mardi 17 octobre 2017

L'art de perdre d'Alice Zeniter

Ce qui est écrit nous est étranger et le bonheur nous tombe dessus ou nous fuit sans que l'on sache comment ni pourquoi, on ne saura jamais, autant chercher les racines du brouillard. 

Ali vit très bien dans son Algérie natale. L'exploitation qu'il possède avec ses frères a considérablement grandi, les mettant à l'abri du besoin. Il n'y a aucune raison pour que cette situation change sauf que nous sommes au début des années soixante et qu'Ali va devenir un harki et connaître les camps de transit français, avant de tenter de trouver sa place dans une France qui ne veut ni de lui, ni de sa famille. Deux générations plus tard, sa petite-fille Naïma part sur les traces de ses origines, elle qui ne se sent pas algérienne pour deux sous. 

J'aime beaucoup ce qui se dégage d'Alice Zeniter, son charisme, son intelligence. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu lire ce roman, même si j'avais été déçue par le précédent et que Sombre Dimanche ne m'avait convaincue que dans sa première moitié. Je comprends que le thème de celui-ci soulève l'enthousiasme général, les romans sur les harkis et leurs descendants n'étant sans doute pas légion mais j'avoue ne pas avoir appris grand chose, ce qui ne serait pas un problème pour moi si la plume m'avait emportée. Ce ne fut pas le cas. Ce ne fut pas une lecture déplaisante mais j'en attendais sans doute trop, au vu de sa présence dans un grand nombre de listes de prix. Par contre, je suis ravie qu'il figure sur la liste du Goncourt parce que cela signifie qu'un certain nombre de lycéens vont le lire et découvrir l'histoire des harkis. J'ai malgré tout beaucoup aimé la fin, lorsque Naïma se rend en Algérie.
On a affirmé à ces hommes, enrôlés de force, complices parfois sans le savoir d'une guerre qui ne disait pas son nom, qu'ils étaient français. Depuis, ils ont perdu l'Algérie. Et on leur demande maintenant s'ils ne veulent pas - par hasard- renoncer à la France. Ils ne voient pas ce que ça leur laisserait. Tout le monde a besoin d'un pays. 
Une phrase de ce roman m'a fait bondir tant je suis en désaccord avec l'idée:
Les gens que l'on prend pour des salauds, souvent, sont des timides qui n'osent pas demander qu'on recommence à zéro. 

Un grand merci à Marjorie pour ce cadeau et pour la journée qui vînt avec. 
A conseiller à ceux qui aiment les sagas familiales. 
Prix Le Monde 2017. Flammarion- 510 pages- Sortie: août 2017

19 commentaires:

  1. Je viens de le finir, j'ai été emportée même si j'ai préféré la première partie à la seconde en France

    RépondreSupprimer
  2. J'ai toujours "sombre dimanche" dans ma PAL, je vais en rester là pour le moment. J'ai l'intention d'aller l'écouter à l'Armitière, le mois prochain.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais prévu d'y aller si j'avais aimé le roman. Ce ne sera donc pas le cas. Tu as dû aller voir Gilles Marchand aujourd'hui (pareil, j'y serais allée si j'avais aimé).

      Supprimer
  3. j'ai un avis quasi identique, un livre intéressant par son sujet mais j'en trouve le traitement un peu trop plat dommage

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah c'est intéressant car en cherchant, je n'ai trouvé que des avis très enthousiastes.

      Supprimer
  4. Des avis très contrastés sur ce roman. Je vais devoir me faire mon avis et le lire (trop dur....)

    RépondreSupprimer
  5. Il me semble qu'on le voit partout ce livre, et je suis heureuse de lire ton avis plus modéré. Toujours pas tentée, et ce qui m'agace, c'est que le sujet semble l'emporter sur le littéraire ( comme souvent ), alors qu'il s'agit d'un roman. Je lis aussi que c'est " exceptionnel " un livre sur les harkis, ben non, il y a des publications régulières, ils apparaissent dans les romans ( surtout depuis la deuxième génération ) mais ce sont des livres dont on parle moins, qui ne sont pas médiatisés rentrée littéraire-course aux prix ( lecture en dernière date, un roman de Michel Quint chez Phébus de l'année dernière )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue que j'ai peu lu de romans sur les harkis mais comme tu le dis, il faudrait peut-être que je sorte des sentiers battus.

      Supprimer
  6. Je ne suis pas sur de comprendre la dernière phrase...une auteur à qui j'ai donné une seconde chance, mais ça s'arrêtera là, donc je ne lirai pas celui-ci. C'est trop intello comme style d'écriture, ça manque de vérité et de tripes...par contre, le Goncourt, je le sens bien...très bien même.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La dernière citation? Elle me paraît plutôt limpide, non?
      Moi je ne le sens pas le Goncourt, mais nous verrons.

      Supprimer
    2. Je voudrais que ce soit Olmi...oui mais si tu regardes depuis 10 ans ou du moins les 5 dernières années, ils alternent chaque année entre un livre intello (mais qui marche bien) et un livre populaire...l'année dernière c'était populaire...à suivre donc !

      Supprimer
  7. J'adore le titre. Pour ce qui est de le lire, c'est une autre histoire...

    RépondreSupprimer
  8. pas trop tentée malgré de nombreux avis positifs.

    RépondreSupprimer
  9. Tu es le premier avis un peu plus tempéré que je lis. Je commençais à me laisser convaincre de lire (c'est fou la force des avis élogieux...^^) et je pense que je le ferai pour son sujet, mais sans m'attendre au livre du siècle et sans sentiment d'urgence.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est effectivement ni le livre du siècle, ni de l'année.

      Supprimer

Moi par (six) mois

En juillet, je publiais ici le résumé des six premiers mois de mon année. Il fallait bien une suite, la voici donc. Une suite, mais aussi ...