène. Nous regardons donc les acteurs tout en faisant face à d'autres spectateurs. Disons-le tout de suite, si vous êtes un peu timides, évitez les premiers rangs. Parce que le spectateur est mis à contribution, il est encore plus difficile de voir certaines scènes, d'entendre certains mots sans réagir. On finit par se demander si c'est ce qu'on attend de nous: agir, laisser là l'habit du spectateur passif.
Si j'ai du mal avec les cris et les scènes trop proches de la folie, cela ne m'a pas empêché de réellement apprécier cette soirée. D'autant plus que moi, je savais des détails de mise en scène que ne connaissaient pas mes invités, parfois un peu crispés à l'idée d'être mis dans la lumière. Ce qui fut d'ailleurs intéressant dans l'échange qui suivit la pièce, ce fut d'entendre une dame expliquer qu'elle n'avait pas pu apprécier le moment, tendue qu'elle était à l'idée de devoir être mise à contribution. J'ai, quant à moi, beaucoup aimé que Lorraine de Sagazan fasse basculer le dogme, cette barrière mise entre les acteurs et les spectateurs. Je me suis demandée si tous les spectateurs avaient eu la même impression sur ce couple; pour moi, c'est l'homme qui contient la violence et la femme qui la subit.
Un grand merci à l'émission La Dispute qui a confirmé mon envie de voir cette pièc et à M. et N. qui m'ont accompagnée.
A conseiller à ceux qui souhaitent un peu de non-conformisme.
Vu au théâtre des 2 Rives de Rouen.
librement inspiré de la pièce de Lars Norèn
adaptation, conception et mise en scène Lorraine de Sagazan
avec Lucrèce Carmignac, Antonin Meyer Esquerré
librement inspiré de la pièce de Lars Norèn
adaptation, conception et mise en scène Lorraine de Sagazan
avec Lucrèce Carmignac, Antonin Meyer Esquerré
J'aime beaucoup ces « mises en situation »; je crois qu'il en faudrait plus dans les théâtres.
RépondreSupprimerJ'ai vécu une expérience similaire avec la pièce de Peter Handke : « Outrage au public » et j'en garde un souvenir impérissable... alors que j'ai oublié d'autres pièces vues dans le même théâtre.
Oui, c'est vrai, cela nous pousse à sortir un peu de notre zone de confort, mais cela permet aussi et surtout de faire pleinement ressentir les choses avec le corps, avec le coeur et non seulement avec l'intellect.
Je suis absolument d'accord avec toi. Je pense qu'à une époque, j'aurais détesté ça mais maintenant, j'aime bien être bousculée de temps en temps.
RépondreSupprimerj'en ai déjà entendu du bien, ça se confirme!
RépondreSupprimerC'est un metteur en scène que j'ai très envie de suivre.
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