Les choix inattendus appartiennent à une espèce rare. La plupart, même les plus désastreux, sont prévisibles.
Aganetha Smart est centenaire. Elle a perdu toute sa famille et vivote dans une maison de retraite jusqu'à ce qu'un jeune couple vienne la kidnapper. Que peuvent donc bien vouloir ces deux jeunes à Aggie, qui gagna en 1928 une médaille d'or aux jeux olympiques, sur le 88 mètres, juste avant qu'on ne décide que ce n'était pas une distance pour une femme et que la compétition ne devienne exclusivement masculine?
Ce roman est truffé de retours en arrière sur la vie d'Aggie et sur les liens avec les personnes importantes de sa vie: sa mère qui s'occupait des jeunes femmes célibataires enceintes, son frère George qui partit à la guerre, ses soeurs parmi lesquelles Fanny, celle dont elle était la plus proche pendant l'enfance, Glad qui fut à la fois sa rivale et sa meilleure amie. Et ce sont ces liens que j'ai préférés dans ce roman. Carrie Snyder nous rend tous ces personnages attachants. Leurs destins, tragiques parfois, nous touchent. Et ce destin de femme qui aurait pu être une grande sportive mais qui en fut empêchée par une décision arbitraires est intéressant. On n'a sans doute pas assez parlé de ce roman, je vous invite à faire un petit tour au Canada, à rencontrer Aggie et les siens et à vous rappeler que les femmes et le sport, ça n'a pas toujours été une évidence pour ceux qui prennent les décisions. Aggie n'arrêtera évidemment jamais de courir, ou pas avant de se retrouver en fauteuil roulant:
C'est à peine croyable le nombre de pensées que peut contenir un instant, le temps d'une ou deux foulées sur un circuit de gazon.
Elle devra aussi plusieurs fois aussi faire face à l'inégalité hommes- femmes, notamment lorsque les hommes reviendront du front et qu'il faudra que les femmes leur laissent les emplois qui avaient été les leurs en période de guerre. Et parmi les points réussis, on peut aussi parler du retournement final.
A conseiller à celles qui aiment les destins de femmes.
Merci à Cécile Coulon qui m'a donné envie de le lire en mettant en scène certains passages lors du festival Terres de Paroles à Louviers.
Trad. de l'anglais (Canada) par Karine Lalechère
Collection Du monde entier, Gallimard
Parution : 10-03-2016
Oui, on oublie trop souvent aujourd'hui cette invisibilité des femmes dans la sphère publique.
RépondreSupprimerLa citation par laquelle tu ouvres ton billet me laisse songeuse.
Elle m'a aussi laissée songeuse.
SupprimerUn livre dont je n'avais pas entendu parler - mais comme je m'intéresse, comme tu le dis, aux destins de femme, et que l'angle du sport est original, je te fais confiance et je note.
RépondreSupprimerMerci de ta confiance.
SupprimerTypiquement le genre de roman que j'apprécie, je ne l'avais vu nul part ni en librairie ni sur les blogs et j'aime bien faire de semblable découverte
RépondreSupprimerIl est injustement passé inaperçu, me semble-t'il.
SupprimerIl y a eu une rencontre pas très réussie avec l'auteure, à l'Armitière, visiblement c'était nettement mieux chez toi.
RépondreSupprimerLes deux prestations (celle de Cécile et celle d'un comédien) étaient très réussies) et l'entretien entre l'auteure et une journaliste le fut aussi.
SupprimerJ'ai assisté à plusieurs rencontres pas réussies à l'Armitière, je me méfie maintenant.
Jamais entendu parler de ce livre. Mais pourquoi diable la kidnapper cette mamie ?
RépondreSupprimerJ'aime les destins en général et de femmes en particulier.
La réponse est dans le roman. ;)
SupprimerJe me rends compte que je le conseille aux lectrices mais aux lecteurs aussi, bien sûr.
De toute manière 95% de la blogosphère qui parle de livres est féminine...ce qui me va très bien par ailleurs !
SupprimerJe ne connais pas ce livre, mais il a l'air d'avoir de nombreux atouts, le destin de cette femme m'intéresse.
RépondreSupprimerIl a effectivement bien des atouts.
SupprimerCe roman me semble tout à fait intéressant et propre à me plaire... Tu as raison de le conseiller aux lecteurs aussi, d'ailleurs ! ;-)
RépondreSupprimerIl m'arrive de les oublier un peu. ;-)
RépondreSupprimerTu le vends bien, et comme ce n'est pas systématique chez toi (loin de là même !), ça donne d'autant plus envie.
RépondreSupprimerComme je chronique moins de romans, j'ai tendance à me centrer sur ceux que j'aime.
SupprimerUne thématique fort intéressante, oui, et le pitch de départ est bien intrigant. Me voilà donc assez tentée !
RépondreSupprimerTant mieux!
SupprimerC'est vraiment le genre de livre que j'aime lire et découvrir!!
RépondreSupprimerEt j'ai hâte d'en savoir + lors de ma lecture !!!
Merci de la découverte et de ta chronique qui donne envie
Merci à toi, Laura pour ces mots gentils.
SupprimerJ'avais noté le roman suite à ton billet. Plus que 50 pages à lire... Et ça frôle le coup de coeur. J'adore la façon dont Carrie Snyder entremêle le passé et le présent. Toute une vie...
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