En Afrique, le temps polit les histoires à l'aide de mots merveilleux.
Retrouver Jean Hatzfeld et ses écrits sur le Rwanda faisait partie de mes attentes de rentrée, ce fut d'ailleurs ma première réelle envie de la rentrée littéraire. C'est avec mon avis sur La Stratégie des antilopes que j'ai été sélectionnée pour être jury du prix Elle pour la première fois. Je me souviens du choc à la lecture de ce livre, je me revois, sonnée, le dévorant dans ma voiture. Une saison de machettes fut moins un choc parce que je m'attendais à ce que j'allais lire, mais la froideur du témoignage des hutus m'avait glacée. Dans ce nouvel opus, Jean Hatzfeld se penche sur les enfants des victimes et des bourreaux. Nous sommes donc moins au coeur de l'horreur, la distance nécessaire aux enfants pour survivre aux horreurs nous est bénéfique. On apprend comment l'école tente d'apaiser les tensions, expliquant le génocide sans pointer du doigt les uns et les autres, sans jamais mettre de noms sur les bourreaux. Le fils d'un ancien détenu hutu a un discours très intéressant sur la disparation voulue par les autorités rwandaises du concept d'ethnie, disparation vouée à l'échec dans un pays africain, parce que l'ethnie, c'est l'identité. Une rescapée tutsi évoque le pouvoir de la photo, le meilleur rempart contre le négationnisme. On suit aussi les pensées de ces filles enfantés par des monstres et qui semblent tellement mûres quand elles en parlent.
Bien que ce ne soit pas mon essai préféré dans cette série sur le Rwanda, je ne peux que vous recommander ce titre. Je suis aussi heureuse qu'il ait été sélectionné pour le Prix Goncourt car cela signifie que les lycéens participant au Prix Goncourt des lycéens ont écouté ce grand homme parler du génocide et cela promet de très beaux moments.
Publié en août 2015 chez Gallimard.
A conseiller à absolument tout le monde.
Merci à la librairie Dialogues.
Titre glaçant pour ce douloureux sujet. Les identités meurtrières...
RépondreSupprimerOui, c'est une série dure. Mais parfois, il faut affronter la cruelle réalité.
SupprimerJe n'ai encore jamais lu cet auteur, comme bien d'autres... je me suis fait une liste d'auteurs du monde entier pour pallier mes lacunes, par pays. Hatzfeld, je l'ai choisi pour le Rwanda, un des rares auteurs choisis donc alors qu'ils ne sont pas originaires du pays. Mais je le pense bien placé pour en parler et ton billet confirme cette opinion.
RépondreSupprimerAh il en parle magnifiquement. C'est pour moi un excellent choix.
SupprimerJe compte bien découvrir Hatzfeld bientôt. Par quel titre me conseilles-tu de commencer cette traversée?
RépondreSupprimerLa stratégie des antilopes est le plus fort.
SupprimerUn auteur que j'apprécie particulièrement. Et la thématique de cet opus m'incite à m'y plonger au plus vite.
RépondreSupprimerJe l'apprécie et l'admire beaucoup aussi.
SupprimerJ'ai lu "la stratégie des antilopes" et j'avais été très marquée par ce livre. Je m'étais promise de relire l'auteur et l'occasion de s'est pas présentée. Merci pour la piqûre de rappel.
RépondreSupprimeron ne peut pas oublier ce titre. C'est pour moi un livre indispensable.
SupprimerJe recule depuis des années la lecture d'une saison de machettes, mais je me demande si finalement, je ne devrait pas commencer par "La stratégie des antilopes" ... En tout cas, je te rejoins, c'est un auteur passionnant, j'ai eu quelques fois l'occasion de l'entendre sur le Rwanda, notamment.
RépondreSupprimerLa stratégie des antilopes est à mon avis le meilleur.
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